TRANCHE DE VIE |
d'un Officier de CRS à la retraite |
L'heure de la retraite ayant sonnée, j'ai du, comme mes collègues sans
charge de famille et avec des annuités suffisantes, rejoindre
définitivement le foyer familial.
Un concours de circonstances entre la DC CRS et l'opérateur du Ministère de l'Intérieur m'a permis de postuler pour un emploi d'expert policier résident au Togo, afin d'effectuer une mission de 18 mois auprès du Ministère de l’intérieur togolais afin de permettre la sécurisation des cycles électoraux présidentiels.
A cette occasion, il a fallu recruter et former six unités de MO, former
les cadres à la gestion des grands évènements, sécuriser les cycles
électoraux mettre en place la police de proximité sur les districts,
mettre en œuvre une salle de commandement commune à l'ensemble des
forces. Tout cela s'accompagne de fournitures d'équipements, de
rénovation des bâtiments, de fournitures de moyens radio et de transport
et surtout de formations avec rédaction de documentations adaptées, dans
tous les domaines dévolus au policier (MO - PJ - service général -
renseignements - PTS etc.) Pour cela nous sollicitons des expertises
court terme (de 2 semaines à plusieurs mois) auprès des directions (CRS
- PP - SP) par l'intermédiaire de la DCI et utilisons notre propre
fichier.
Par la suite j'ai continué comme expert principal MO au Tchad pendant deux ans pour former et équiper les unités MO de la police, de la gendarmerie et de la garde nationale. A cette occasion, j'ai été rejoint pendant des périodes de plusieurs semaines par trois collégues CRS.
Ensuite, j'ai rejoint le
Mali
comme chef de mission
pour activer un appui technique aux forces de sécurité intérieure
(Police - gendarmerie et garde nationale).
Sans entrer dans les détails, nous avons rénové la maison d’arrêt,
sécuriser l'aéroport, créer des unités méharistes en acquérant 850
dromadaires dans le nord Mali ainsi que de nombreux moyens et
équipements individuels et collectifs, former les unités judiciaires et
de maintien de l'ordre des trois forces. A cette occasion, trois équipes
CRS d'actifs sont venues pour les formations et ont accomplies encore un
excellent travail.
Puis je suis parti comme chef
de mission en République
Centrafricaine pendant 8 mois pour
former et équiper quatre unités MO de gendarmerie et deux sections de
police en mission Brigade Anti-criminalité.
A cette occasion, nous avons constitué une équipe d'expertise constituée
d'actifs CRS (10) PP (4) gendarmerie (1) et de retraités gendarmerie (1)
SP (1) et CRS
Ce fut une véritable richesse et je souligne la parfaite coordination
avec la DC CRS qui nous a fournit les deux équipes qui
ont montré un professionnalisme reconnu tant par les autorités locales
que les responsables de l'Union Européenne, bailleur de tous
ces projets.
La première expérience de sécurisation des cycles électoraux au Togo en
2010 s'étant parfaitement déroulée, j'ai rejoint
le Togo
pour une mission identique pendant
8 mois concernant l'élection présidentielle de 2015. Nous avons
mobilisé à nouveau une forte équipe (16) d'experts retraités CRS
gendarmes
et sécurité publique, des actifs CRS , Préfecture de Police, et Sécurité
Publique.
Je précise à cette occasion que les relations tant dans le travail que
lors des activités extra professionnelles, font abstraction des grades,
appartenance, ancienneté et que chacun a su trouver sa place dans cette
mosaïque permettant de se quitter avec beaucoup de souvenirs et de
regrets.
Maintenant je suis en
Guinée Conakry depuis
bientôt trois ans pour continuer ce
parcours et rejoindre, mais dans plusieurs mois la France
définitivement.
J'ai en charge la coordination des projets de l'Union Européenne en
faveur du Ministère de la sécurité (protection civile - école de police
- police de proximité - appui institutionnel - gouvernance -
communication - visibilité) avec une équipe permanente de douze experts.
Ici aussi, les activités permettent de mobiliser des actifs et des
retraités dont certains arrivent bientôt pour plusieurs semaines dans le
cadre des formations des unités MO.
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Ces nouveaux métiers que nous pouvons réaliser grâce à nos expériences
de management et de gestion que nous avons apprises au long de notre vie
professionnelle et apporter le concours des CRS qui demeurent une
référence dans ces pays. Si les missions court terme sont très appréciées, celles nécessitant une présence longue et continue dans ces pays peu touristiques sont encore délaissées alors que les opérateurs qui œuvrent sur les projets de l'UE soulignent le professionnalisme des experts issus des CRS, habitués aux déplacements et à la nécessité d'adaptation en toutes circonstances.
Ces missions permettent une approche nouvelle professionnelle car il
faut s'investir dans des domaines inédits (appels d'offres - procédures
administratives et financières européennes - gestion des fonds - contact
permanent avec les ambassades de l'UE et de la France et les hautes
autorités locales ainsi que des directions actives de la police
française - management des équipes d'expertises dans des domaines qui ne
nous sont pas familiers etc.).
Ces missions restent source de satisfaction pour qui reste dans l'esprit
des CRS (disponibilité - esprit d'initiative - faculté d'adaptation). Il
faut s'attendre à œuvrer avec beaucoup d'initiative, découvrir des
personnages insolites, des situations cocasses, des rencontres
passionnantes, et beaucoup donner avec un retour aléatoire.
Partir pour des missions longues sur ce continent, souvent seul car le
tourisme ne se pratique pas dans des pays où les conflits demeurent,
nécessite surtout de vouloir partager avec l'inconnu et ne pas compter
son temps tout en profitant de cette nouvelle vie.
Merci aux Compagnies Républicaines de Sécurité qui m'ont permis de vivre
cette expérience". |
Jacques Bes |