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- Le Drame de la cascade des Moulins - |
(Photos Michel Barrère) |
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Le dimanche 28 décembre 1980, avant six heures du
matin, un groupe de vingt agents de montagne des CRS, sous les ordres du
Lieutenant Michel BARRERE est à pied d'œuvre dans le massif de l'Oisans,
sur le territoire de la Commune de La GRAVE (Hautes Alpes). La cascade
se situe à la limite des Départements de l'Isère et des Hautes Alpes.
Elle prend naissance sur le plateau d'Emparis et vient s'achever au
dessus du tunnel du Grand Clos, sous lequel passe la route du Col du
Lautaret. |
Le
détachement est composé de douze hommes de la CRS 47 de Grenoble, deux
du détachement de Briançon et deux par unité, en provenance des sections
montagne des CRS de Nice, Perpignan et Lannemezan. La mission consiste à
assurer la sécurité d'un groupe de caméraman d'Antenne 2, opération
technique d'assistance et de sécurité exposée aux risques objectifs de
la haute montagne couverte par l'aval du Cabinet du Ministre de
l'Intérieur. |
L'équipe des caméramans doit effectuer une série de prises de vues d'une
cordée d'alpinistes escaladant la cascade transformée, à cette période
de l'année, en d'imposantes colonnes de glace. Il s'agit d'une nouvelle
pratique dans les sports de montagne, importée des Etats-Unis est
devenue courante dans les milieux des alpinistes de haut niveau. La
cordée destinée à être filmée est composée de grands professionnels
extérieurs à nos formations. Par ailleurs, assurer la sécurité de cette
opération comporte des risques identiques à ceux pris par les adeptes de
ce sport et il y a longtemps que les plus audacieux de nos agents de
montagne, maîtrisent les différentes techniques qui permettent de
progresser sur ce terrain. C'est d'ailleurs pour cela que la chaîne de
télévision s'est adressée aux Formations spécialisées des CRS.
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La cascade des Moulins représente une hauteur d'environ 600 mètres et se
prête tout à fait au projet des réalisateurs. Le beau temps sur les
Alpes a incité ceux-ci à avancer leur projet initialement prévu en
janvier 1981. La température négative a permis de commencer l'opération
le 26 décembre au matin et s'est poursuivie le lendemain. Les agents
spécialisés ont équipé le couloir de la cascade de cordes fixes et sur
le Plateau d'Emparis deux caravanes CRS, chaussées de skis, procèdent au
transport d'équipements composés de treuils, de cordes et de câbles pour
installer les mains courantes destinées à sécuriser la sortie.
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Le jour du drame, les agents sont en progression sur le plateau
d'Emparis, le manteau neigeux est peu important. A l'approche de l'amont
de la cascade ils avancent sur une pente assez faible où l'épaisseur de
neige, constituée par l'apport du vent de la nuit, semble compacte.
Cependant, cette partie se situe sur la bordure du déversoir du plateau.
Le risque est bien pris en compte mais plusieurs évolutions sur site ont
été opérées la veille. Le 28 décembre, la première caravane avance avec
à sa tête Michel ROUYR, montagnard averti puisqu'il a réussi le
probatoire Aspirant-Guide ; cette première équipe traverse la pente avec
ses équipements sans suspicion. La seconde caravane est dirigée par
Dominique CAUX, Aspirant-Guide. Lequel a gravi au cours de ses dernières
vacances d'été un sommet de 6000 m dans le massif de l'Himalaya. La
caravane, composée de cinq premiers de cordée : Daniel GUIGUES, Alain
DARRE, René QUENTIN, Patrick MARIE et Marc GALMARD (1) avance avec un
traîneau sur lequel se trouvent des équipements destinés à sécuriser la
progression de sortie. La progression se fait normalement lorsque CAUX
remarque une légère fissure sur la couche de neige compacte, déposée par
le vent de la nuit. Il en fait part aussitôt au Lieutenant BARRERE qui
supervise, dans le bas, la sécurisation de la première partie de
progression. Dominique CAUX précise qu'il va contourner la zone suspecte
sur une dizaine de mètres. Mais brusquement, un bruit de souffle se fait
entendre et le tapis de neige se met à glisser Avalanche, Avalanche !...
hurle Dominique CAUX dans son émetteur ...ce seront les dernières
paroles .... |
En aval, dans la première partie de progression, l'alerte a été
répercutée dans tous les récepteurs ... Les trois alpinistes en
progression ont juste le temps de se coller à la glace en plantant
profondément leurs piolets et en se retenant aux installations
sécuritaires mises en place par les CRS. Quant à l'équipe de tournage,
elle voit s'abattre sur elle de la neige, des objets, des équipements et
les corps des malheureux agents. Puis, c'est le silence, un silence
assourdissant. Le lieutenant BARRERE et ses équipiers se précipitent et
découvrent ça et là, les corps affreusement mutilés. Les cinéastes iront
se mettre à l'abri dans le tunnel du Grand Clos.
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Après alerte donnée à l'hélicoptère de la gendarmerie de Briançon,
arrivé très rapidement sur les lieux, le pilote et le mécanicien
remarquent lors du survol de la partie supérieure de la cascade, la
présence d'un agent de montagne CRS en progression juste en bordure de
la zone de déclenchement. L'équipage se pose d'abord au pied de la
cascade pour évacuation d'éventuels blessés ; puis redécolle aussitôt
pour récupérer le survivant de la caravane, l'agent de montagne Marc
GALMARD (Seul témoin du drame). |
Tous les miraculés, notamment les huit hommes, alpinistes et cinéastes
du couloir de la cascade, bénissent l'Aspirant-Guide Dominique CAUX qui
a eu l'ultime réflexe de les alerter avant d'être emporté lui même.
C'est lui qui avant de mourir, les a tous sauvés.
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L'horrible nouvelle de ce dramatique accident rappellera le drame
de l'aiguille verte, dans le massif du Mont Blanc - 1964 - où, quatorze
guides de l'Ecole Nationale de Ski et d'Alpinisme (ENSA) de Chamonix
perdirent la vie ...
C'était une plaque à vent. |
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1980-Reconnaissance du plateau d'Emparis
- Gd Loigerot- Gd Bouland- Lt Barrère |
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Nov 1980 - Reconnaissance de la cascade |
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Départ de la voie |
Première longueur |
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Leader Michel Bouland ** |
27/12/1980 Installation des cordes fixes |
I |
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L'itinéraire de la Cascade a été " ouvert" par Michel Bouland qui a mené
l ensemble des cordées CRS. Il est décédé il ya quelques années lors d
une opération de secours aux Ecrins et a été nommé capitaine a titre
posthume. Originaire des Pyrénées il avait participé avec
deux grimpeurs "civils" de premier plan à la première ascension
(forcément hivernale) de la Grande Cascade de Gavarnie (422m ). C’est en
raison de sa réputation que les cinéastes des "Carnets de l'Aventure"
s'étaient adressés aux CRS pour assurer l'assistance technique de leur
tournage. |
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Progression dans la cascade |
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Stèle sur les lieux du drame. |