BIOGRAPHIE DE HENRI  JULIEN  JOUVE
 
(Dossier de résistant : GR 16 P 313359 JOUVE, Henri Julien 13.10.1910 Valgorge Ardèche FRANCE Homologué )
 
Né le 10 octobre 1910 à Chastenet, petit village de la commune de Valgorge dans la haute Ardèche.
 
Marié le 10 octobre 1942 à la Salle-les-Arbres (Hautes-Alpes)avec Héloïse Alcine Adrienne Grolier
Décédé à Seyssins (Isère) le 8 octobre 2012.
 
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(Henri JOUVE, un homme au cœur gros comme une montagne)
 
 
                    Après un périple particulièrement difficile : enfance villageoise avec des parents cultivateurs, père blessé dans les tranchées en 1914. Il fait son service militaire au 27ème RI où il termine sous-officier.
 
                    Mobilisé en 1939, il rejoint Briançon et, fin novembre, part pour l’Alsace. Après nombre de bombardements, un détachement ennemi, fusils mitrailleurs en action, oblige son unité à se rendre, embarqué dans un train pour l’Allemagne, ce sont seize mois qu'il passe, comme prisonnier, à la disposition d'un exploitant agricole très dur au travail. Au mois de mars 1942, il réussit l'évasion par la Suisse.
 
                    En 1943, il fait ses premiers pas dans la résistance où une place de chef de Section lui est confiée au sein du maquis de « Mersenne ». II participe donc à la libération de Montélimar, et en septembre 1944, il est envoyé avec sa section, dans un chalet d'alpage sur le plateau du Mont Cenis (mission de surveillance Frontière).  Poursuivant son parcours militaire, il passe son brevet de chef de section montagne à Saint Jean de Maurienne.
 
                      En avril 1945, il a pour mission de franchir la Frontière pour participer à l'occupation de la ville de Suze (Italie). En août, nouveau retour en Maurienne et, conseillé pour rejoindre les nouvelles formations de police que sont les CRS, il rentre le 1er octobre 1945 à la Compagnie Républicaine de Sécurité de Valence. Après un passage à Uzès, il obtient sa nomination pour Grenoble à la CRS 147. Sa carrière de sauveteur « CRS » va commencer.
                    Henri Jouve fit son premier déplacement sur le site du village de Tignes ( Savoie ) où se déroulaient les grands travaux du futur Barrage.

(les 387 habitants menacés d'expulsion tentent d'empêcher le déroulement des travaux en raison d'un manque d'information sur leur avenir ou d'un manque de clarté quant au rachat de leur maison et de leurs terrains. Différentes actions sont menées afin d'empêcher, si ce n'est de ralentir la construction du barrage. Quelques incendies de baraques provoquent l'arrivée de la Garde mobile puis, plus tard, la surveillance du chantier par les CRS).

 
                    Ce solide montagnard Ardéchois, alors âgé de 37 ans, va donner l'impulsion aux jeunes agents et les orienter vers l'initiation au ski et à la marche tout en les préparant aux notions élémentaires de secourisme en montagne.
                    Le Brigadier Jouve volontaire pour toutes les missions hors siège de l'unité, est déplacé durant l'hiver  à Castellane (04) où un Barrage doit être mis en service.
                     Un jour de janvier 1948, le Sous-Préfet du lieu fait appel aux CRS déplacés pour effectuer les recherches d'un avion déclaré disparu entre Digne et Castellane. Le même jour, l'observatoire aérien signale qu'une épave est localisée dans le secteur du Pic du Cheval Blanc (Alpes de Hautes Provence). Partis avec les membres du secours en montagne de Saint André les Alpes, les CRS arriveront dans la nuit sur les lieux du Drame .C'est un spectacle de désolation qui les attend (corps d'adultes, femmes et enfants jonchent le sol). Au lendemain de cette opération, ils assisteront aux funérailles et recevront les remerciements de l'autorité Préfectorale du Département. A la fin du déplacement, le Brigadier Jouve sollicitera la hiérarchie pour constituer et entrainer une section de skieurs avec des périodes d'initiation à la marche et à l'escalade dans les massifs entourant Grenoble (Chartreuse, Vercors, Belledonne).
 
                  Au mois de juin 1949, le Commandant d'unité et les Officiers sollicitent l'admission des montagnards « CRS » au sein de la Société Dauphinoise de Secours en Montagne. Le Président de celle-ci, le Professeur Félix Germain, demandera même de faire attribuer cinq places aux CRS pour suivre le stage d'entrainement à l'Ecole Nationale de Ski et d'Alpinisme de Chamonix. A cette occasion, le Brigadier Jouve et quatre autres compagnons de la CRS 147 seront admis à suivre cette formation au secours et sauvetage, sous la conduite du Professeur-Guide chamoniard Alexis Simond.
              En 1951, lors d'un séjour d'entrainement à Chamonix, H. Jouve demande au Directeur de l'ENSA, s'il peut faire inscrire deux agents au stage d'Aspirant Guide ; la réponse est favorable et deux inscriptions seront formalisées. Cependant, au début du stage au mois de juillet, l'un d'eux, victime d'un accident de la circulation , ne peut honorer cet engagement et ; exceptionnellement , H. Jouve dû se substituer au candidat en obtenant une dérogation du Directeur de l'Ecole pour participer , à 41 ans , au stage considéré . L'homme, très motivé, sera reçu en fin de stage avec un excellent résultat. De retour au siège de la CRS 147, il se fera l'interprète, auprès du commandement, de la nécessaire orientation à prendre. C'est ainsi qu'en liaison avec les deux officiers initiés à la montagne (Jean Robert et Emile Riolet), la démarche nécessaire au besoin d'évolution et d'adaptation des hommes sur le terrain, sera prise en considération. L'idée de structurer officiellement l'entrainement et la pratique régulière des agents fera son chemin et la hiérarchie, soutenue par les autorités administratives du moment ainsi que les représentants des sociétés locales de secours, fera remonter à la Sous- Direction des CRS les éléments démontrant l'intérêt pour l'administration de disposer de formations spécialisées en cas de sinistres graves en montagne.
                    Le Brigadier-Chef  Jouve, est désigné Directeur technique, aux fins de soumettre à la hiérarchie CRS, le projet portant sur la formation de base et le suivi d'un entrainement régulier des agents volontaires et le choix des moyens et équipements adaptés aux différentes pratiques.
 
               En 1954, il est admis au stage de Guide de Haute Montagne et revient de Chamonix avec la volonté de faire bouger l’institution. Il en rend compte au Commandement et sous le couvert des Capitaines Robert et Riolet propose d'évoluer vers un Centre de formation des CRS de montagne. Le Commandant du moment en prend acte et transmet le dossier à la Sous-direction des CRS. Parallèlement, H. Jouve est nommé Directeur officiel des entrainements des montagnards au siège de la CRS n°147.
                 Le Capitaine E. Mollet et le B/C H. Jouve furent convoqués à Paris, à la Sous-direction des CRS, pour recevoir les instructions du Directeur.
                 Le Centre National d'Entraînement à l'Alpinisme et au Ski des CRS (CNEAS des CRS) fut créée le 3 janvier 1955 à Grenoble.
 
                  En 1956, le Brigadier/Chef  H, Jouve organisa un exercice de recherches en avalanches, avec chiens, au plan de l’Aiguille en présence du Préfet de la Haute-Savoie, du Maire de Chamonix.
 
                   En 1957, le B/C  Jouve suivit son stage d'officier à l’Ecole Nationale Supérieure de  Police de Saint Cyr au Mont d’Or et revint prendre sa place d’adjoint  au Commandent du centre. Il sera nommé sur place Officier de paix principal.
 
Les jeunes ne s’en souviennent probablement pas mais il a pourtant marqué son époque à Val d’Isère. Henri Jouve est parti ce lundi à l’âge de 102 ans à la maison de retraite des Orchidées. Absent depuis longtemps de Val d’Isère, Henri Jouve avait été le directeur du service des pistes de 1964 à 1977. Arrivé en tant que CRS à Val et grand montagnard, il avait été maître de stage à Val au Centre National de l’enseignement de la montagne et de l’alpinisme pour les CRS. Il avait ensuite rejoint le service des pistes pour laisser son poste à Jean Lou Costerg qui devait lui succéder. Il était connu pour son caractère bien trempé et sans concession. Il avait été par ailleurs capitaine des pompiers de Val. Sa sépulture se déroulera vendredi à 9h dans l'église de Seyssins avant d'être emmené au crématoire de l’agglomération grenobloise.