TRANCHE DE VIE | ||||||||||||||||
de Victor Jourdan | ||||||||||||||||
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Réfractaire au Service de Travail Obligatoire (STO) (1), je rejoins le village de Saint-Véran (Hautes Alpes 2050m) en mars 1943 (J'ai 19 ans). | ||||||||||||||||
Le maire de ce village rassemble les paysans dans une ferme et ceux ci décident de me confier un troupeau de chèvres. Je peux ainsi échapper au STO. | ||||||||||||||||
Je suis logé dans une cabane en bois à quelques centaines de mètres du
village et je dispose de sacs de jute pour me couvrir. La nourriture
m’est fournie chaque jour en fonction du nombre de chèvres gardées, soit
une « tasque » (musette) par jour. Je n’ai plus de semelles et je suis
obligé d’entourer mes chaussures avec des chutes de sac de jute que je
fixe avec du fils de fer, pour suivre le troupeau |
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En juillet et
août 1943 des camarades fuyant comme moi le STO me rejoignent,
mais pour ceux-ci il n’y a pas d’emploi….. Je partage ma ration
alimentaire, toujours égale, dans ma tasque journalière, mais à quatre,
la nourriture manque. |
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Nous décidons alors, à l’insu du berger, d’étrangler des moutons pour
nous nourrir. Nous mangeons ces moutons à demi cru car à plus de 2500m
d’altitude, il y a plus
d’herbe gelée que de bois pour faire du feu ; nous mangeons aussi
parfois des marmottes. |
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A Saint-Véran en 1943, une mine de cuivre et or (le peu d’or présent
était recherché à la batée après avoir concassé le minerai) est dirigée
par monsieur Wendel (suisse). Les allemands ne contrôlent
apparemment pas directement la mine et plus de cent mineurs échappent
ainsi au STO. |
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Entrée d'une galerie de la mine de cuivre | ||||||||||||||||
Nous donnons aux jeunes mineurs le complément de notre viande de mouton,
car comme nous ils ont faim. |
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Cette viande transportée dans des sacs tyroliens a malheureusement
intoxiqués les mineurs. Cette intoxication est heureusement sans gravité
mais les paysans ayant appris l’origine de la maladie font l’inventaire
du troupeau de mouton. |
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Bien entendu, il en manque, si deux
de mes camarades purent s’échapper, je dois, contraint par les paysans,
entrer dans ma cabane avec deux camarades et nous y sommes enfermés
et la porte cadenassée. Les gendarmes sont prévenus. |
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Une personne âgée, madame veuve Isnel est chargée de nous
ravitailler à travers les barreaux de ma cabane. Possédant les clés du
cadenas, elle prend sur elle la responsabilité de nous libérer.
(quelques années après la guerre, je me suis rendu à Saint-Véran. Au
cimetière derrière l’église, j’ai pu constaté que madame Isnel avait
vécu près de cent ans –j’en fus heureux). |
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Dans notre fuite nous croisons les gendarmes entre Saint-Véran et
Ville-Vieille, ils sont très compréhensifs. |
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De retour à Marseille mon ami George Vidal et moi-même passons le
concours de gardien de la Paix. |
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Le 5 octobre
1943, nous sommes affectés au Groupe Mobile de Réserve
GMR
« Camargue » situé au château Saint Thys dans le quartier de Saint loup
à Marseille (qui deviendra plus tard la CRS 151)
(2). Là, nous recevons une instruction militaire durant 6 mois.
Je fais donc parti d’un peloton du GMR « Camargue » commandé par le
lieutenant Charles Dervaux. |
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Château Saint Thys | ||||||||||||||||
En déplacement en Saône et Loire, le
27 mai 1944
le Lieutenant prend contact avec les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI)
de l’Armée Secrète (AS) et le
10 juin 1944,
après une prise d’arme au monument aux morts de la ville de « Louhans »
nous prenons la direction du maquis. |
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Nous sommes affectés au groupe « TOM » 6ème
escadrons de la garde. |
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Le Peloton "Tom" ( photo Chalvin - tirée du livre de René Pacaut "Maquis dans la Plaine") | ||||||||||||||||
Les jours qui suivent, nous faisons des barrages sur les routes
fréquentées par les convois de soldats allemands et la nuit nous posons
des explosifs sur les voies de chemins de fer afin de retarder le
passage d’un train blindé allemand. Le lieutenant Dervaux et le
chef Graziani restent nos chefs hiérarchiques. Nous sommes en
possession d’une mitrailleuse. |
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Extrait du livre de René Pacaut | ||||||||||||||||
« …..Le 19 juin, le groupe G.M.R. fusionne entièrement avec
l'escadron, et le capitaine Goué (dit Tom) peut alors former quatre
pelotons. |
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Le peloton de commandement a
pour chef l'adjudant Merchez, dont
l’adjoint est l'adjudant Schuwer. |
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Le 1° peloton est commandé par le
lieutenant Dervaux (adjoint :
adjudant
Graziani). |
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Le 2° peloton par l'adjudant-chef Clément
(adjoint : adjudant Savy). |
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Le 3° peloton par l'adjudant-chef
Pinenq (adjoint : adjudant
Saintorens). |
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La présence des ces éléments de carrière dans ses rangs et la
possibilité
de
fournir des
instructeurs compétents permettront au maquis de Louhans de s'organiser
de façon parfaite du point de vue militaire, |
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C'est à Saint-Usuge que les gardes quitteront le P.C., pour
cantonner d'abord à Thurey (Les Gautheys), puis à Saillenard (La
Sauvagette). Leur dernier cantonnement sera Sagy, au Champ Moine. |
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Ils rejoindront Louhans le
27 août……. » |
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« ….(1) Le lieutenant Dervaux, à l'opposé du trop célèbre Durupt
(Officier du GMR la Crau), son prédécesseur, avait
fait preuve
dès son arrivée
à Louhans des meilleurs sentiments vis-à-vis de la population. Il
se conduisit,
avec ses
hommes restés fidèles, en vrai résistant…. » |
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La nuit, nous changeons de cantonnement (grange de grande ferme) afin de
nous procurer également de la nourriture. |
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Pris d’une infection urinaire, on me ramène en ville (Louhans) pour des
soins. Les FFI m’ont installé à
l’hôtel du cheval rouge avec un camarade malade des poumons. J’ai pour
mission de rejoindre, sur la place de la gare de Louhans,
deux jeunes filles étudiantes institutrices (mesdemoiselles
Edith Clair et Yvette Legris). Elles me remettent une
musette dans laquelle il y a des messages et
des courriers que je dois
transmettre pendant la nuit à un FFI. |
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Hôtel du cheval rouge. | ||||||||||||||||
Le 15 juin
1944, le garde George Vidal conducteur d’une ambulance
me prend au passage à l’hôtel du cheval rouge. A l’arrière du véhicule
se trouvent deux camarades et au
fond du véhicule, deux soldats allemands blessés. Mon camarade Ardiet
Jean blessé par balle au genou et le garde Borg blessé
grièvement. Je prends place sur le marchepied de l’ambulance Renault
avec à mon bras la mitraillette du garde qui conduit. Nous descendons la
grande rue de Louhans…puis nous dirigeons vers une sorte de
château-hôpital devant de grands escaliers. Le personnel infirmières et
docteurs sont en blanc. Après avoir parlementé avec la direction,
ceux-ci acceptent les deux blessés allemands pour les soigner … mais pas
les français…par crainte de représailles de la part des allemands. |
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Nous repartons alors en direction du centre de Louhans et je m’adresse
aux passants sur les trottoirs… je prends ainsi contact avec une
bouchère madame Bossul résistante également. Elle comprend
aussitôt la situation, dans une rue derrière sa boucherie, elle attelle
un cheval à une charrette où nous installons le garde Borg (il
était mort). Le garde Ardiet monte à coté de madame Bossul
qui, se chargeant de tout, part ainsi dans la nuit avec son attelage. Le
garde Vidal me ramène à l’hôtel du cheval rouge…puis rejoint le maquis
au lieu « la Vernotte ». |
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Alors que mesdemoiselles Clair et Legris me remettent une
musette sur la place de la gare, le train blindé allemand entre en gare
et aussitôt des soldats allemands se déploient et viennent dans notre
direction en poussant des cris. Nous nous séparons aussitôt. Je cours
jusqu’à l’hôtel du cheval rouge. Là il y a effervescence, avec deux FFI,
je rejoins une remise à quelques centaines de mètres, nous dégageons un
véhicule Citroën traction avant noire portant en grosse lettre FFI sur
le côté et nous prenons la direction de Mâcon. |
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A quelques kilomètres de cette ville, les deux FFI me déposent dans une
petite ferme isolée. Les paysans, un couple dont le fils est prisonnier
en Allemagne, me reçoivent comme un fils au risque de voir leur ferme
brûlée pour ce soutien au maquis.
Je perds tout contact avec mon groupe « TOM ». J’aide les fermiers dans
leurs travaux, la fermière me soigne avec des plantes mais mon état
s’aggrave. |
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Prévenu que des SS ratissent, brûlent et pillent des fermes isolées, je
décide de les quitter. Je vais essayer de rejoindre Marseille où ma mère
pourra me soigner. Nous arrachons des choux dans leur champ, chargeons
leur charrette et je me cache
sous la banquette (sous les choux), le fermier est assis au
dessus de moi. Nous pénétrons ainsi dans le marché de Mâcon. La
charrette sera contrôlée par un soldat allemand qui a sondé les choux à
la baïonnette, le fermier fut parfait. |
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Je suis aidé par un chauffeur de camion Renault de la société « Eclair »
(gazogène bleu) en partance pour le marché de Lyon. Celui-ci me cache à
l’arrière de la cabine, bloqué par les choux. J’y reste 48h sans autre
nourriture que quelques feuilles de choux. |
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Un camion Renault équipé d'un gazogène Libault | ||||||||||||||||
Arrivé au marché, je suis confié à un résistant de Lyon et caché dans
les combles d’un bar. On me conseille de me rendre à la gare et de
prendre un train pour Marseille. Aidé par ces résistants, les gares
étant contrôlées par les allemands, je parcours plusieurs centaines de
mètres sur les voies afin de remonter vers les têtes de train sans être
vu. Je parviens à m’introduire dans un train sanitaire. Il n’y a à bord
que des infirmières et des enfants très jeunes. J’aide celles-ci à
placer les enfants et je suis tout de suite accepté comme faisant parti
du personnel. |
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Dans la nuit le train s’arrête, le pont devant nous a sauté. Afin de
prendre un train plus loin, le convoi continue sur la rive droite du
Rhône (descendant vers Marseille). Il faut traverser le Rhône sur un bac
tiré par câble sur la rive opposée. Plusieurs aller retour sont
nécessaires pour faire traverser les enfants effrayés. Vers minuit le
train arrive gare Saint Charles à Marseille. La gare est contrôlée par
les allemands, aidé par un contrôleur, je me cache dans un wagon et je
parviens à rejoindre la gare de la Blancarde. Je saute sur le ballast et
je traverse de nuit le cimetière saint Pierre. J’atteins le quartier de
Saint Loup où demeure ma mère. Celle-ci ne me reconnaît plus, j’avais
perdu 11kilos….Elle me dit que des hommes sont venus plusieurs fois
voir si j’avais pris contact avec elle, elle a peur pour moi,
elle me remet la seule nourriture quelle possède alors – un kilo de
sucre – elle me conseille de me cacher dans la colline et me donne un
pistolet automatique 6,35mm, ayant appartenu à mon père, avec des
munitions. |
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Je connais une grotte dans la gorge noire, je m’y rends et dans la nuit
je suis rejoins par deux amis de la classe 42 recherchés également par
le STO. Leur sœur, Marie, nous
porte un peu de ravitaillement (raisins et figues). A quelques heures de
la libération de Marseille, Marie nous sauve la vie. Elle vient
nous ravitailler et tout près de notre cache croise une patrouille de
soldats allemands armés et camouflés qui fouillent les alentours. Elle
plaisante avec eux et détourne leur attention alors qu’ils passent à 4m
de notre trou. |
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Entrée de la petite grotte de la gorge noire (Parc des Bruyères) et le puits à quelques mètres de la grotte avec Victor. | ||||||||||||||||
Un soir dans la colline,
cherchant de la nourriture, je rencontre un soldat allemand ivre, je lui
mets mon pistolet derrière la nuque, mais je ne peux tirer de sang
froid, bien m’en a pris car une autochenille survint et je n’ai que le
temps de me cacher. |
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Les obus shrapnels pleuvent. Un obus éclate sur le haut d’un figuier
alors que je ramasse des figues pour nous ravitailler – la chance est de
mon côté, je n’ai pas une égratignure. |
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Durant tous ces jours passés dans la colline près du massif de Sainte
Croix qui domine Marseille, je constate qu’un grand ouvrage militaire
allemand (blockhaus) grouille de militaires, chevaux, canons sur roues
etc…Un grand trou qui doit servir d’aération à l’ouvrage est visible sur
flan de colline. |
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Dans la dernière nuit qui a précédé notre libération, des soldats
allemands placent à moins de 100 m de notre cache un canon sur roues.
Nous entendons mes deux amis et moi les ordres des canonniers et les
obus passent au dessus de nos têtes en direction de la ville d’Aubagne,
certainement pour stopper les troupes qui ont débarqué quelques jours
plus tôt près de Cavalaire. |
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Le lendemain 26 août 1944, des soldats en burnous (manteau de laine) ne parlant pas français ont failli nous arroser avec leurs mitraillettes « Thompson » car dans notre trou, nous sommes habillés en short et chemise kaki. Heureusement, un sergent français du 11ème Goum intervient. J’informe aussitôt le capitaine sur l’emplacement de l’ouvrage allemand et surtout sur la situation de la bouche d’aération très visible à plus d’un kilomètre. Dés lors, je sers de guide à l’unité. | ||||||||||||||||
Un assaut est lancé par les goumiers – des allemands sortent par la
bouche d’aération de la colline de Sainte Croix avec un drapeau blanc
- Les goumiers se mettent alors à découvert mais des allemands
fanatiques tirent sur leurs frères d’armes qui se rendent et sur les
goumiers. Il y aura une dizaine de tués chez les goumiers. |
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Entrée haute du blockhaus
des Trois Ponts |
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Entrée basse du blockhaus |
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Plan partiel de la galerie ![]() |
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Le soir, dans l’attente d’une nouvelle attaque prévue le lendemain, nous
avons abattu un cheval blessé de l’armée allemande (une balle de
Thompson dans le front) et nous le mangeons aussitôt. Le sergent du 11ème
Goum (3) (ou 1er GTM)
(4) qui nous a sorti de notre trou,
chante « une partie de pétanque » face à l’ouvrage allemand. Il
est originaire du quartier de la belle de mai à Marseille où sa mère
réside encore. Son regard se porte souvent dans la direction de ce
quartier où il espère aller bien vite. Il n’a pas revu sa mère depuis
trois ans. |
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Le 27
août 1944 alors que l’attaque se prépare, nous voyons sortant de
la bouche d’air de nouveau un drapeau blanc. Cette fois ci nous prenons
des précautions, mais les allemands se rendent sans condition avec à
leur tête le général Boie klaus (5)
commandant allemand de la zone sud de Marseille et près de 1000 hommes,
officiers et soldats. |
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Dans ce blockhaus, il y a un stock
important d’armes et
de munitions de toutes sortes et de toutes nationalités et du
ravitaillement. Il me semble qu’il y a plus de 100 chambres. A
l’intérieur, je m’arme d’un fusil « lebel » et d’un pistolet
automatique russe 8,63 m/m. faucille et marteau rouge sur la crosse
noire ainsi que des baïonnettes de plusieurs nationalités. Nous
découvrons également une machine à fabriquer des faux billets de banque
français. Tous ce qui peut être emporté est amené dans le parc du
château Saint Loup (Cante Perdrix) situé à 500m environ. Les billets
trouvés sont brûlés. Les goumiers récupèrent les bijoux des prisonniers
(montres, bagues, chaînes en or). |
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Marseille n’était cependant pas encore totalement libérée et des obus
allemands tombent toujours sur la ville, obus lancés par les batteries
allemandes situées sur l’île du Frioul. Le capitaine du 11ème
Goum reçoit l’ordre de rejoindre, avec les prisonniers, le camp
militaire de Carpiagne qui vient d’être libéré. Nous quittons le château
de St Loup à pied en une longue colonne, le millier de prisonniers
encadrés par les goumiers et je guide le convoi en choisissant un
itinéraire évitant la ligne de tir des batteries allemandes. |
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Je suis en tête, équipé de mon long fusil Lebel et sur ma droite
marchent, le général allemand Bloie et le capitaine du 11ème
Goum. Nous empruntons le chemin vicinal de St loup à Ste Marguerite, le
Cabot, le Redon, Vaufrège. Pour éviter la Gineste je propose au
capitaine de passer dans la colline (vallon des cerisiers) non exposé
aux batteries allemandes. |
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Durant le trajet le général allemand me tient conversation en français
avec un fort accent « je suis vraisemblablement d’origine
française… ma famille berlinoise remonte aux huguenots…. Je suis très
heureux que la guerre se termine ainsi… » Il fut très aimable et
courtois ; durant le trajet nous avons été filmé à plusieurs reprises
pendant la marche par deux caméramans en civil avec caméra sur pied. (Je
n’ai hélas malgré quelques recherches jamais trouvé ce film). |
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Durant ce trajet, le capitaine me charge de retourner
avec 5 de ses goumiers au château de Saint Loup aux Trois Ponts, pour y
garder les prises de guerre, armes et ravitaillement. Les goumiers ayant
droit aux prises de guerre durant un temps court. |
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Le lendemain, le
28 août 1944, de retour dans un camion GMC pour récupérer ses
goumiers et les prises, j’apprends par le capitaine que le 11ème
Goum a subi de lourdes pertes en hommes suite à l’attaque d’une position
allemande à Marseille. Le sergent qui avait chanté « une partie de
pétanque » est mort dans ce combat sans avoir pu revoir sa mère si
proche ; le jour même de la libération de marseille. J’en fus très
peiné. |
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Ne pouvant m’engager dans le 1er GTM, je m’engage le
1er
septembre 1944 pour la durée de la guerre au 1er
régiment « La marseillaise » commandé par le colonel Quérol. |
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Le 17 septembre
1944, je suis muté aux Forces Républicaines de Sécurité (FRS)
en qualité de sergent à la 6ème compagnie du Capitaine
Anglade, le Colonel « Pelletier » commandant la ½ brigade. |
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L’instruction militaire reçue aux GMR me sera utile dans les FRS. Notre
mission principale consiste à la recherche et à l’arrestation des agents
de la gestapo cachés souvent dans des petits châteaux ou résidences
éloignées du centre ville. Les exécutions des « gestapistes » se font
par des soldats FRS sur le plateau de Malmousque à Marseille face à la
mer (6). |
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Le 1er
novembre je suis nommé inspecteur FRS, notre bureau se trouve au
1er étage de la préfecture à Marseille, je suis alors armé
d’un P38. Le matin de 8h à 9 h nous avons instruction (étude du droit
pénal par un commissaire) ensuite, munis des mandats d’arrêt, nous
procédons à l’arrestation des gestapistes. Le grand patron de la
préfecture Commissaire de la République est monsieur Aubrac. Son
appartement est au dessus de notre bureau. Les caves de la préfecture
sont transformées en prisons avec portes à barreaux et une section de
FRS garde l’ensemble. Les prisonniers après interrogatoires (musclés…)
sont dirigés vers la caserne Audéoud via la Prison Chave ou encore les
Baumettes. |
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L’Etat Major FRS se tenait au 425, rue Paradis, dans l’immeuble ayant servi de siège à la gestapo. Une réunion d’Etat-major avait lieu tous les jeudis soir. Lors de la deuxième réunion ou j’assiste, on me présente une carte du parti communiste où figure déjà ma photo et mon identité et je refuse de la prendre (Je n’ai jamais su d’où pouvais provenir cette photo). On m’annonce alors que sans cette carte je ne pourrai jamais devenir officier… Très surpris de voir que cet Etat major des FRS prend ses ordres auprès du parti communiste et n’ayant jamais (encore aujourd’hui) fait parti d’aucun courant politique je demande à changer d’affectation. | ||||||||||||||||
A Marseille 10 sections communistes se répartissent la ville et forment les militants à la manipulation des armes. Ces armes, volées dans les stocks allemand à la libération furent cachées et mises en réserve pour la révolution prolétarienne... | ||||||||||||||||
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Pour moi seule la France et la liberté de mon pays compte. La Nation
n’étant alors pas encore totalement libérée, je demande un nouvel
engagement pour la durée de la guerre au groupe de transport N° 506 SP
73 le 18 janvier 1945. Le capitaine de cette unité me réclame un
certificat me libérant des FRS. Le capitaine Anglade de la 6ème
Cie FRS et le colonel Pelletier (7)
commandant la ½ brigade FRS caserne Audéoud à Marseille refusent. |
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Libéré des FRS le 28 février 1945 lors de leur dissolution, je m’engage
le 12
mars 1945 dans la 1ère armée. Je suis libéré le
25 septembre
1945 puis réintégré le
1er
novembre 1945 dans les Compagnies Républicaines de Sécurité (CRS-
créées le 8 décembre 1944). |
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Je suis alors affecté à la CRS 153 de la Rose dans le cantonnement du GMR La Crau (8). Cette Compagnie sera désarmée lors d’un déplacement à Reims au camp de Coursis. Mon camarade de chambrée (qui deviendra le Colonel Spack) se félicite alors tout comme moi d’avoir refusé d’adhérer au parti communiste à la demande du commandant de compagnie (Cdt Félix). |
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La commission de la Hache ayant statué sur mon sort je suis réintégré
dans la police, je passe environ un mois dans le commissariat de la
Capelette à Marseille et je suis affecté à la CRS 174
(ex CRS 148 d’Albi) à Saint Loup. |
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Nous cultivons dans le casernement de quoi nourrir la compagnie. Avec
cette compagnie j’effectue une déplacement de 10 jours en Allemagne où
nous patrouillons dans des villes dévastés. A la dissolution de
celle-ci, je suis affecté à la CRS 166 de Saint Pierre qui deviendra la
CRS 54.
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Pendant la guerre d’Algérie, j’effectue plusieurs déplacements dont
voici les dates et lieux : |
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- du 13/12/1952 au 20/02/1953
Alger |
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- du 31/05/1954 au 04/08/1954
Rom el Souk - Souk Ahras |
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- du 08/09/1955 au 03/12/1955
Lambese –Batna -Aurès |
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- du 06/08/1957 au 23/10/1957
Alger |
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- du 19/06/1960 au 04/07/1960
Alger |
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Victor Jourdan | ||||||||||||||||
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