CRS n° 6

Anecdote lors d'un déplacement à Marseille
 
 
Camp de la Delorme : camp de passage des compagnies en 1948 quartier des Aygalades à Marseille.
 
 
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UNE MISSION PARTICULIÈREMENT INÉDITE

Extrait du journal « La Flamme » de juin 1947

 
              Au volant de sa Delage étincelante du feu de tous ses nickels, une splen­dide jeune fille aux longs cheveux de jais parcourait la ,Côte d'Azur en com­pagnie de ses parents. La dernière étape d'un ravissant voyage allait s'ache­ver puisque dans quelques minutes, elle atteindrait enfin Nice. Au moment même où elle allait s'engager sur le pont enjambant le Var, à la sortie dit petit village de Saint-Laurent, la puissante automobile fut arrêtée par des agents motocyclistes d'une C.R.S. niçoise.
-  Mademoiselle Christine de Castelfleury, sans doute? demanda le brigadier,
-  Mais, oui, monsieur, répondit la belle fille, visiblement surprise de cette interrogation inattendue.
- Ah! merci, mademoiselle. Voici huit jours que nous vous attendions, lui dit-il en lui remettant une longue enveloppe bleu tendre.
              L'écriture rappela instantanément à la jolie fille cet Officier sympathique autant qu'entreprenant qui voulait la poursuivre non seulement de ses assi­duités directes, mais encore de ses lettres. Elle avait promis de répondre à chacune d'elles à condition qu'elle les reçoive. Son adresse? Elle n'en avait pas puisque qu'elle comptait visiter longuement la Côte d'Azur d'Hyères à Monaco.
                Et voici qu'elle était prise à son propre piège. Devant ses yeux s'étalait la suscription suivante qu'elle lisait d'un air quelque peu troublé et qui fai­sait se dessiner un sourire moqueur sur les lèvres des policiers :

Mademoiselle Christine de Castelfleury,
Brune et grande
Aux yeux noisette
Delage crème — Carte grise de la Seine
Pont de Saint-Laurent-du
-Var
Aux bons soins de la brigade motocycliste des C.R.S. de Nice (Var)

 
              Nous avons stoppé dix-sept Delage, dit enfin le brigadier. Et nous désespérions de mettre la main, si j'ose dire, sur la belle et grande brune. Nous voici satisfaits. Mais vous vouerez, mademoiselle, ajouta-t-il malicieu­sement, que les effectifs de la police française tout entière seraient insuffisants si nous avions à acheminer, avec de telles adresses, tout le courrier sentimental de chaque