EDOUARD  HERRIOT
(Source : Wikipédia)
 
Le 10 juillet 1940, Édouard Herriot, qui avait pesé de tout son poids politique pour tenter d’empêcher le recours à Pétain, fait le choix de l’abstention.
Désormais président d’une Chambre fantôme, il est révoqué de son mandat de maire de Lyon le 20 septembre 1940 et condamné à une quasi-impuissance politique.
Sa volonté affirmée de défendre malgré tout l’institution parlementaire et les principes républicains est à l’origine d’un processus de privation progressive de libertés qui aboutit à sa déportation en Allemagne.
D’abord retiré volontairement dans sa résidence iséroise de Brotel jusqu’en 1942, il mène avec Jules Jeanneney, le président du Sénat une « résistance légale » et manifeste publiquement son opposition au régime, conduisant les autorités de Vichy à l’assigner officiellement à résidence, avant de le faire arrêter et incarcérer à Évaux-les-Bains (Creuse).
Après un dernier déjeuner à Matignon avec Laval et Otto Abetz, il est arrêté le 17 août 1944 et reconduit par la gestapo dans un premier temps à Maréville près de Nancy puis dans un sanatorium proche de Potsdam.
Cette itinérance carcérale typique des parlementaires républicains emprisonnés par Vichy se double d’un processus de privation graduelle des libertés politiques et civiques.
Cet itinéraire original est analysé en suivant deux axes. Le lien de causalité entre l’activité politique maintenue par Herriot et la privation progressive de ses libertés est interrogé afin de déterminer dans quelle mesure la « résistance passive » d’Édouard Herriot est à l’origine de son arrestation puis de sa déportation.
La correspondance entre itinérance carcérale et parcours de privation des libertés permet de mettre en lumière l’utilisation de l’incertitude géographique et de sa mise en scène par le système répressif vichyste.