CRS à UZES   (CRS n°162)
 
 
Voyons.... Uzès... Uzès , Ah oui ! Je me souviens !
Premier Duché de France ! Est là sur la carte ?
Il y avait la Tour appelée Fénestrelle
A son ombre vivait un goum de garçons durs
C'était ma compagnie ! La cent-soixante-deux.
 
Mais pourquoi dire « ma ». Nous étions si nombreux
Plus de deux cents je crois...et même j'en suis sûr
Qui courions l'Algérie, les grèves et les belles
Qui prenions les avions, les bateaux et les cars
Ah ! Oui Uzès ! Oui... oui je me souviens très bien.
 
Oui, c'était le bon temps : sur le port de Marseille
Au carreau de la mine, et la route au soleil
Sur les champs Elysées la piste de Négrine
Timgad et Tébessa mais aussi Constantine.
Et un certain vingt-août qui n'a pas eut de rime...
 
La ville de Skikda exigea sa victime…
Je me souviens de tous ces hommes basanés
Par le Mistral soufflant en Méditerranée
Nommer un seul d'entre eux c'est montrer un ami
En oublier un seul vexe la compagnie.
 
Mais comment vivent-ils en si petite ville
Disait un parisien à l'âme un peu servile
On les a déplacés... mais leur cœur est resté
Dans le ravin d'Alzon ! Tout autour du Duché
Souvent  j'y revenais attiré par les arts
 
Moi aussi je rentrai comme un joyeux lézard
Que la Tour de Bermonde ou celle de l'Horloge
Dominent sans lourdeur la ville aux deux cents loges
Que l'Ancien Evéché outré de notre absence
S'est laissé doucement aller en décadence.
 
Oui ! C’était le bon temps des grandes escapades
Passent les jours ! Les ans ! Mais pas les camarades
Et lorsque partiront tous en autre sphère
Lorsque nos descendants parleront de leurs pères
Ils diront après nous à leurs parents lointains
 
Aux touristes pressés, à tous les parisiens
Que Racine eut raison d'écrire en troubadour
Qu'en Uzès sont les nuits plus belles que leurs jours.
 
                                       Georges Labernadie  (1977)