Attaque du 30 décembre 1943, menée contre un détachement du groupe "Marche", chargé de protéger la distribution des tickets d'alimentation.
Mairie de Sussac
 
(Source : Service historique de la gendarmerie nationale 87E 348 et Sylvain Le Bail)
 
              "Ce jour-là, 30 décembre 1943, l'officier de paix Bonnin, et dix hommes du GMR "Marche" accompagnent le gendarme Pierre Barthès de la brigade de Châteauneuf-la-Forêt. Les forces de l'ordre sont chargées de transporter des tickets d'alimentation en mairie de Sussac, à quelques kilomètres au sud de Châteauneuf. A 7 heures 30 le groupe quitte la brigade de Châteauneuf, dans des véhicules du G.M.R. Le gendarme et son escorte arrivent à Sussac vers 8 heures 20
              Pendant que l'officier dispose ses hommes de façon à assurer la sécurité de la mairie, le gendarme remet le sac plombé contenant les tickets à la secrétaire de mairie. Accompagné de l'officier, le gendarme Barthès monte au premier étage de la mairie, pour reconnaître les lieux et pouvoir parer à toute agression éventuelle. Ils y trouvent, dans son appartement, l'époux de la secrétaire de mairie, avec lequel ils conversent quelques instants.
              C'est à ce moment que plusieurs individus armés de mitraillettes, de revolvers et de grenades, habillés d'uniformes des chantiers de jeunesse font irruption dans la pièce, en criant « Haut les mains ! », et mettant en joue les deux hommes. Les représentants des forces de l'ordre n'ont pas le temps de faire le moindre mouvement. Le gendarme est désarmé par un des hommes pendant qu'un autre, armé d'un parabellum, le met en joue.
             Puis, sous la menace des armes, les deux hommes sont conduits dans la cour de l'école, attenante au bâtiment de la mairie et enfermés dans la salle de classe où sont déjà regroupés les hommes du G.M.R.
             Un homme, au type espagnol, mais à l'accent bien français, lui demande s'il n'y a pas un certain Barthès dans les effectifs de la brigade.
           Le gendarme lui répond aussitôt : « C'est moi ! ».Le résistant lui rétorque alors : « Vous savez que vous êtes condamné à mort ». Puis il appelle trois hommes en renfort pour garder le gendarme, et en réfère à celui en qui le gendarme croit reconnaître Guingouin, d'après le signalement et la photo que possède la brigade.

             Encadré par les trois hommes, l'homme au type espagnol, dont il pense qu'il s'agit du sous-chef, le fait conduire dans la cour de l'école. Là, Guingouin s'adresse à lui : « Vous devez savoir que tout gendarme qui tire sur un membre de la Résistance s'expose à la peine de mort. Vous ne devez donc pas ignorer que vous êtes condamné à mort, puisque vous avez tiré sur nous à la Croix Lattée. »

             Se ravisant, Guingouin l'oblige à le suivre sur la route et lui dit : « Je sais que vous avez quatre enfants, je vous donne un sursis pour cette fois, mais n'y revenez plus ».
            Guingouin le fait à nouveau entrer dans la salle de classe où il doit se déshabiller en même temps que les gardiens du G.M.R
            Désarmés et déshabillés, les hommes font piètre figure. Les résistants leur fournissent tout de même des couvertures qu'ils ont demandées chez quelques habitants du voisinage.
            C'est ainsi que le gendarme Barthès et les hommes du GMR rejoindront, à bord de leurs véhicules, leur caserne."
 
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