Pelotons d'exécution
 

               "La loi du 20 janvier 1944 instaura des cours martiales composées de trois juges anonymes et itinérants. Ces nouveaux tribunaux étaient institués pour juger "les terroristes pris sur le fait". Leurs sentences étaient sans appel, et les condamnés passés par les armes sur-le-champ.
 
                Parmi les événements que la mémoire collective policière répugne à évoquer, la participation des agents des GMR aux pelotons d'exécution des "cours martiales" n'est pas des moindres. En effet, si les miliciens y officièrent en tant que "juges", ils témoignèrent d'une autorité suffisante pour commander aux policiers, requis pour l'occasion, d'exécuter leurs sentences. Après une parodie de procès, généralement dans l'enceinte des locaux pénitentiaires, les condamnés étaient remis aux forces de l'ordre pour être aussitôt fusillés.

                En tout cas, sitôt instaurée, la machine se mit en marche. Fin janvier à Marseille, la cour martiale prononça une première condamnation. Entre le 7 et le 9 février, à la prison Saint Michel de Toulouse, les miliciens condamnèrent douze prisonniers Le peloton d'exécution, composé de douze GMR eut du mal à accomplir sa besogne. Après le tir, certains condamnés n'avaient reçu que quatre balles (huit agents avaient tiré à côté), d'autres, agonisant, reçurent le coup de grâce des mains de l'officier GMR, auquel un milicien avait tendu son propre revolver. A Limoges la cour martiale siégea les 21 mars, 6 avril, 9 mai, 23 juin, 3 juillet, au total 19 Résistants furent exécutés. En Haute-Savoie, entre février et mai, il y eut six exécutions à Thonon et une vingtaine à Annecy. Chaque fois, les condamnés moururent dignement, avec un grand courage. Certains n'hésitèrent pas à interpeller leurs exécuteurs. Ainsi, le 4 mai à la prison d'Annecy, onze détenus furent présentés devant la cour martiale. Après l'habituel simulacre de jugement, cinq d'entre eux furent amenés dans l'enceinte d'un stand de tir. Face au peloton d'exécution composé de gendarmes et de GMR, les Résistants chantèrent la Marseillaise. Avant de mourir, l'un d'eux lança aux policiers: "vous allez tuer des Français innocents"…………"(source "une police de Vichy d'Alain Pinel)
 

Tableau tiré du livre "Polices des temps noirs" de Jean-Marc Berlière.