Journal officiel de la République française.
Extrait des débats de l'Assemblée consultative provisoire :
compte rendu in-extenso du 28/03/45
 
ASSEMBLEE CONSULTATIVE PROVISOIRE
2* SEANCE - DU 27 MARS 1945 M. le président. La parole est à. M. le ministre de l'intérieur.
 
« …………….
M. le ministre de l'intérieur  -  J'ai décidé en effet de créer des compagnies républicaines de sécurité parce que j'en ai besoin.
           La garde mobile, qui a perdu une très grande partie de ses effectifs est en cours de reconstitution. La gendarmerie qui était, au lendemain de la libération et demeure encore, dans une certaine mesure, assez, démoralisée, est très difficilement utilisable.
           Il ne faut pas vous dissimuler, d'autre part, que la libération a laissé subsister d'assez nombreux noyaux qui constituent un danger pour la sécurité publique. Ils s'appellent des maquisards, mais ils ne le sont pas. Ils utilisent le costume de ces derniers ou l'uniforme FFI.  Ce sont, en réalité, des bandes de droit commun qui vivent dans les lieux qu'occupaient les anciens maquis clandestins. Ces bandes armées terrorisent souvent les alentours et c'est ainsi que, notamment en Haute-Savoie, la situation a été un certain moment très sérieuse.
            J'avais donc et j'ai encore besoin d'éléments mobiles de police qui soient à la disposition immédiate du ministre de l'intérieur, des commissaires de la République et des préfets, sans que ces autorités soient obligées d'avoir recours à la réquisition qui, par sa lenteur, laisse quelquefois passer l'heure décisive.
            C'est pourquoi j'ai demandé an Gouvernement, avec la pleine adhésion de. M. le ministre de la guerre, d'accepter la création de compagnies républicaines de sécurité.
            On objecte que ce sont là d'anciens G. M. R. Je réponds qu'il s'agit là d'exceptions, car les G.M. R. ont eu, selon les lieux et selon les hommes, des attitudes diverses. Certains d'entre eux ont pris le maquis.
M. Germinal -  Pas tous.
M. le ministre de l'intérieur - Non, mais certains G. M. R. ont été d'authentiques résistants. Vous faites allusion à une région déterminée, mais il est d'autres régions où des G. M.. R. se sont conduits en héros de la résistance et tinrent le maquis pendant des mois.
M. Marrane -  Une hirondelle ne fait pas le printemps.
M. le ministre de l'intérieur -  Je précise que les officiers et les hommes passent obligatoirement devant la commission d'épuration de la police au ministère de l'intérieur, qui fait preuve d'une très grande sévérité. Aucun des anciens G. M.R. ne peut être versé dans ces compagnies républicaines de sécurité sans la constitution d'un dossier individuel qui est très sérieusement épluché par la commission mixte d'épuration.
           Peut-être certains ont-ils pu passer à travers les mailles. Si vous en connaissez, il faut les signaler, nous les ferons, passer à nouveau devant la commission et noms aurons ainsi des compagnies républicaines de sécurité qui seront parfaitement sûres.
            Tant que la situation demeurera ce qu'elle est, le ministre de, l'intérieur a besoin d'elles. Il ne peut pas, quand la nécessité le presse, dépendre de la réquisition d'une police militaire qui ne lui appartient pas et qui n'est d'ailleurs pas toujours mise à sa disposition.
M. le président de la commission des finances -  Mais qui devrait être sous ses ordres.
M. Germinal -  Dans quels, locaux seront logés ces compagnies républicaines de sécurité ? Je me suis laissé dire qu'on aurait recours aux écoles; c'est ainsi qu'à Périgueux on envisage dé les héberger à l'école Saint-Georges. Pouvez-vous me donner, monsieur le ministre, une précision à cet égard ?
M. le ministre de l'intérieur - Certes, on cherche des locaux (pour loger ces compagnies»; mais il n'a jamais été question et aucune autorisation n'a été donnée à cet égard d'avoir recours aux écoles.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ? 
………. »