Histoire |
( Source
:
https://www.police-nationale.interieur.gouv.fr/Presentation-generale/Histoire |
|
HISTORIQUE |
Le mot " police " appelle quelques précisions
terminologiques. Il vient du latin politia qui, lui-même, trouve son
origine dans le grec politeia (art de gouverner la cité), lequel dérive
du mot polis (cité, ville). En vieux français, pollice signifiait "
gouvernement ". Au fil des ans, le mot s'est limité à la gestion d'une
cité pour acquérir son sens actuel d'organe, de règle et de mission
permettant d'assurer le maintien et le rétablissement de l'ordre public. |
IL Y A LONGTEMPS... |
A la chute de l'empire romain, les édiles chargés de
la police disparaissent. Le pouvoir est atomisé entre une multitude de
seigneurs féodaux. Maîtres de leurs fiefs, ils y exercent tous les
pouvoirs, y compris celui de justice. |
Au haut moyen-âge, le pouvoir de police se confond
avec celui de justice, le même seigneur élucidant l'infraction et
châtiant son auteur. |
Tout le travail de reconquête du pouvoir par les
rois de France va consister à retirer progressivement des prérogatives
aux seigneurs féodaux. |
LA CAMPAGNE ET LES VILLES. |
L'affermissement du pouvoir royal aux XIIème et
XIIIème siècles réduit les affrontements entre féodaux, mais des
batailles avec des puissances extérieures se déroulent sur notre
territoire, pendant lesquelles les déserteurs et autres mercenaires
licenciés pillent les pays. Un corps ancien, la maréchaussée, est chargé
de contrôler et surveiller les gens de guerre. Ces gens d'armes ont
compétence sur tout le royaume, à l'exception des villes. Ils sont
requis lorsque le représentant local du roi est dépassé. |
Au XIVème siècle, la hiérarchie royale s'établit
comme suit : prévôt dans les prévôtés (de la taille d'une châtellenie ou
fief, une grosse commune rurale d'aujourd'hui), bailli ou sénéchal dans
les bailliages ou sénéchaussées (de la taille d'un comté, environ d'un
quart département). |
Ils cumulent des pouvoirs d'administration, de
police et de justice. Cette hiérarchie est plus tard coiffée par les
intendants, que l'on peut apparenter à nos préfets. |
A côté de cette criminalité rurale, le développement
des villes fait apparaître une délinquance typiquement urbaine. |
CHEVALIER DU GUET ET
COMMISSAIRES AU CHATELET (XIIIème et XIVème
s.). |
Des ordonnances de police vont tenter d'apporter des
solutions à des problèmes ponctuels. Ainsi, pour Paris : |
- la création par Saint-Louis, en 1254 du chevalier du
guet. Assisté de 20 sergents à cheval et de 26 sergents à pied, il est
chargé d'assurer la sécurité de Paris la nuit. " Bonnes gens, dormez en
paix ! ". Dans les années qui suivent, le dispositif se répand
rapidement dans toutes les villes du royaume ; |
- la création en 1306 par Philippe le Bel des
commissaires examinateurs au Châtelet. Egalement magistrats portant la
longue robe, symbole du plein exercice du pouvoir judiciaire, ils sont
chargés de lutter contre la criminalité dans un quartier de Paris ; |
- La création en 1526 du lieutenant criminel de robe
courte (symbole du pouvoir judiciaire limité à sa mission) pour lutter
contre les mendiants, vagabonds et autres marginaux. Il peut se faire
assister par les commissaires examinateurs. |
Aucune de ces mesures ne parvient cependant à
juguler l'augmentation constante de la délinquance (la cour des miracles
date du XVIème siècle) car il n'existe ni coordination, ni approche
générale du problème. Ce constat est établi par l'édit de mars 1667 qui
dispose que " les fonctions de justice et de police sont souvent
incompatibles et trop étendues pour être exercées par un seul officier
(fonctionnaire) ". Cet édit tente de remédier aux errements précédents. |
LA LIEUTENANCE DE POLICE
(1667 - 1789). |
" La police consiste à assurer le repos du public et
des particuliers, à protéger la ville de ce qui peut causer des
désordres ". L'édit que présente Colbert à Louis XIV en mars 1667
résulte de l'évolution des mœurs françaises depuis quelques siècles en
matière de sécurité publique. Il envisage une approche globale de la
criminalité et constitue l'acte fondateur de la police sous l'ancien
régime en clarifiant une situation héritée du moyen-âge. |
La charge de lieutenant de police qu'il institue a
pour but de créer un pouvoir autonome veillant à la bonne marche de la
cité, quelque pression qu'il puisse subir. |
Paris est la première ville concernée par cette
mesure. Nicolas de la Reynie y est le premier lieutenant général de
police, charge qu'il occupe de mars 1667 à janvier 1697. Juge puis
maître des requêtes au conseil d'Etat, il a une connaissance complète
des institutions. Tous les lieutenants généraux qui lui succéderont
auront une formation analogue. Nommé par le roi, le lieutenant de police
est révocable ad nutum. |
Si l'édit confère au lieutenant de police certaines
missions (la lutte contre la délinquance, l'incendie, l'inondation ; la
police économique, des mœurs, etc), il laisse Nicolas de la Reynie
organiser son administration en rassemblant sous son autorité les
anciennes institutions. |
Les commissaires examinateurs au Châtelet deviennent
des commissaires de police, leur nombre est porté à 48. Répartis entre
les 17 quartiers de Paris, ils rendent compte quotidiennement de leur
activité au lieutenant général. |
Nicolas de la Reynie compte aussi sur un réseau
d'indicateurs rémunérés : les mouches en liberté et les moutons en
prison. |
Il peut aussi requérir les forces de l'armée, soit
la maréchaussée d'Ile-de-France, soit la garde de Paris (environ un
millier de gardes des portes et murailles de Paris). |
Surtout, le lieutenant général de police s'appuie
sur des bureaux (métiers, marchés, écoles, archives, etc.). |
Informels sous la Reynie, ces bureaux sont
officialisés par le marquis d'Argenson, qui succède à la Reynie de
janvier 1697 à janvier 1718. |
En 1708, il fait assister les commissaires de police
par des inspecteurs de police, dont le nombre varie selon les crédits.
Le chevalier du guet de Paris, aux ordres du lieutenant général de
police, fournit le concours de ses 150 hommes. |
Très rapidement, ce système du lieutenant de police
a produit des effets remarquables sur la criminalité et est étendu à
toutes les grandes villes du royaume. Il perdure jusqu'à la révolution. |
LA REVOLUTION FRANCAISE
(1789 - 1799). |
En 1789, la police royale ne prévoit pas l'ampleur
des troubles qui se multiplient depuis 1787. Elle va disparaître avec le
régime. |
Dès le 13 juillet 1789, soit la veille des émeutes
au cours desquelles les portes de la Bastille sont forcées, une garde
nationale de Paris se constitue pour assurer la sécurité intérieure et
extérieure de la ville. Après le 14 juillet, la commune de Paris procède
à l'élection d'une municipalité qui crée elle-même, le 25 juillet, un
comité provisoire de police, sûreté et tranquillité, l'un des tous
premiers comités. |
Le rôle du lieutenant de police est alors assuré par
le maire. Des lois d'août et septembre 1791 officialisent cette
situation de fait et les villes de province se dotent de systèmes
analogues. |
Une loi du 27 juin 1790 tente une réorganisation de
la police parisienne en créant 48 commissaires de police (soit un par
section nouveau nom des quartiers), assistés dans chaque section par 16
commissaires de section. Ceux-ci deviennent bientôt (loi du 29 septembre
1791) des officiers de paix tandis que les commissaires de police sont
placés sous les ordres directs du maire. Tous sont élus. |
Au fur et à mesure du remaniement territorial
(création des départements), cette organisation est appliquée aux villes
de province en fonction des nécessités. |
Devant l'intensification des troubles et les luttes
de pouvoir, le comité de sûreté générale, puis le comité de salut public
réorientent le travail de la police vers la lutte contre les " suspects
", c'est-à-dire tous citoyens aux sentiments révolutionnaires douteux
qu'il convient de présenter au tribunal révolutionnaire. |
Toutes d'exception, les lois sur la police sont
innombrables. |
Le Directoire crée le ministère de la police
générale (la loi du 2 janvier 1796) dont le but est de lutter contre
l'insécurité généralisée. Les législateurs veulent une police forte pour
remédier aux troubles révolutionnaires persistants qui ne peuvent que
déstabiliser un régime politique faible. |
Quelques mois plus tard (brumaire an IV), un code
des délits et des peines est promulgué dont un article dispose que " la
police judiciaire recherche les délits et les crimes...en rassemble les
preuves et en livre les auteurs aux tribunaux ". Toutefois, cette
naissance textuelle de la police judiciaire ne s'accompagne encore
d'aucune concrétisation dans les faits. |
Malgré quelques beaux succès, l'installation de
commissaires de police dans toutes les villes de plus de 5.000 habitants
en septembre 1796 n'empêche pas la criminalité de galoper, ni les coups
d'Etat de se tenter. |
Les ministres de la police générale se succèdent
(neuf en trois ans et demi) jusqu'à la nomination de Fouché, ancien
député de la Convention, en juillet 1799. Après le coup d'état du 18
brumaire an VIII qu'il a favorisé, il donne une impulsion nouvelle à
l'institution policière. |
LA POLICE IMPERIALE
(1799 - 1815). |
Dès sa prise de pouvoir, Bonaparte s'attache à
réformer l'Etat. La loi du 28 pluviôse an VIII (17 février 1800) refond
les structures étatiques. |
·
A Paris, siège de
tous les coups d'Etat et révolutions, il met en place une puissante
préfecture de police, héritière de la lieutenance de police. Le préfet
de police a en charge la police criminelle de droit commun, la police
administrative et la police de renseignement. Son principal objectif est
d'étouffer toute velléité de rébellion contre le pouvoir central. |
·
En province, dans
toutes les villes de plus de 5.000 habitants, un commissaire de police
est nommé par le gouvernement et placé sous l'autorité du préfet ou du
sous-préfet. Au delà de 10.000 habitants, un commissaire de police
supplémentaire est affecté par tranche de 10.000. Au delà de 100.000
habitants et dans quelques villes stratégiques n'atteignant pas ce
seuil, un commissaire général est désigné. |
·
En milieu rural et
dans les villes de moins de 5 000 habitants, les pouvoirs de police sont
exercés par la gendarmerie nationale et les gardes-champêtres. Mis en
place sous le Consulat, ce système s'étend aux territoires conquis
durant l'Empire. |
La méthode de Fouché, qui restera à ce poste jusqu'à
sa disgrâce en 1810, s'appuie sur le quadrillage administratif très
serré qu'autorise la nouvelle organisation. Le recours à des indicateurs
rémunérés et la pratique du " cabinet noir " entraînent un afflux très
important de renseignements. Les fichiers font leur apparition. Un
bulletin quotidien est rédigé à l'attention de l'empereur. |
Menée avec un maximum d'efficacité et un minimum de
violence, la méthode produit des résultats remarquables. La criminalité
chute pour atteindre un niveau jamais atteint ; il est vrai que dans le
même temps, les guerres incessantes entraînent loin du pays des jeunes
gens en âge de commettre des infractions. |
En 1811, des directeurs généraux peuvent être nommés au-dessus des commissaires généraux. |
LA
RESTAURATION MONARCHIQUE (1815). |
En réaction à l'Empire centralisateur, la
Restauration revient à un système de décentralisation proche de celui
des révolutionnaires, en plaçant les structures policières sous
l'autorité des municipalités. Le ministère de la police générale est
alors réduit au rang d'une simple direction du ministère de l'intérieur
(1818). |
Seule Paris, capitale où l'esprit révolutionnaire
demeure, conserve sa préfecture de police, alors employée comme police
politique. Le préfet de police rend directement compte au roi, nomme et
révoque les commissaires de police selon son bon vouloir. Des
inspecteurs en civils sont recrutés de la même façon et rapidement
surnommés les " en-bourgeois ", dont l'inspecteur Javert, décrit par
Victor Hugo dans Les misérables, est l'archétype. |
LA PREMIERE POLICE EN UNIFORME
DU MONDE (1829). |
La criminalité se développe, favorisée par une
situation économique et sociale qui ne s'améliore pas. |
En 1829 (loi du 12 mars), les sergents de Paris sont
institués. Portant tricorne et épée, ils sont chargés de veiller à la
paix publique et constituent la première force de police en uniforme du
monde. Ces sergents de ville, dont les plus méritants peuvent être
promus brigadier (grade créé en 1830) sont placés sous les ordres
d'officiers de paix qui répondent eux-mêmes à ceux d'un commissaire
appelé chef de la police municipale à Paris. Ce système est mis en place
dans les grandes villes du royaume et perdurera sous Louis-Philippe
après la révolution de juillet. |
DECLIN DES POLICES MUNICIPALES
(1848 - 1884). |
Cette organisation des services de sécurité publique ne subit que peu d'évolution jusqu'à la seconde guerre mondiale. |
L'euphorie, qui accueille
l'abdication de Louis-Philippe le 24 février 1848, laisse la place à
l'insurrection puis à la révolution. Le 15 mai, un coup d'Etat est
tenté. Du 23 au 26 juin, des manifestations de chômeurs tournent à
l'émeute (plus de 5.500 morts). |
Louis-Napoléon Bonaparte est élu président de la
République au suffrage universel le 10 décembre 1848. |
Une ordonnance du 8 avril 1849 rétablit les
sergents de ville, dissous après la chute de Louis-Philippe en raison de
leur action contre les journaux d'opposition. |
En 1851, une préfecture de police est créée à Lyon
sur le modèle parisien. |
Le coup d'Etat du 2 décembre 1851 et l'avènement du
second Empire s'accompagnent d'un renforcement des pouvoirs des préfets
de police. Celui de Paris prend le contrôle d'un ministère de la police
générale éphémèrement recréé, qui redevient très vite une simple
direction du ministère de l'intérieur. |
En 1853, les banlieues de Paris et de Lyon passent
sous l'autorité des préfets de police. |
Le dispositif est jugé satisfaisant et, en 1855
(loi du 5 mai), toutes les villes de plus de 40 000 habitants voient la
création d'une préfecture de police. Dans le même temps, les maires de
ces villes sont nommés par le gouvernement et non plus élus. |
Créée en 1846, la police des trains devient police
spéciale des chemins de fer (décret du 22 février 1855) placée sous
l'autorité du chef de la sûreté générale. |
Par arrêté du préfet de police du 7 septembre 1870,
les sergents de ville changent de nom ; ils deviennent des gardiens de
la Paix publique. Leur uniforme est modifié, le bicorne est remplacé par
le képi. En 1871, Jules Ferry met à disposition de la préfecture de
police la caserne de la Cité pour en faire son siège. Cette caserne
ayant été bâtie sur l'emplacement de l'ancien marché aux volailles de
Paris le sobriquet de poulet est alors donné aux policiers. |
LA POLICE DE LA TROISIEME
REPUBLIQUE (1884). |
Les travaux des parlementaires de la nouvelle
république aboutissent à la loi du 6 avril 1884 qui a pour but de
concilier l'idéal républicain avec la nécessité de maintenir un ordre
public souvent mis à mal. Elle répartit les pouvoirs de police entre les
maires et les préfets selon le nombre d'habitants (Paris n'est pas
concernée par ce texte) : |
-- < 5.000 hab. : Le maire exerce la police et dispose
d'un ou plusieurs gardes-champêtres qu'il recrute librement. Pour les
affaires d'importance, il peut recourir à la gendarmerie nationale. |
-- 5 à 40.000 hab. : Le commissaire de police, sous
les ordres du maire mais nommé et géré par la direction de la sûreté
générale du ministère de l'Intérieur, dirige la police municipale qui "
a pour objet d'assurer le bon ordre, la sûreté et la salubrité publique
". Le préfet exerce des contrôles, se substitue aux autorités
municipales négligentes, agrée les personnels de la police municipale et
a seul le pouvoir de les révoquer. |
-- > 40.000 hab. La police municipale est organisée
par décret du président de la République, pris sur proposition du
ministre de l'Intérieur conseillé par le préfet. |
LA NAISSANCE DE LA POLICE
TECHNIQUE (Alphonse
Bertillon) ET SCIENTIFIQUE (Edmond Locard) |
A côté de cette réforme structurelle, la police
bénéficie des progrès de la technologie. |
En 1882, la préfecture de police se dote d'un
service d'anthropométrie, puis d'un service photographique. Son chef
depuis 1888, Alphonse Bertillon, est nommé chef du service de l'identité
judiciaire le 16 août 1893. Il introduit la méthode de signalisation
anthropométrique des individus arrêtés (système copié dans le monde
entier), puis se convertit à la dactyloscopie (observation des
empreintes digitales) et invente la dactylotechnie (prélèvement et
comparaison des empreintes). |
En 1902, un criminel est pour la première fois
confondu par ce procédé et la préfecture de police se dote d'un service
dactyloscopique (1903). |
En matière de police scientifique, le Professeur
Edmond Locard ouvre le premier laboratoire de police scientifique à Lyon
en 1910, selon le principe qu'il a établi : "nul individu ne peut
séjourner en un point sans y laisser la marque de son passage, surtout
lorsqu'il a dû agir avec l'intensité que suppose l'action criminelle".
Les autres laboratoires de police scientifique ouvrent progressivement
leurs portes entre les deux guerres. |
LA PREMIERE ECOLE DE POLICE DU MONDE. |
Le 30 juillet 1883, une école pratique de la police
municipale ouvre ses portes au sein de la caserne de la Cité, siège de
la préfecture de police. Cette école est destinée à former aux
spécificités de leur métier les futurs gardiens de la paix dont beaucoup
sont d'anciens militaires. |
En 1914, renommée école pratique et professionnelle
de la police municipale, elle permet aux gradés de police de recevoir
une formation complémentaire. Un film pédagogique intitulé : Ce que doit
être son attitude et ce qu'elle ne doit pas être est en particulier
utilisé. |
En 1922, une coopération avec le milieu
universitaire prend forme avec la création de l'Institut de Criminologie
de Paris. |
LES BRIGADES DU TIGRE. |
Les progrès technologiques et pédagogiques ne
suffisent pas pour lutter efficacement contre de nouvelles formes de
criminalité (attentats anarchistes, retour des bandits de grands
chemins, jeunes délinquants marginaux, dits apaches, agressant les
bourgeois, etc....). Les juges d'instruction, qui diligentent alors
seuls toutes les enquêtes au delà des délais de flagrance, sont débordés
et contraints à déléguer enfin à la police des actes d'instruction,
comme prévu dans le code de Brumaire repris dans le code d'instruction
criminelle de 1808. |
Le besoin d'une police judiciaire conduit le
président du Conseil et ministre de l'intérieur Georges Clémenceau à
créer des services chargés de " seconder l'autorité judiciaire dans les
recherches et la répression des crimes et délits de droit commun ". |
Le 30 décembre 1907, naissent donc douze brigades
régionales de police mobile, chacune placée sous l'autorité d'un
commissaire divisionnaire assisté de trois commissaires de police et dix
inspecteurs. Tous officiers de police judiciaire, ils sont rattachés à
la sûreté générale du ministère de l'intérieur, érigée en service
autonome depuis 1887. |
L'efficacité de ces brigades mobiles fait leur
gloire. Elles sont très vite surnommées les brigades du tigre, surnom
politique de Clémenceau en raison de sa ténacité. |
Ces brigades font immédiatement appel aux
techniques de police scientifique (dactyloscopie, analyses
toxicologiques, balistique, etc.). |
En 1913, une treizième brigade mobile est créée à Paris. |
LA FIN DES POLICES
MUNICIPALES. |
Plusieurs villes connaissent une étatisation de
leur police municipale, sous l'autorité des préfets de département,
tantôt en raison d'une administration insuffisante (Marseille en 1908,
Toulon en 1918, Nice en 1920) ou pour les besoins de la gestion de
l'ordre public et de la sécurité (Strasbourg, Mulhouse et Metz en 1925,
région parisienne en 1935). |
Par ailleurs, les créations successives de
structures nouvelles imposent une réorganisation des services. |
Par les décrets-lois de 1934 et 1935, la sûreté
générale est réorganisée en sûreté nationale, qui comprend dorénavant
l'ensemble des services de police de France, à l'exception de la
préfecture de police de Paris qui conserve un statut particulier :
police municipale d'une ville qui n'a pas de maire, elle est dirigée par
un préfet ; ce qui s'explique par la crainte politique des révolutions
qui se font souvent dans la capitale comme tend à le confirme la journée
insurrectionnelle du 6 février 1934 (17 morts, 770 blessés). |
La police spéciale devient service des
renseignements généraux (1937, Front populaire). |
Ces réformes ne suffisent pas à corriger la
multiplicité des commandements, l'absence de coordination, la diversité
des personnels, la disparité des statuts et des rémunérations,
l'inégalités des budgets municipaux. |
La seconde guerre mondiale survient en plein débat en faveur d'une police d'Etat. |
L'ETAT FRANCAIS
(1941). |
Pour asseoir son autorité, le gouvernement du
maréchal Pétain pratique une épuration massive des cadres (plus de 50%
des préfets et des commissaires sont révoqués) et une réforme profonde
des structures de police : la police nationale est créée et dirigée par
un secrétaire général pour la police, chef d'une direction générale de
la police nationale. |
Par la loi du 23 avril 1941, la police nationale
est instituée dans toutes les communes de plus de 10 000 habitants, et
dans les communes plus petites désignées par arrêté du ministre de
l'Intérieur. Paris conserve son statut particulier. |
La police nationale s'organise au niveau régional,
où un préfet est chargé de la police, assisté d'un intendant de police
et des services régionaux de police. Chaque département comprend un
district de police, dirigé par un commissaire chef de district,
subdivisé en circonscriptions de police dirigées par un commissaire
central ou un commissaire de police selon l'importance. |
Un statut de la fonction publique policière est
élaboré. |
Il prévoit le recrutement par concours pour le plus
grand nombre, et sur titres pour certaines fonctions. Les carrières sont
gérées par le ministre de l'Intérieur pour les cadres supérieurs, le
préfet pour les autres. L'avancement se fait au choix. |
La formation professionnelle est organisée à
l'échelon national avec l'ouverture de l'école nationale de police de
Saint-Cyr-au-Mont-d'Or. |
Tous les personnels des polices municipales sont
intégrés dans la nouvelle police nationale. |
VERS UNE POLICE D'ETAT
(1944). |
A la Libération, l'ordonnance du 16 novembre 1944
rétablit la direction générale de la sûreté nationale. Rattachée au
ministère de l'intérieur, elle comprend quatre grandes directions
actives : police judiciaire, sécurité publique, renseignements généraux
et surveillance du territoire, ainsi que des directions administratives
: personnel et administration, matériel, étrangers. |
Au sein de la direction de la sécurité publique,
une sous-direction des compagnies républicaines de sécurité est créée,
qui sera érigée en réserve générale de la police nationale après les
grands mouvements de grève de 1947. |
Le principe est conservé d'une police d'Etat dans
les villes de plus de 10 000 habitants.La préfecture de police de Paris,
dont les personnels sont qualifiés " d'homologues " de ceux de la sûreté
nationale, ne relève pas de cette nouvelle direction générale. |
Quelques réformes interviennent ensuite : |
- en 1954, les inspecteurs de police sont renommés
" officiers de police " ; |
- en 1961, le service central de coopération
international est fondé dans le but de former les polices des pays de
l'Afrique francophone. |
LA POLICE NATIONALE
(1966). |
La loi du 9 juillet 1966 institue la police
nationale, qui rassemble les personnels de la sûreté nationale et de la
préfecture de police de Paris. |
Tandis qu'une direction générale de la police
nationale est créée au sein du ministère de l'intérieur, le préfet de
police de Paris demeure le chef des services de police et
l'intermédiaire obligé pour l'exercice de la sécurité. |
Tous les personnels deviennent fonctionnaires et
sont répartis en cinq corps : |
- Commissaires de police |
- Police en tenue d'uniforme - Police en tenue civile |
- Officiers de paix - Officiers de police |
- Gradés et gardiens de la paix - Enquêteurs de police |
- Personnel administratif, technique et scientifique |
En 1973, les missions de police aériennes et de
surveillance des migrations transfrontières croissent et justifient
qu'elles soient détachées des attributions des renseignements généraux
pour constituer le service central de la police de l'air et des
frontières. |
DES FEMMES POLICIERS |
En 1966, quelques femmes sont intégrées aux
services actifs par la voie du concours d'officier de police. |
Recrutées, dans un premier temps, pour des missions
liées à la protection de l'enfance, elle voient cette restriction
disparaître avec l'accès à tous les postes ouverts au concours
d'inspecteur de police (anciennement officier de police) en 1972, de
commissaire de police en 1974, de gardien de la paix en 1978 et
d'officier de paix en 1982. |
LA MODERNISATION DE LA POLICE NATIONALE |
Ces dernières décennies sont marquées pour la
police nationale par un important effort de modernisation qui se
manifeste notamment par : |
·
la création de
nouvelles structures spécialisées : les G.I.P.N., groupes d'intervention
de la police nationale, et le R.A.I.D., unité opérationnelle spécialisée
dans la recherche, l'assistance, l'intervention et la dissuasion ; les
offices centraux, pour les investigations dans des domaines
particuliers, notamment la grande délinquance ; |
·
une
professionnalisation de la formation : création de la direction de la
formation de la police nationale en 1999 ; |
·
les progrès de la
police technique et scientifique ; |
·
la généralisation
de l'utilisation des technologies de l'informatique et de la
communication ; |
·
le développement des
parcs de matériels : véhicules, équipements... |
Une gestion plus
adaptée des personnels qui se traduit par : |
- la diversification des recrutements (policiers auxiliaires en 1986, adjoints de sécurité en 1997) |
- la réforme des corps et carrières, déjà marquée
en 1995 par la refonte des corps (unification des gradés et gardiens de
la paix et des enquêteurs de police dans le corps de maîtrise et
d'application ; réunion des inspecteurs de police et des officiers de
paix dans le corps de commandement et d'encadrement ; création du corps
de conception et de direction rassemblant les commissaires de police) ; |
- la recherche actuellement engagée d'une meilleure
répartition des responsabilités et un pyramidage des corps plus
approprié à un management moderne. |
La participation de la police nationale au défilé
du 14 juillet depuis 1996 constitue le symbole de la reconnaissance de
la nation. |