ATTENTAT  D'ORLY
 
19 janvier 1975
 
Extrait du livre de Robert Pinaud "Soldats sans victoires" édition "Garancière"
 
 

"......le 19 janvier 1975 à Orly-Sud, un groupe de terroristes, se réclamant du « Front démocratique pour la libération de la Palestine ., a choisi pour objectif un avion de la compagnie israélienne "El-Al".

Alors que cet appareil, un « Boeing 747 », démarre en direction des pistes, le groupe ouvre le feu sur lui à partir de la terrasse de l'aéroport.

La C.R.S. 52 de Sancerre est en service de protection à Orly en cette période. Un gardien, Jean-Pierre Pinault, se trouve, à ce moment-là, assez près du lieu d'où semblent provenir les coups de feu. Il se précipite, gravit très rapidement les escaliers situés à l'extrémité ouest du hall, tout en dégainant son arme...

Arrivé sur un petit palier, trois marches en dessous de la terrasse, il voit un terroriste, en position accroupie, qui tient à deux mains un pistolet automatique de gros calibre, avec lequel il fait feu sur le Boeing. Le tireur se présente « de trois quarts dos au gardien...

Ça n'est pas facile d'ouvrir le feu sur un homme qui vous tourne le dos ! Même dans un cas de légitime défense d'autrui ! Pinault pointe son arme sur lui, mais, la gorge sèche et l'estomac noué, il ne presse pas la détente, comme fasciné par une situation qui lui paraît durer une éternité.

Le tireur a perçu une présence hostile derrière lui. Pivotant prestement sur ses talons, il ouvre le feu, au jugé, sur le policier. Celui-ci, incrédule, ressent immédiatement une vive brûlure à l'aine. Sa vue s'embue... Sa tête perçoit d'étranges résonances... Il s'écroule sur les marches... Son pistolet, qui n'a pas servi, lui échappe et part en cascadant dans l'escalier.

Cependant, Pinault n'a pas perdu connaissance, il entend rouler sur le dallage de la terrasse un objet qui, de toute évidence, a été lancé vers lui... Il s'agit d'une grenade !

Le gardien est inerte, ses réflexes ne fonctionnent plus. Ses muscles ne répondent plus. Il est assourdi par une formidable explosion !...

Fort heureusement, le mécanisme de mise à feu de la grenade s'est déclenché avant que cette dernière n'ait commencé à dévaler l'escalier. Jean-Pierre est ainsi épargné par les éclats...

Aux étages inférieurs, c'est l'alarme !

Les éléments de la 52 se précipitent. Le combat s'engage.

Les rafales d'armes automatiques, les explosions de grenades et les coups des armes de poing se font entendre à tous les échos... La fusillade est intense... Les employés, les voyageurs, les visiteurs de l'aéroport, affolés, courent en tous sens.

L'un des terroristes, blessé à la jambe, gît sur le sol. Ses complices sont cernés par le groupe de poursuite du brigadier-chef Lesourd qui les a acculés dans un ensemble de W-C et de lavabos. Tout mouvement leur est désormais interdit.

Là-haut, sur la terrasse, on a découvert et évacué Jean-Pierre Pinault. Il est très sérieusement atteint. Sa jeunesse l'aidera à se tirer d'affaire...

Un brigadier tente une avance en direction des assiégés, mais il essuie un coup de feu qui ne l'atteint pas.

Couvert par ses collègues, le chef Lesourd et deux de ses hommes réussissent à pénétrer dans les toilettes « dames » et à ramener saines et sauves les personnes qui s'y trouvent : trois femmes et un enfant, qui sont immédiatement dirigés vers le hall d'arrivée. Continuant sur la lancée, Lesourd et ses gars se rapprochent subrepticement des toilettes « hommes »... pour en finir...

C'est alors que des voix blanchies par la peur s'élèvent : « Ne tirez plus ! Ne tirez plus ! Nous sommes pris en otages ! Ils veulent nous tuer !  Ces supplications sont ponctuées d'un coup de feu tiré par l'un des terroristes...

Le capitaine de la 52 ordonne de cesser le feu, mais de tenir la position pour s'opposer à la fuite du commando. Il a fait venir un fonctionnaire de sa compagnie qui parle arabe. Les premières tractations commencent... Une enveloppe est jetée sur le sol. Elle confirme les exigences énoncées verbalement.

Maintenant les autorités sont arrivées. Michel Poniatowski, le ministre de l'Intérieur, est sur place. Les formations spécialisées sont également là. La presse aussi... Le rôle de la C.R.S. est terminé. Elle reprend ses occupations normales...."