BIOGRAPHIE D' ANDRE  VESPERINI
 
 

 
André Vesperini est né le 10 avril 1910 à Montauban (82)
Fils de Charles Antoine (Maréchal des logis) et de Hélène Eugénie Geneviève Cayral
Marié à Montauban le 5 octobre 1931 avec Paule Marie Marguerite Herment .
Décédé le 29 avril 1945
 
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SERVICE MILITAIRE :
 
Engagé Volontaire par devancement d'appel le 17/10/1930 à l'Intendance de TOURS. Incorporé à la 9° Cie Régionale du Train
Arrive au corps soldat de 2e classe le 21 Octobre 1930.
Candidat au peloton E.O.R
Nommé Brigadier Chef le 3 Avril 1931.
Nommé maréchal des Logis le 15/10/1933.

Passé dans la disponibilité le 15/10/1931. Affecté dans les réserves au C.M. du Train N° 9.

Nommé S/Lieutenant de réserve du Train par Décret du 17 Juin 1936 et par
Rappelé à l'activité avant mobilisation Générale (Commission de répartition hippo) Arrivé à son poste le 25/08/1939, affecté à la Cie hippo 465/17.
Sous-Lieutenant. Parti aux armées le 17/09/1939. Affecté à la Cie hippo 467/17 le 15 /02/1940. Affecté à la Cie hippo 465/17 le 05/03/1940.
Promu au grade de Lieutenant de Réserve par Décret du 25 Avril 1940 (JO du 27) Lieutenant avec rang du 25 Avril 1940.
Fait prisonnier le 2 mai 1940 avec sa Cie au Nord de la Somme interné en Allemagne Oflac N° IV C le 21 mai 1940.
RECUPERE le 6 Octobre 1942
Démobilisé par le CD de MONTAUBAN le 20 novembre 1942. Se retire à Montauban 16 Avenue pomponne (Tarn-et-Garonne).
(Source :  Service Historique de la Défense -Dossier de résistant - GR 16 P 591406)
 
SERVICE DANS LA POLICE :
 
Il intégrera les G.M.R. fin 1942, sur les conseils de son camarade d'enfance, René Bousquet.
 
Nommé Commandant des gardiens de la paix de 2° classe à compter du 30/10/1942
Il suit des cours à l'école régionale de Police de Limoges.
(Source : Gallica - JO du 15/11/1942)
 
En avril 1943, après deux mois d'instruction passés à l'école de police de Périgueux, il obtient le commandement du G.M.R. "Albigeois" installé à Albi (Tarn), région qu'il connaît bien, étant lui-même originaire de Montauban (Tarn-et-Garonne).
(Source : Gallica JO du 27/06/1943)
 
Son action au sein de l'unité du maintien de l'ordre ressort de divers témoignages :
( Source :Extraits du livre d'Yves Mathieu "Policiers Perdus" )
 
Jean Stéphani, commandeur de la Légion d'honneur, Croix de guerre, ancien combattant F.F.L écrit qu'en tant que commandant du G.M.R. Albigeois, Vespérini guidait ses hommes dans la voie qu'il avait choisie, à savoir, le mépris de l'occupant et de ses serviteurs, son aide à la Résistance sous toutes ses formes : « dès qu'il recevait pour mission d'opérer contre un maquis, sa principale préoccupation était d'en aviser le chef, en ayant soin de n'exécuter le mouvement qu'après s'être assuré que les dispositions avaient été prises par les résistants, en vue d'éviter tout contact... C'est ainsi que deux missions de cet ordre qui lui furent confiées dans la Haute-Vienne et en Dordogne ne donnèrent aucun résultat ».
 

Le lieutenant Delprat, qui a servi sous ses ordres, témoigne de son côté : « le commandant Vespérini était un ardent patriote. Son action en faveur de la Résistance se manifesta, dès son arrivée au groupe... En quelques mois, il avait la confiance de tout son personnel qui n'ignorait ni ses sentiments patriotiques ni son activité de résistant. Dès le mois de septembre, le commandant Vespérini considérait son unité moralement et matériellement prête pour une action armée contre les Allemands. Je jouissais de sa confiance et je savais qu'il espérait rallier d'autres formations.

Lors d'un déplacement à Clermont-Ferrand, sur son ordre, nous avons effectué plusieurs transports d'armes pour le compte de l'Armée secrète de cette ville avec laquelle il était en liaison.

A notre retour à Albi, l'adjudant-chef Humberdis du 4e régiment d'artillerie, recherché par la Gestapo, se réfugia chez nous où Vespérini l'engagea comme serveur sous le nom de Bastiani, et lui procura des pièces afférentes à sa nouvelle identité. Plusieurs autres personnes furent ainsi camouflées.

Sous son commandement, jamais une opération contre le maquis.. . ne donna de résultats. Le personnel partait en confiance derrière son chef qui avait pris toutes les précautions, même parfois au risque d'être soupçonné par les autorités...Lors d'une fouille d'un bois aux environs de Mazamet (Tarn), trois jeunes gens tombèrent par maladresse dans notre dispositif. La présence d'autres unités de police ne permit pas de les laisser fuir ; Vespérini refusa de les remettre à la gendarmerie et déclara s'en occuper ». Après avoir été cachés au G.M.R. pendant plusieurs jours, les trois clandestins furent embauchés dans les services de police, sur recommandation du commandant !

De nombreux témoignages d'hommes du rang convergent, affirmant que le commandant Vespérini prenait toutes les précautions utiles pour faire échec aux opérations contre les maquis. Au sein de l'unité nul n'ignorait dans son for intérieur les liaisons discrètes mais constantes du commandant Vespérini avec les chefs maquisards. D'autres lèvent un voile sur un volet spécifique de son action : celle en faveur des jeunes contraints au S.T.O., qu'il engage dans son unité, souvent sous couvert de fausses pièces d'identité.

 
A cet égard, le gardien de la paix Emile Simon fournit un témoignage circonstancié sur l'aide apporté par le commandant Vespérini non seulement aux jeunes du S.T.O. mais également à différentes catégories de personnes victimes des vindictes allemande et vichyssoise : «En 1943, c'est le S.T.O. qui rafle les jeunes pour travailler en Allemagne. Le commandant Vespérini incorpore des jeunes (environ 30).... Pendant un déplacement du groupe en Haute-Savoie, trois hommes de l'unité sont appelés par le S.T.O. Le commandant les fait passer en Suisse.... Quand les alsaciens-lorrains furent recherchés par les Allemands, de fausses cartes d'identité étaient faites et prêtes à leur être distribuées par le commandant Vespérini. Une autre fois, ce sont des juifs qui sollicitent l'aide du comandant. Malgré les risques, ils sont placés dans une campagne à proximité du maquis Lenoir de Carmaux (Tarn). »
 
Le gardien de la paix Maurice Huc rapporte un événement qui l'a marqué : le G.M.R: se trouvait à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) en août / septembre 1943 lorsqu'un incendie s'est déclaré au siège de la Gestapo. Sous prétexte d'apporter l'aide de son unité aux secours, le commandant Vespérini soustraya lui-même des documents et des fichiers qui furent remis le soir même aux maquisards de la région.
 

Le 18 novembre 1943, les actes de résistance à l'ennemi et au gouvernement de Vichy du commandant Vespérini prennent fin : alors qu'il effectue avec ses troupes un exercice de tir au camp du Séquestre à Albi (Tarn), il est arrêté par les services de la police de sûreté allemande. Conduit à la prison de Moulins (Allier) avant d'être transféré au « frostalag 122 » de Compiègne, puis en Allemagne où il sera interné à nouveau à l'oflag IV D jusqu'au 14 février 1944.

A cette date, il est transféré au commando Johangeorgenstadt, dépendant du camp d'extermination de Flossenbourg (Bavière).

 
Les raisons de son arrestation restent mal connues, mais il semble bien que les services allemands aient eu connaissance — sur dénonciation -, non seulement des liens qu'il entretenait avec la Résistance, mais aussi de son activité de fournisseur de faux papiers d'identité à des détenus restés en captivité. Sur ce point particulier, il est intéressant de relever qu'au procès de René Bousquet, madame Vespérini s'est manifestée par courrier mentionnant que son mari était approvisionné en faux documents d'identité... par son camarade René Bousquet...
( Source :Extraits du livre d'Yves Mathieu "Policiers Perdus" )
François Amoudruz témoigne :
"Le 7 Septembre 1976, Chef de Contentieux du Crédit Industriel d'Alsace et Lorraine, demeurant à STRASBOURG, 31 Avenue de la Forêt Noire, médaillé de la Résistance, titulaire de la Carte de déporté politique N° I.I. 67.0348 délivrée le23/07/1953 par le ministère des anciens Combattants et Victimes de Guerre.
Atteste sur l'honneur avoir parfaitement connu, depuis fin février 1944 le commandant VESPERINI André, déporté comme moi-même au camp de Concentration de FLOSSENBURG (Haut Palatinat) et au SS. SONDERKOMMANDO de JOHANUGEORGENSTADT (ERZGEBITGE en SAXE) dépendant du Camp de FLOSSENBURG.
L'attitude de VESPERINI durant les 14 mois passés ensemble à JOHANUGEORGENSTADT fut absolument digne et irréprochable ; animé d'un farouche esprit de Résistance à l'égard de l'ennemi, il se livra dans l'usine de construction d'avions installée dans l'enceinte du Kommando à des actes de sabotage sur les pièces en cours de fabrication.
En Avril 1945, les SS. décidèrent l'évacuation du Kommando aux fins d'extermination et à dater du 16 Avril cette évacuation fut mise à exécution, d'abord en wagons à bestiaux, puis à pieds.Le 28 Avril 1945 après une nouvelle marche forcée le kommando fut parqué dans une grange au village de LUBENZ (actuellement LUBENECE) en Tchécoslovaquie, entre KARLOVY-BARY et PRAGUE.
Dans la nuit du 28 au 29 Avril, un petit groupe de déportés dont VESPERINI et moi-même, décida de s'évader en dépit des risques énormes encourus (la grange étant en effet cernée de gardes SS. armés. Un trou fut fait dans le toit, par lequel fut hissée une perche à foin trouvée dans la grange, posée ensuite le long d'un des murs extérieurs.
Une fois descendu de cette perche précédé de Mr Achille DUPONT, hôtelier à St NECTAIRE (Puy-de-Dôme) décédé en 1950 j'attendis caché non loin de là, VESPERINI, qui en descendant à son tour le long de cette perche fut repéré par un SS qui le blessa mortellement. C'est au cours de cette tentative d'évasion, qui prouve à l'évidence sa volonté de résister jusqu'au bout à l'ennemi que VESPERINI trouva la mort.

Je lui rends hommage et certifie sur l'honneur la rigoureuse exactitude de ce qui précède.

Fait à Strasbourg le 24 septembre 1961."
(Source : Dossier de résistant Service Historique de la Défense)
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Après la Libération, lorsque Madame Vesperini entama les démarches en vue de faire reconnaître la qualité d'ancien Déporté-Résistant de son défunt mari, elle se heurta à des manœuvres et à des imputations calomnieuses visant à convaincre les commissions   administratives locales chargées de l'étude du dossier, qu'un ancien policier des G.M.R., de surcroît très lié à René Bousquet, n'était pas digne d'une telle reconnaissance en dépit de ses états de services clandestins. Il fallut l'intervention d'un sénateur et du ministre des Anciens combattants et des Victimes de guerre pour qu'elle obtienne satisfaction sur la base d'un dossier aux preuves irréfutables'''.
 
Pour beaucoup - l'illustration précédente l'atteste -, le métier de policier est suspect par nature. Sur la base d'un tel postulat, on imaginera sans mal qu'en temps de crise, être policier devient une fonction hautement vulnérable au regard du jugement d'une opinion publique raidie sur un a priori de doute et de méfiance.

 

( Source :Extraits du livre d'Yves Mathieu "Policiers Perdus" )