Discours de Louis-Jean Dierstein

 

Pour le 50° anniversaire des C.R.S. - le 8 décembre 1994
 
 
Monsieur le Préfet, Commandant,
Mesdames et Messieurs les invités, chers collègues.
 
Ex Chef de Section de la C.R.S. 58, Mle 070 511, entré dans la Police Nationale le 16/12/1942, affecté au G.M.R. monté du Lauragais à Toulouse et unité précurseur des 70 C.R.S. créée le 8 Décembre 1944. Je suis donc ancien parmi les autres ici présent.
 
Nous regardons avec fierté et satisfaction cette formation d'élite de la Police Française. Car d'anciens militaires, nous avons réussi à faire des presque parfaits fonctionnaires.
Finis les plantons armés de mousquetons à l'entrée du cantonnement.
Finis les guêtres en toile grise, blanchis au blanc d'Espagne pour les défilés en armes.
Finie la capote teinte en bleu-roi avec ceinturon et boudrier militaire.
Finies les grenades lacrymogènes en verre, distribuées dans des boîtes en carton, dans les poches de manteaux, qui dans les bousculades des interventions, s'écrasaient sur nos cuisses et nous étions les premiers à en pleurer.
Finis les déplacements dans des bâtiments militaires désaffectés ou des écuries abandonnées avec pour couchage un sac de paille et une couverture pour se chauffer.
Finies les semaines de 96 Heures avec 48 Heures de garde d'affilées.
Finis les déplacements en chemin de fer. Huit par compartiment de 3° Classe, avec armes et bagages, assis pendant des heures sur les bancs de bois.
Finis les abandons de trains, des nuits entières sur une voie de garage, en plein hiver, sans lumière ni chauffage, après avoir été copieusement tamponné par des cheminots bien intentionnés.
Finis les déplacements sur des centaines de kilomètres en H.S récupérées sur l'AFRIKACORPS de Rommel. Un camion par brigade avec ravitaillement, armes et bagages. Assis face à face, sur les banquettes en bois, avec comme paysage quand les bâches arrières étaient levées, le camion qui nous suivait et la poussière et relent de gaz de celui qui nous précédait.
Finis les déplacements de trois mois à répétition pendant les 8 ans d'interventions en Algérie.
 
Aujourd'hui vous êtes logés dans des cantonnements bien organisés, voire à l'hôtel.
Vous voyagez à bord des cars très bien aménagés, en tenue, armements et matériels sophistiqués.
Depuis 50 ans, nous sommes les piliers, sur qui repose la Démocratie de la Nation Française.
Depuis 50 ans et quelle que soit la couleur des gouvernements, nous défendons avec fermeté les lois républicaines de notre PAYS.
Cependant, et même pour les autres formations de la Police, nous restons "Les indispensables mal-aimés".
N'oubliez pas que vous êtes les héritiers de vos prédécesseurs, et maintenant la Providence de ceux qui vous suivront.
Vous avez le devoir, par les missions qui vous sont confiées de transmettre le flambeau de la fermeté impartiale dans vos engagements, afin d'obtenir de la population toute entière, l'estime et le sentiment de sûrs protecteurs du droit à la Liberté, si chère à chacun, au fond de son cœur.
Voilà le message que nous, les anciens, souhaitaient vous passer ; et merci de m'avoir écouté.
 
   L-J D.