C.E.M.E.A.
 
Centre d'entrainement aux méthode d'éducation active.

(Source : http://www.cemea.asso.fr/ )

 

                  A L’origine de la naissance des Ceméa, il y a l’histoire d’une époque, celle de 1936 et du Front Populaire, époque pleine de promesses, de projets audacieux, de bouillonnement d’idées neuves et de réformes sociales.

                 Si, en 1936, les vacances des adultes sont une préoccupation nationale entièrement nouvelle avec l’avènement des congés payés et de la semaine de 40 heures, par contre le souci de développer les départs en vacances des enfants est ancien. En 1900, on comptait environ 14 000 enfants en colonies de vacances pour atteindre 420 000 en 1936 et la pression était forte pour une amplification de ces séjours. Les colonies dépendaient alors du Ministère de la Santé et les préoccupations pédagogiques y restaient le plus souvent absentes.

               Plusieurs personnalités prennent alors conscience de la nécessité d’une formation des cadres, en particulier André Lefèvre, alors commissaire national des Éclaireurs de France et Gisèle de Failly, militante de l’Éducation nouvelle, agissant au sein de L’Hygiène par l’exemple. Celle-ci est persuadée que la réussite d’un séjour de colonie de vacances dépend avant tout de la compétence de son personnel. Elle lance l’idée d’entreprendre la formation de l’encadrement. À la simple surveillance, elle considère qu’il fallait substituer l’action d’éducateurs préparés à leur tâche et soutenus dans leur travail par une conception pédagogique, celle de l’Éducation nouvelle, une pédagogie qui crée des situations où chacun, enfant, adolescent, adulte, en prenant conscience de son milieu de vie, peut se l’approprier, le faire évoluer, le modifier, dans une perspective de progrès individuel et social.

                La recherche d’une méthode de formation s’est faite en coopération avec le milieu du scoutisme laïque, aboutissant à l’idée de stage pour désigner une période de formation collective.
Ce projet va être facilité par la création en juin 1936 d’un sous-secrétariat d’État aux Loisirs, rattaché au Ministère de la Santé et confié à Léo Lagrange. Celui-ci apportera un soutien actif à cette initiative.

               Après la période de l’occupation et leur dissolution sous le Régime de Vichy (1er juin 1944), les Ceméa retrouvent des conditions plus favorables à leur développement. La création d’une direction générale de la jeunesse et des sports leur permet d’obtenir les moyens matériels nécessaires à l’amplification de leur action. La direction générale de l’enseignement du 1er degré met à leur disposition des instituteurs (1951). De 1945 à 1955, le nombre de stages et regroupements organisés annuellement passe de 120 à 551, le nombre de participants à ces diverses activités passe de 3 600 à 26 584. En 1955, 324 stages reçoivent 15 458 stagiaires et en 1968, 600 stages réunissent près de 30 000 personnes.

              
Les Centres d’entraînement bénéficient aussi de la confiance du monde ouvrier (syndicats, municipalités progressistes, mouvements de jeunesse, tels les Vaillants) qui, au lendemain de la Libération, se trouvent confrontés à un besoin urgent de personnels capables d’encadrer des groupes d’enfants et de jeunes.

              
Outre la formation de cadres de colonies de vacances, se développe la formation d’autres publics, enseignants et équipes pédagogiques, équipes de santé mentale, éducateurs spécialisés et directeurs d’établissements pour l’enfance inadaptée, animateurs et responsables d’animation socio-éducative, directeurs et gestionnaires d’équipements socio-éducatifs, candidats au service civique et assistants techniques pour le Ministère de la Coopération.

             
L’idée de stages de formation pour les infirmiers psychiatriques naît de la rencontre, en 1946, du 
docteur Daumezon, alors secrétaire général du syndicat des médecins des hôpitaux psychiatriques, et de Germaine le Hénaff-Le Guillant, militante aux Ceméa, et la même année, première rédactrice en chef de la revue Vers l’Éducation Nouvelle (VEN). Très vite un groupe constitué d’instructeurs des Centres d’entraînement, de médecins et d’infirmiers psychiatriques s’implique dans les activités de formation pour les équipes soignantes.

             
Les Ceméa s’engagent aussi dans le développement culturel, pour une culture ouverte à tous, et, à la demande de 
Jean Vilar, dans l’accompagnement des publics.

             
Parallèlement à ce développement des activités, leur action continue à s’étendre sur le territoire français, avec la création de nouvelles délégations régionales, ainsi qu’à l’étranger et dans les territoires d’Outre-mer. À partir de 1946, certains stages et colloques ont lieu à l’étranger et des associations autonomes et indépendantes sont créées dans différents pays, s’unissant, en 1954 en une 
Fédération internationale des Ceméa (Ficeméa), admise par l’Unesco à bénéficier du statut d’Organisation Non Gouvernementale (ONG), en 1964.

             
La diffusion des idées, des savoirs et des savoir-faire se concrétise dans l’édition de revues et d’ouvrages : la revue 
Vers l’Éducation Nouvelle et les Éditions du Scarabée en 1946, la revue du secteur « Santé mentale », Vie Sociale et Traitements, en 1954, le bulletin des membres actifs, Instructeurs, en 1957. Belles vacances, fruit de la réunion de cinq associations d’Éducation populaire, voit le jour en 1956.

               Ce foisonnement d’actions à tous les niveaux permet à Bénigno Cacérès d’écrire en 1975 : 
« Aujourd’hui, en France, un adulte sur trente a été touché par les Ceméa »