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CRS n° 57 en 2004 |
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La Dépêche du
Midi
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Publié le 07/12/2004 à 11:01 |
La CRS n° 57 |
Être commandant d'une compagnie de CRS, c'est être à la fois patron
d'une structure qui fonctionne comme une (grosse) entreprise
financièrement autonome, c'est être homme de terrain et homme de
dossier, c'est être camarade de 200 collègues aux métiers divers et être
parangon de rigueur, c'est être ferme et ouvert... C'est une vocation.
Tout simplement. Jean-Marc Jacob, commandant de la 57 depuis le mois de
septembre 2001, quittera Carcassonne pour Montauban au mois de janvier,
pour un second commandement «plein» dans sa carrière. Un retour en
Tarn-et-Garonne et plus près de ses bases, de ses racines, pour
l'officier qui fut déjà capitaine de la 28. |
Un métier aux 1001 facettes |
«Il convient toutefois de souligner le fait que le maintien de l'ordre,
en l'occurrence, ne représente que 10% de l'activité de la CRS sur un
an. Les 4 sections «véloces» d'intervention se distinguent sur bien
d'autres registres», souligne-t-il. Depuis le début de l'année, les
hommes de la 57 ont effectué 24 déplacements, partout en France. Et
assuré une multitude de missions sur le grand arc méditerranéen.
Missions de sécurité routière, par exemple, avec quelque 3735 timbres
amendes dressés. Missions de surveillance générale, aux frontières en
particulier, dans le cadre de la lutte antiterroriste. Missions de
police enfin, avec quelques «bons coups» tels que la récente découverte
de plusieurs centaines de kilos de drogue dans un camion près de
Perpignan. Et 192 mises à disposition suite à des infractions pénales...
«Vous l'avez compris, être CRS, c'est ne jamais vivre la même chose,
c'est avoir toujours un pied en l'air, vivre en collectivité, être
toujours disponible, dans un contexte de rigueur et de discipline. C'est
pour toutes ces raisons que nous faisons un métier difficile mais
passionnant!» |
Portrait. Charles François a intégré la CRS 57 en 1949. |
De la Résistance à la CRS Charles François, bien connu des Carcassonnais pour ses fonctions de président de l'association des combattants volontaires de la Résistance, est l'un des « vétérans » de la « 57 ». Il l'intégra en 1949, cinq petites années après sa création au casernement Bouttes-Gach, route de Toulouse. « Je me suis engagé dans l'armée pendant la guerre. Je me suis marié en 1941 et suis entré dans la Résistance en 1943 au sein du réseau Gallia où j'opérais en tant qu'agent de renseignement des troupes de Narbonne et Lézignan », raconte Charles François, 84 ans, la mémoire infaillible. «Ensuite, la guerre terminée, je me suis trouvé sans travail, avec deux enfants. J'avais un goût pour les métiers de la sécurité et de l'armée. J'ai donc intégré la compagnie républicaine de sécurité et après un stage à Sens, j'ai été nommé à Carcassonne », poursuit cet « enfant du Minervois ». Il officiera à la 57 jusqu'à l'âge de 45 ans, « limite maximale » à l'époque, où il rejoindra la sûreté urbaine dans la Loire puis à Carcassonne où il prendra sa retraite avec le grade de « brigadier à galon ». Du contexte général difficile dans lequel il exerça son métier (lire ci-dessous), Charles François se remémore avec émotion un face à face à Nantes à la fin des années cinquante, où avec deux compagnies incomplètes il s'est trouvé face à 8 000 « métallos », attendant des renforts… « qui ne sont toujours pas arrivés ». Comme bon nombre de CRS audois, il garde également un souvenir ému de toutes les révoltes vigneronnes, notamment des affrontements à Puichéric, « où il fallut se battre avec des copains, des voisins… » Ce qui, en soit, fait toute la difficulté du métier de CRS. «On était faits pour les coups et la débrouille» De sa carrière, Charles François retiendra la camaraderie, l'amitié qui le liait avec ses collègues. Une complicité totale, encore d'actualité aujourd'hui, et liée à la dureté des missions et au déracinement des hommes. Difficultés « techniques» également. « Au début, on n'avait rien, c'était le système D et des déplacements difficiles, comme en Algérie où je me suis rendu en 54, en 55, en 56 à Alger et en 57-58 ! À l'époque, les CRS étaient faits pour les coups à tous les sens du terme et les gros trucs. Nous étions de surcroît, corvéables 24 heures sur 24. Il fallait se serrer les coudes pour tenir le coup», raconte-t-il. Et de se réjouir de ce qu'est devenu son métier même si, dit-il, « la bonne franquette, c'est terminé ! ». |
1944-2004 : la Grande
Histoire, les histoires... |
Les compagnies républicaines de sécurité (CRS) ont été créées en 1944
par le général De Gaulle, dans le cadre du programme d'action de la
Résistance, adopté par le conseil national de la Résistance en mars
1944. Il s'agissait à l'époque d'instaurer un «ordre social plus juste». Il fut créé dans l'ensemble du territoire des forces mobiles de police appelées «Compagnies Républicaines de Sécurité». Ces forces ont été groupées dans chaque région sous l'autorité d'un commandant régional placé sous les ordres du secrétaire général pour la Police de la Région. À Carcassonne, les CRS succèdèrent donc aux GMR basés route de Toulouse à Bouttes-Gach (où se trouvent aujourd'hui les locaux de la mutualité de l'Aude). Beaucoup de ces anciens GMR qui se sont illustrés dans la Résistance, seront à l'origine de la CRS 163, créée en 1945 et qui deviendra CRS 57 en 1963. Les débuts furent difficiles, bien sûr, en raison du contexte tourmenté et de la Nation française à reconstruire. Le Système D, longtemps, régna en maître et les «anciens» se souviennent encore du remplacement des antiques camions bâchés par des autocars comme d'un jour de fête... Les années 50 furent non moins agitées avec l'enlèvement du barrage des viticulteurs à Puichéric en 51 et les premiers départs pour l'Algérie et le Larzac au tournant des années 60 La «57» connaîtra à son tour les tourments : ceux de mai 68 à Toulouse, Nantes puis Paris, ceux du printemps 76 à Montredon où dans les affrontements avec les vignerons un commandant perdit la vie. En 1992, les mineurs de Salsigne prendront possession de la ville de Carcassonne avec leurs brouettes de 100 tonnes durant 83 jours, jusqu'à un assaut «viril et sans haine» qui mit fin aux incidents. |
Demain. |
Ils souffleront les bougies en Avignon avec les vignerons Les policiers auront en tête l'ordre du jour de leur directeur central, Jacques Lamotte, qui sera prononcé à Paris demain. « Depuis 60 ans, les CRS sont sur tous les fronts où la paix publique et la sécurité des citoyens doivent être consolidées. Elles servent leur pays avec foi. Ce sont des force sûres, professionnelles, éprises de tradition, mais ambitieuses et tournées vers la modernité. Leur histoire, leur éthique, leurs épreuves, d'une certaine manière leur légende constituent un socle qui sans cesse s'affermit et leur permet de préparer l'avenir. Mobiles, flexibles, aptes à toutes les missions de soutien, à la gestion transparente et précise voire exemplaire aux moyens et aux techniques novateurs, modèles pour nombre de pays étrangers ; oui nos unités affichent décidément leur volonté de toujours avancer (...)», indique l'ordre du jour.
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