BIOGRAPHIE  DE HENRI  DUPUY
 
 
Né le 05 juin 1920 à Thiviers  (Dordogne)
 
 
Policier, gardien de la paix au commissariat de Périgueux (Dordogne) après être passé dans les Groupes Mobiles de Réserve (GMR) du Limousin (16 février 42) et du Périgord (16 juin 1942).
 
Témoignage de Henri Dupuy   gardien de la Paix  GMR du Périgord.
( reconnu en tant que "juste"par l'institut Yad Vashem )
 
Périgueux.
C'est la guerre. L'occupation. La ville est verrouillée. Il est difficile d'y entrer et d'en sortir. Elle est remplie de soldats allemands et de miliciens français. Je viens d'épouser Raymonde. Ses parents logent une famille juive : la famille Gruska. Je n'ai pas de travail alors je passe un examen en 1942 et je rentre dans la police. Tout simplement. Je ne veux pas partir en Allemagne comme tous les jeunes de mon âge. Avec ma femme nous habitons chez ma mère. Je suis de mèche avec le maquis "La Feuillade". Régulièrement, avec Raymonde et ma mère, nous hébergeons des maquisards pendant deux ou trois nuits lorsqu'ils viennent de faire un coup de main, le temps que les Allemands se calment... Raymonde les aide à entrer et à sortir de la ville. Dans mon commissariat, toute l'équipe appartient à la résistance. Je passe mon temps à guider les maquisards qui ne connaissant pas bien la ville, le soir, lorsque le maquis choisit une cible. Ils circulent ainsi sous la protection de mon uniforme.
Le 10 novembre 1943, le maquis attaque le quartier général de la police allemande à Périgueux ; le 10 novembre 1943 une opération de représailles est montée contre les juifs qui vivent dans la région : 350 juifs doivent être arrêtés pour être déportés à Auschwitz. Les agents de la Gestapo avec les SS se présentent au domicile de la famille Gruska à l'heure du petit déjeuner. Le père, la mère et les trois fils sont à la maison, seule Elsa, la fille aînée, est absente.
Tout se passe chez mes beaux-parents : les Allemands arrêtent toute la famille, et quand ils descendent les escaliers le fils aîné, Willy, prend sa valise et l'envoie sur la tête de l'Allemand qui dégringole les escaliers. Pendant ce temps, le plus jeune, Marcel, qui a 5 ans, se cache sous le lit de mes beaux-parents, et les deux autres passent par la cuisine, sautent dans le jardin et se sauvent. L'Allemand se retourne et au lieu d'ouvrir la porte avec le loquet, tape à coups de crosse et démolit la porte. Les enfants sautent le mure du jardin et s'enfuient.
Leur mère, la pauvre Mme Gruska est impotente et ne peut fuir. Son mari réussit à s'échapper mais revient pour se rendre lorsqu'il réalise que sa femme est tombée aux mains des Allemands. Ils seront déportés avec l'idée que leurs enfants étaient saufs. Ce sera sans doute pour eux un grand sentiment de réconfort. Dans les jours qui suivent, une dame à la préfecture nous fait des faux papiers : la fille, ma mère la met dans une école religieuse. Le plus petit, Marcel, nous l'envoyons aux enfants assistés ; les deux autres sont rebaptisés Leroy, avec tous les papiers nécessaires, et sont placés chez des agriculteurs à la campagne.
En mai 1944, ma couverture devient trop risquée. Je rejoins le maquis Roland. Au début nous ne sommes pas très nombreux et puis au fils des semaines qui suivent le débarquement, les "volontaires" affluent... Peu après, nous sommes dénoncés. Les Allemands nous attaquent et tuent deux policiers maquisards. Mon maquis se disperse ; j'en rejoins un autre à Saint-Alver en Dordogne... J'y retrouve Willy Gruska, le fils aîné des déportés, qui entre temps a lui aussi pris le maquis...
 
http://www.ajpn.org/juste-Henri-Dupuy-990.html
 
Notice
 

Hélène Dupuy, veuve de Fernand, vit avec Henri son fils de vingt-deux ans et sa belle-fille Raymonde. Sa maison est le point de ralliement des groupes de résistants. Elle y cache des fugitifs, des Juifs qu’elle sauve des rafles. Elle leur fournit des faux papiers que se procure son fils, Henri.
Henri appartient au réseau de l’Armée secrète et obtient les documents à la préfecture grâce à une filière comptant MM. Puyjarinet et Feyfant et Madame Evereints. Le groupe travaille au renseignement et dérobe les lettres de la Gestapo avec l’aide des facteurs.
À la suite de l’attaque du quartier général de la police allemande à Périgueux le 10 novembre 1943, une opération de représailles est montée contre les Juifs de la région. Trois cent cinquante personnes seront ainsi arrêtées et déportées à Auschwitz.
Des agents de la Gestapo accompagnés de SS se présentent au domicile de la famille Gruska à l’heure du petit déjeuner. Le père, Abraham, la mère, Ruchla, et les trois fils sont à la maison ; seule Elsa, la fille aînée, est absente. Un officier allemand ordonne aux cinq Gruska de prendre chacun une valise et de les suivre.
Précédés de trois SS et suivis de quatre agents de la Gestapo, les cinq membres de la famille Gruska descendent l’escalier étroit aux hautes marches. Soudain, Willy, l’un des fils, heurte avec sa valise le soldat qui se trouvait devant lui. Déséquilibré, l’homme tombe sur ses deux camarades et tous dégringolent dans les escaliers. Profitant de la confusion, les Gruska prennent la fuite et se cachent dans le dédale des cours et bâtiments voisins. Les trois garçons réussissent à échapper à leurs poursuivants. Marcel, le plus jeune, trouve refuge auprès de la famille Dupuy. Rattrapés, les parents seront déportés à Auschwitz le 20 novembre 1943 par le convoi n° 62 et assassinés.
Les maisons du voisinage sont fouillées une à une, y compris celle d’Hélène Dupuy, mais les garçons ne sont pas découverts.
Malgré les menaces proférées par les autorités d’occupation à l’encontre de quiconque viendrait en aide aux fugitifs, les habitants du quartier aident Willy et Jacques, les deux frères de Marcel à se cacher dans un poulailler à l’entrée de la ville. Marcel les y rejoint.
Henri, qui est policier, vient en uniforme porter de la nourriture aux enfants.
Un soir, tard, alors que le couvre-feu est entré en vigueur, Hélène Dupuy vient chercher les trois garçons et les amène chez elle. Ils y resteront quinze jours.
Marcel, le plus jeune, restera chez Hélène et deviendra « Marcel Dupuy ». Henri Dupuy, se charge de trouver des faux papiers pour les trois autres enfants, rebaptisés « Leroy » et leur trouve des cachettes chez des paysans des environs et dans un couvent pour Elsa. Ils y resteront jusqu’à la fin de la guerre.
Hélène Dupuy rencontre M. Wieder, coiffeur, à Périgueux et elle s’occupe de fournir des faux papiers aux enfants Marcel et Roland Wieder, qui deviendront «Dupuy», avant de les faire admettre à l’école Saint-Jean dirigée par Alexandre et Marcelle Berbonde*, ses amis.
Henri se souvient : "Ma mère n’avait peur de rien. Un peu avant la Libération, elle a fait libérer des prisonniers en négociant avec un commandant autrichien. Elle lui a dit qu’elle témoignerait plus tard en sa faveur lorsque le vent tournerait. Et elle a tenu promesse lorsque celui-ci s’est retrouvé emprisonné à Bordeaux".
Hélène, résistante, fut également décorée de la croix de guerre avec étoile d’argent et de la Légion d’honneur.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem

 
Le 17 juin 1994, Yad Vashem a décerné à Hélène, Henri et Raymonde Dupuy le titre de Juste parmi les Nations.