Extrait tiré du livre de Claude Barbier « Le maquis des Glières »
 
Les GMR à Notre-Dame-des-Neiges
 
Toute la littérature souligne le caractère inexpugnable du dispositif maquisard à Glières. Pour autant on ne doit pas confondre inexpugnabilité et imperméabilité. Il était extrêmement difficile de déloger par les armes les maquisards. Mais à une date avancée, et vraisemblablement jusqu'à la mort de Théodose Morel, il était possible de se rapprocher de Glières. Le GMR Bretagne, stationné à Thônes depuis le 12 février, n'avait exécuté jusqu'alors que des barrages, des patrouilles, des reconnaissances et des contrôles d'identité. Le 6 mars, selon le témoignage qu'en fit le gardien Raymond L., le GMR Bretagne reçut l'ordre d'occuper les chalets de Notre-Dame-des-Neiges, au sud-ouest du Plateau. Une première tentative échoua « à cause de la température ». Le commandant P. fit une deuxième tentative, avec un équipement plus léger ; cette fois le détachement de GMR atteignit son but :
Je tiens à signaler qu'alors que nous nous trouvions au chalet de Notre-Dame-des-Neiges, nous avons aperçu sur le Plateau occupé par la Résistance un drapeau français qui flottait. Ce spectacle a causé à mes hommes et à moi-même une vive émotion. Au retour à la base, j'ai tenu à expliquer à mes hommes visiblement impressionnés qu'ils n'avaient pas à mener la lutte contre des Français, mais seulement contre des bandits qui s'étaient mêlés aux groupes de Résistance pour piller et assassiner.
 
Pour autant le commandant P. ne poussa pas l'avantage. Monté avec trop peu d'équipement et de vivres, il redescendit dans la vallée. Une troisième tentative, toujours dans le même secteur, sans doute le 10 mars au matin, après la mort du lieutenant Morel, conduite par l'adjoint du commandant P., Raymond L., se solda par un échec total. Les GMR essuyèrent les tirs des maquisards auxquels ils ne répondirent pas. Ils laissèrent neuf prisonniers : les GMR ne tentèrent plus jamais de pénétrer sur les abords de Glières. Leur incapacité à prendre pied sur le Plateau et l'impossibilité pour le colonel Lelong, qui ne voulait pas d'intervention allemande, de trouver un arrangement avec le maquis affaiblirent la position de l'intendant de police, par surcroît secondé depuis plusieurs jours par le milicien Max Knipping, ce qui limitait son autonomie. Il présenta sa démission à Darnand qui la refusa.