|
BIOGRAPHIE DE JEAN-FRANCOIS RENE PIOCHE |
(Biographie réalisée par Christian Gomes) |
![]() |
Né le 27 novembre 1946 à Dijon. |
Décédé le 04 avril 2022 à Dijon. |
******************** |
Il effectue son service militaire comme aspirant dans l’infanterie de marine après avoir suivi le peloton des élèves officiers de réserve de Saint Cyr Coëtquidan en 1967. |
Jean-François choisit à l’âge de 23 ans de devenir officier de CRS et rejoint en 1969 l’école nationale supérieure de police de Saint Cyr au Mont d’or près de Lyon puis le centre national d’instruction et d’application de la police nationale de Sens et est affecté à l’issue de sa scolarité à la CRS 52 de Sancerre en 1970 avec le grade d’officier de paix stagiaire. |
Il obtient une mutation pour la CRS 43 de Châlon sur Saône en 1972 puis rejoint, toujours comme officier de Paix, la CRS n° 40 de Plombières les Dijon en 1973. |
Promu Officier de Paix Principal le 30 janvier 1974, il est nommé à la CRS n°23 de Charleville pour occuper la fonction d’adjoint au commandant de compagnie où il sert pendant 6 ans. |
Promu commandant au printemps 1981, à l’âge de 34 ans, il est alors le plus jeune commandant de CRS de France, il prend le commandement de la CRS n° 33 de Reims, unité où ses aptitudes supérieures au maintien et au rétablissement de l’ordre, déjà remarquées dans ses postes précédents, le classent très vite parmi les meilleurs commandants de compagnie et le conduisent à être fréquemment engagé avec son unité dans des opérations d’une violence extrême à Paris bien sûr mais aussi et surtout chaque dernier samedi du mois dans les Ardennes dans le cadre des évènements sans fin liés à la fermeture de la centrale nucléaire de Chooz et de l’aciérie de La Chiers à Vireux Molhain où l’intensité des affrontements est telle que pendant plusieurs mois ce théâtre d’opérations mobilisant de nombreuses unités de CRS et de gendarmerie mobile est considéré comme le plus chaud de France. |
C’est dans ces circonstances que nos chemins se croisent et que des liens d’estime réciproque se nouent. Unanimement reconnu au travers de ces évènements notamment par les personnels, fiers de leur chef, et par les plus hautes autorités hiérarchiques comme l’un des plus fiables commandants d’unité faisant montre d’un sens tactique remarquable et d’un courage physique à tout épreuve, Jean-François est fin 1983 choisi par le ministre de l’intérieur, Mr Gaston Defferre, pour participer à une expérimentation visant à spécialiser 2 compagnies Républicaines de Sécurité de la région parisienne, les CRS n° 8 et CRS n° 61 de Vélizy qui, renforcées en personnels, équipements et véhicules auraient pour vocation d’être engagées prioritairement dans les opérations de maintien et de rétablissement de l’ordre les plus intenses. Ce projet ministériel tenu secret pendant plusieurs mois et confié au préfet Jean-Louis Dufeigneux, alors directeur central de la sécurité publique, assisté du commandant de CRS Joël Boudaillez, prend forme officiellement le 1er janvier 1984. |
Jean-François prend donc le commandement de la CRS n° 61 et le commandant Christian Mille, commandant de la CRS n°36 de Thionville prend celui de la CRS n° 8. |
Commence alors une aventure palpitante, à laquelle je participe, le commandant m’ayant proposé de le suivre en qualité d’officier chargé des opérations et de l’instruction, et qui est à la hauteur des intentions du ministre qui reçoit dans son bureau de Beauvau les équipes d’officiers des 2 compagnies pour leur dire qu’il leur confiera les missions d’ordre public les plus dures et les plus dangereuses. |
Lister les missions remplies dans ce cadre serait fastidieux mais certaines ne peuvent s’oublier, comme la reprise de l’usine de fabrication de roulements à billes SKF d’Ivry sur Seine, occupée par des ouvriers très déterminés, évacuée par les forces de l’ordre puis réoccupée par les ouvriers après de violents affrontements et qu’il a fallu reconquérir atelier après atelier, cage d’escalier après cage d’escalier, ou quelques autres mouvements sociaux violents concernant des agriculteurs à Roscoff, des pompiers professionnels à Paris ou des dockers à Dunkerque. |
De fin 1983 à août 1985 Jean-François après avoir réorganisé son unité en mettant en place des procédés tactiques innovants, notamment grâce à l’utilisation exclusive de véhicules de reconnaissance rapides et parfaitement agencés, abandonnant ainsi l’utilisation de cars de brigade lourds et peu maniables en zone urbaine, conduit ses missions souvent difficiles , avec une sérénité, une efficacité, un sens tactique et un sens du commandement remarquables à tous égards, non sans subir une pression, voire parfois une hostilité marquée de quelques supérieurs hiérarchiques ne supportant pas que ces 2 unités expérimentales ne soient employées qu’après accord du cabinet ministériel échappant ainsi aux procédures normales d’emploi. |
Toujours est-il qu’après avoir parfaitement rempli cette mission pendant 2 ans, Jean-François est promu au grade de commissaire de police et rejoint en septembre 1985 l’école nationale supérieure de police de Saint Cyr au Mont d’Or pour effectuer une scolarité de 2 années à l’issue de laquelle il ne choisit pas le corps des CRS, à ma grande surprise, mais la Sécurité Publique. |
Ce changement d’orientation surprend nombre d’officiers, l’attachement de Jean-François au corps des CRS étant connu de tous. |
Il est donc affecté à sa sortie d’école en 1987 à Saint Quentin dans l’Aisne puis en 1990 en Police Judiciaire à Reims où il est promu commissaire principal en 1991 puis enfin en 1999 à nouveau en Sécurité Publique à Amiens. |
Il est détaché en 2000 auprès de Mr Gilles de Robien, député maire d’Amiens, qui lui confie un poste de responsable des questions de sécurité et de gestion de la Police Municipale. |
Pour l’avoir rencontré à quelques reprises pendant ses années en Sécurité Publique et en Police Judiciaire, je reste persuadé, mais c’est une opinion toute personnelle, que son destin était de rester chez nous dans les CRS où il aurait pu, où il aurait dû à mon sens occuper de très hautes fonctions. |
Ayant fait valoir ses droits à la retraite le 28 novembre 2003 il occupe pendant quelques temps des fonctions au sein de la HALDE, la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité, puis devient commissaire-enquêteur délégué auprès de la préfecture de Côte d’Or avant de cesser toute activité en 2005. |
Resté attaché à la fonction militaire, il a tout au long de sa carrière professionnelle servi comme officier de réserve et il a terminé son parcours militaire comme chef de bataillon de réserve des troupes de marine. |
Il était décoré : |
- de la croix de chevalier de l’Ordre National du Mérite |
- de la médaille d’honneur de la Police Nationale, |
- de la médaille d’honneur du Souvenir français. |
--------------------------- |
Jean-François était un homme au caractère trempé, au franc-parler connu et parfois redouté, sa forte personnalité ne laissait personne indifférent, dérangeait parfois surtout ses hiérarchies ; il n’était ni courtisan ni intrigant. |
Très proche de ses hommes, exigeant lors de l’accomplissement des missions qui lui étaient confiées, il savait être convivial et très abordable quand celles-ci étaient terminées. |
Il s’attachait à intéresser, motiver et encourager ses adjoints et avait le souci permanent de faire progresser les fonctionnaires placés sous son autorité. |
Toujours en première ligne lors des engagements violents, il savait agir avec mesure et réagir avec discernement et proportionnalité quand il engageait la force publique, ne cédant jamais aux instructions hiérarchiques qu’il jugeait inadaptées à la situation. |
C’était un chef comme on aime en avoir, c’est d’ailleurs pour ça que je l’ai suivi sans hésiter. |
Le temps a passé depuis son départ des CRS en 1985 mais son nom a
longtemps raisonné dans les popotes et les cantonnements et même en
Sécurité Publique à Amiens où l’on m’a rapporté que de temps à autre
lors d’opérations de police pas forcément bien menées, on entendait :
«avec Pioche ça ne se serait pas passé comme ça ! ». |
Adieu Jean-François, nous n’avons pas travaillé plus de 5 ans ensemble, mais ces années ont été marquantes et mes souvenirs sont intacts comme l’est le respect que j’ai éprouvé pour toi dès nos premières opérations communes. |