COMPAGNIES AUTONOMES DE RESERVE ALGERIENNES
 
( C.A.R.    ou    C.A.R.A. )
 
 
              "Ces unités sont créées le 1er octobre 1954, très légères d'environ 90 hommes, portées par des véhicules rapides et dont le rôle était l'intervention accélérée en n'importe quel point du territoire. On ne peut mieux comparer ces Compagnies autonomes qu'aux C.R.S., tels qu'ils sont employés en France métropolitaine. En effet, ces compagnies étaient prévues également pour porter secours en cas de cataclysme et c'est ainsi que la première compagnie formée à Hussein-Dey participa aux opérations de sauvetage lors du séisme d'Orléansville en septembre 1954". (Source :  Freddy Tondeur) .
 
                  "On se souvient, que dès l'apparition en 1952 des premiers symptômes sérieux du nationalisme algérien, les autorités avaient pu faire la constatation de l'insuffisance des moyens dont elles disposaient pour faire face aux troubles qui pouvaient en résulter. Cette insuffisance coïncidait au surplus avec une pénurie d'effectifs militaires qui confinait à l'indigence, l'essentiel des troupes habituellement stationnées en ALGERIE ayant été envoyé en TUNISIE et au MAROC ou la situation s'était depuis longtemps détériorée.
                 A  cette époque l'envoi de quelques CRS à la demande du gouverneur avait donc d’avantage pour but de marquer cette absence de moyens que d'y porter remède. On sait combien l'organisation de nos unités et leur mobilité avaient impressionné  les autorités d'emploi qui estimèrent dès lors souhaitable la création de formations de police aux possibilités semblables......"
                  ".....Le Journal Officiel de l’Algérie nous apprend le 1er octobre la mise sur pied d'une formation de police de réserve comprenant un certain nombre de Compagnies Autonomes de Réserve (C.A.R).
                Il s’agit de détachements de police Mobile, pourvus de moyens automobiles et de matériels légers leur assurant une autonomie suffisante pour leur permettre d'effectuer de courts détachements ; leurs effectifs théoriques sont cependant de moitié inférieurs à ceux de nos Compagnies.
               L'évolution de la situation va d'ailleurs imposer rapidement des considérations nouvelles, et conditionner dans une large mesure l'existence de cette formation de réserve dont quatre Compagnies seulement auront été créées vers la fin 1955....."  (Une dizaine de C.A.R. étaient prévues)
 
                     "....Quatre Compagnies Autonomes de Réserve ont été constituées depuis 1954. Sur les instances du Directeur de la Sûreté Nationale et des Préfets, et après avoir moi-même constaté les faiblesses de ces unités, j’ai du renoncer à leur maintien.
….. Les événements du 6 février, ainsi que le souligne notamment le Préfet d’Alger, dans son rapport du 13 février 1956, ont prouvé qu’elles ne peuvent jouer le rôle d’une police impartiale. Recrutés en Algérie, leur personnels partagent trop intimement les sentiments des populations et sont de ce fait, extrêmement sensibles aux pressions politiques. Celles ci d’ailleurs sont d’autant plus insidieuses que la police accomplit dans les circonstances actuelles des missions vitales.
….. Après ces considérations, il importe de relever que la formation de réserve a perdu sa raison d’être ».
  
                 Le Ministre explique ensuite que depuis l’intégration des fonctionnaires de police d’Algérie dans la Sûreté Nationale, et la création de CRS organiques en Algérie il apparaît, que du point de vue du maintien de l’ordre il n’y a pas d’intérêt à maintenir deux formations identiques pour poursuivre en ces termes :
….. L’expérience a prouvé que dans une conjoncture semblable à celle que nous connaissons, l’unité de commandement et la cohésion des moyens doivent toujours être recherchés. Déjà les Compagnies Autonomes de Réserve sont passées par nécessité sous l'autorité du commandement opérationnel des CRS. Il reste à compléter la réforme par une fusion de ces compagnies dans les CRS organiques.
….. J’attribue d’autant plus de prix à cette unification, que les compagnies républicaines de Sécurité se présentent comme une force de première valeur, très appréciée dans les circonstances actuelles où il est essentiel de disposer de moyens éprouvés, capables de s’adapter aux situations les plus variées. Loyales, disciplinées, encadrées par des chefs confirmés, fortes d’une expérience acquise au contact des foules, les CRS offrent toutes les garanties d’une police aguerrie. Depuis le début des troubles, l’ordre public dépend essentiellement de ces formations, dont les autorités d’emploi se plaisent à souligner la remarquable organisation.
….. Je vous serais donc très obligé de bien vouloir multiplier le nombre des compagnies organiques algérienne selon le plan ci-joint, qui tient compte des demandes formulées par les Préfets. J’affecterai bien entendu à la réalisation de ce plan, dès le 1er avril, tous les crédits de personnel et d’équipement initialement prévu au budget algérien pour le développement de l’ex-formation de réserve.
….. Enfin, pour appuyer ces premières mesures, je pense vous saisir prochainement dans un projet de décret portant dispositions d’ordre budgétaire, d’ouvertures de crédits relatives au logement des personnels.
 
                  En résumé, le Ministre Résidant propose, pour remplacer la formation de réserve qui sera dissoute le 1er avril :
-      La transformation des quatre Compagnies Autonomes de Réserve (CAR) en deux Compagnies Républicaines de Sécurité (CRS) ;
-      La création progressive de dix CRS organiques et de quatre commandements de groupement avec les crédits prévus au budget de l’Algérie pour vingt Compagnies Autonomes de Réserve.
                  Cette prise de position assortie de l’importante décision de renoncer à la constitution des CAR marque un tournant, et fera évoluer rapidement le projet d’implantation en Algérie de CRS organiques.
                  Celle ci recueille l’approbation du Ministre de l’Intérieur, en dépit des problèmes financier et de personnel que ne manquera pas de poser la réalisation. A cet égard, il est évident que la mise sur pied d’un nombre aussi élevé de compagnie supposera en dehors des évaluations budgétaires, une participation importante des CRS de métropole en personnel d’encadrement, de même qu’un apport conséquent de personnels d’exécution pour permettre aux nouvelles unités d’avoir un équilibre et une cohésion suffisante pour éliminer dès le départ, les malformations qui avaient fait des CAR des unités inutilisables.
                   Le 29 mars 1956 un arrêté du Ministre Résidant confirme la dissolution de la formation de réserve.
                   Dès le premier avril la transformation des quatre CAR permet d’installer la CRS 193 à Alger et la CRS 194 à Bougie. Il faudra attendre le mois d’août pour voir de nouvelles implantations d’unités.
 
                                                                  (Source : Extraits du document réalisé par René Spack sur les CRS en Algérie)