Les Origine de "La Garde" | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
LES PELOTONS MOBILES
22 juillet 1921 au 24 septembre 1927
LES PELOTONS MOBILES DE GENDARMERIEC'est à la faveur de la loi du
22 juillet 1921 portant augmentation des effectifs de la
gendarmerie que furent créés les pelotons de gendarmerie mobile.
L'effectif pour l'ensemble des pelotons créés fut fixé à 153
officiers et 6 051 sous-officiers. Pour être rapidement constitué et
opérationnel, l'encadrement de ces pelotons devait être réalisé par
des personnels motivés issus de l'arme. C'est donc sur la base du
volontariat que l'on fit appel aux gendarmes et gradés servant dans
les brigades. Mais à solde égale, il parut bien vite nécessaire de
convaincre les sceptiques et d'encourager les indécis en leur
faisant miroiter quelques avantages que pourrait leur procurer leur
nouvelle affectation. Ce fut l'objet de la
circulaire du 15 novembre 1921 qui prévoyait la création de 111
pelotons(1), échelonnés sur les exercices 1921,
1922 et 1923. Ces pelotons mobiles, commandés par un
officier du grade de lieutenant ou sous-lieutenant, étaient en
principe de 40 Les pelotons, alors dénommés « Pelotons Mobiles de Gendarmerie » étaient mis en résidence dans les chefs-lieux de département ou dans les grandes villes. Ils furent numérotés suivant un numéro d'ordre unique. L'administration centrale attribuant les numéros pairs aux pelotons à pied et les numéros impairs aux pelotons à cheval. Cette numérotation se faisant dans l'ordre de leur création. Dès la mise en place des premiers pelotons, le président de la République Alexandre Millerand modifia par décret du 18 mai 1922 les articles 8, 9 et 10 du décret du 20 mai 1903. Il sera complété par une instruction provisoire du ministre de la Guerre et des pensions André Maginot, portant sur l'organisation et le service des pelotons mobiles de gendarmerie. Cette instruction du 9 septembre 1922 précisait que « les pelotons mobiles de gendarmerie constituaient des unités constamment prêtes à assurer le maintien de l'ordre sur un point quelconque du territoire ». Ils étaient placés sous l'autorité des chefs d'escadron commandant les compagnies départementales (aujourd'hui groupement de gendarmerie départementale) et l'ensemble des pelotons stationnés sur le territoire d'une légion était sous l'autorité du chef de légion. Outre le maintien de l'ordre qu'ils devaient assurer sur un point quelconque du territoire, leur rôle était de renforcer le service ordinaire et extraordinaire des brigades départementales et de constituer des écoles d'instruction pour les nouveaux admis.
Chaque militaire des pelotons mobiles était doté du même armement que les gendarmes départementaux. Les pelotons mobiles furent pourvus d'une camionnette pour le transport de leurs matériels lorsqu'ils devaient se déplacer pour assurer des missions de maintien de l'ordre(3).
LES PELOTONS DE GARDE RÉPUBLICAINE MOBILESi l'engagement des
pelotons mobiles par les unités de gendarmerie départementale
desquelles ils dépendaient ne présentait aucune difficulté, en
revanche dès qu'ils étaient regroupés pour être employés en de plus
grande formation, apparaissait un défaut de cohésion dû à l'absence
d'une organisation hiérarchique. Ce défaut fut Fort de cette nouvelle organisation et devant les difficultés rencontrées par le général commandant le Corps d'Armée pour sa mise en place, il apparut nécessaire que ces formations temporaires et leur encadrement deviennent permanents. Cette circulaire fut à
l'origine d'une nouvelle organisation hiérarchique des pelotons qui
vit le jour un an plus tard. Huit jours plus tard, un premier
décret du 10 septembre rattachait au budget du ministère de
l’Intérieur l'ensemble des crédits destinés à l’entretien de la
gendarmerie et plus particulièrement ceux destinés aux pelotons de
gendarmerie mobile. C'est à cette occasion que les pelotons de
gendarmerie mobile prirent le nom de « peloton de garde
républicaine mobile ». Ils conservaient leur statut militaire et
demeuraient sous l'autorité du Ministère de la guerre. Pour hâter
leur mise en place, ce décret fut immédiatement suivit d'un
deuxième décret du même jour transformant 400 brigades à cheval
en brigades à pied afin de reporter les économies des 2.000 chevaux
supprimés sur la réalisation du programme de constitution de la
garde républicaine mobile à cheval.
Les unités de garde républicaine mobile furent intégrées par la loi du 13 juillet 1927 dans l'organisation générale de l'armée et participèrent en temps de paix au service de la préparation militaire, au service de garnison et à l'instruction des troupes ; en temps de guerre à l'encadrement des formations mobilisées. Elles devaient, au cours des hostilités, être complétées par l'incorporation de gardes auxiliaires choisis dans les classes âgées parmi les citoyens présentant les garanties morales indispensables. L'ensemble des conditions étant dorénavant réuni, le ministre de la guerre fut autorisé par la loi du 16 juillet 1927 qui accorda l'ouverture de crédits supplémentaires, à procéder aux promotions des officiers et sous-officiers nécessaires à l'encadrement des pelotons ainsi regroupés en trois légions autonomes. Chaque légion étant commandée par un colonel secondé d'un lieutenant-colonel, chaque groupe par un chef d'escadron et chaque escadron par un capitaine. ![]()
LégionS de GARDE RÉPUBLICAINE MOBILE
du 24 septembre 1927 au 17 novembre 1940
CRÉATION DES LÉGIONS DE GARDE RÉPUBLICAINE MOBILEQuelques mois plus tard, le 24 septembre 1927, un décret constituait les pelotons de garde républicaine mobile en légions autonomes, créant au sein de l'arme de la gendarmerie une nouvelle subdivision. Ce décret fixait les cadres d'une légion de garde républicaine mobile à un colonel commandant la légion, un lieutenant-colonel adjoint au commandant de la légion, quatre chefs d'escadron commandants de groupe, douze capitaines commandants d'escadron ou de compagnie, trente-quatre lieutenants ou sous-lieutenants commandants de peloton, un capitaine trésorier, un lieutenant chargé du matériel, et quatre sous-officiers secrétaires ou comptables. Le ministre de la
Guerre Paul Painlevé, ayant été autorisé par ce décret à procéder
aux promotions des officiers nécessitées par le
La ville de Tour fut
ensuite choisie pour être le siège de la deuxième légion et son
casernement fut installé à Joué-lès-Tours. Elle comprenait toutes
les formations situées dans les 3e, 4e, 9e,
10e, 11e, 12e, 17e et 18e
corps d'armée. Cette légion était également composée de quatre
groupes dont le deuxième serait mis en action par dédoublement du
premier lorsque les effectifs le permettraient. Le premier groupe
installé à Nantes comprenait les compagnies de Tour, Ancenis,
Nantes, Vitré et Brest. Le troisième installé à Rouen, était
composait des compagnies du Havre, Falaise, Cherbourg. Le quatrième
installé à Limoges, comprenait les compagnies de Limoges, Périgueux
et Mérignac. Cette circulaire, fixant au premier novembre 1927 la
prise de fonction des commandants de légion, déterminait également
et à titre provisoire « l'étendue
du commandement des colonels et les principes généraux sur lesquels,
en attendant des règlements plus détaillés, ces officiers devaient
régler leur action ». La loi du 31 mars 1928
sur le recrutement de l'armée instaura le service militaire d'un an.
Elle augmenta d'une manière significative le nombre de militaires de
carrière, d'employés civils et porta le complet de la garde
républicaine mobile à 15.000 hommes pour tenir compte de ses
obligations. En effet, son effectif demeurait insuffisant pour lui
permettre d'assurer sa mission principale du maintien de l'ordre
tout en participant aux divers services de l'armée. En temps de
paix, elle devait assurer le service de la préparation militaire,
celui de garnison et l'instruction des troupes. En temps de guerre,
elle était chargée de l'encadrement des formations mobilisées. Le nombre de légions
de la garde républicaine mobile s'accrut progressivement
conformément à la loi de 1928. En 1930 on procédait à l'installation
de la légion de Nantes tandis que celles de Lyon et de Nancy étaient
opérationnelles depuis 1928 pour la première et 1929 pour la
seconde. En 1931, le Parlement votait les crédits nécessaires à la
création d'un groupe autonome de chars et d'autos-mitrailleuses dans
la garde républicaine mobile. Il fût rattaché à la première légion.
Sa création nécessita la modification de l'article 5 du décret du 1er
décembre 1928. Par
décret du 23 mai 1931, la garde était organisée régimentairement
en légion ou en groupes formant corps et commandée par un
lieutenant-colonel assisté d'un chef d'escadron. Le 15 mai 1933 fut
créé le « groupe spécial autonome de garde républicaine mobile ».
Stationné à Versailles-Satory, le groupe s'articula progressivement
en deux compagnies de chars et une compagnie d’automitrailleuses.
Afin de lui permettre
d'assurer sa mission principale de maintien de l'ordre tout en
participant aux divers services de l'armée, il est apparu que son
effectif total fixé à 15 000 hommes par la loi du 31 mars 1928 était
insuffisant. Un décret du
23 octobre 1935 porta son effectif à 20 000 hommes. Le commandement de la
12e légion fut confié au
colonel Gauthier, secondé par le lieutenant-colonel Grugier et
du chef d'escadron Quelennec. L'État-major fut installé rue Furgole
et les gardes dans les nouveaux immeubles du Boulingrin en attendant
la
construction d'une caserne.
Au 1er septembre 1939, la garde républicaine mobile était composée de 14 légions, subdivisées en 54 groupes, représentant 167 compagnies, formant 492 pelotons. Tous les pelotons d'une compagnie n'étant pas regroupés en une même résidence, mais distribués sur le territoire en fonction des disponibilités de casernement et des zones à forte concentration urbaine. LA GARDE RÉPUBLICAINE MOBILE ET LA GUERREEn 1939, la garde
républicaine mobile, qui s'était accrue de la garde républicaine du
Maroc, comptait seize légions, Cette force, devenue une école de formation de la
gendarmerie, formait ces sous-officiers au maintien de l'ordre mais
également au combat. Conformément à
l'instruction provisoire du 9 septembre 1922 et rectifiée le 10
janvier 1929, les gardes recevaient une instruction militaire
leur permettant d'acquérir le brevet d'aptitude de chef de section
ou de peloton afin de les rendre aptes à l'encadrement des réserves
en cas de mobilisation. En complément, une instruction pratique leur
était donnée, en liaison avec d'autres armes. Ils participaient aux
exercices des corps de troupe, à ceux de la garnison, aux manœuvres.
En cas de mobilisation, les gardes et maréchaux des logis-chefs
détenteurs de ce certificat d'aptitude pouvaient être promus aux
grades respectifs de maréchaux des logis-chefs ou adjudants. Les 22 et 24 juin 1940, la France signait avec
l'Allemagne et l'Italie une convention d'armistice, au terme de
laquelle les
Formant une subdivision de l'arme de la gendarmerie, la garde républicaine mobile fit partie intégrante de l'armée d'armistice. La France n'ayant été autorisée à ne conserver qu'une armée réduite de 100 000 à 120 000 hommes en métropole, le gouvernement de Vichy arrêtait le 23 juillet 1940 sa constitution. L'organisation de cette armée d'armistice, modifiée par le décret-loi du 20 août 1940, prévoyait l'installation en zone libre de trois légions de la garde républicaine mobile. Ces trois légions organisées par circulaire ministérielle 7105 T/104 du 4 septembre 1940 avaient leur siège à Clermont-Ferrand pour la légion du Centre, à Lyon pour la légion de l'est et à Toulouse pour la légion du Sud. Chaque légion comprenait quatre groupes et chaque groupe quatre escadrons dont un escadron à cheval, deux escadrons motocyclistes et un escadron porté. L'escadron était formé de trois pelotons de quarante hommes ; l'âge maximum des gardes était de trente-six ans. L'effectif total des trois légions était de 180 officiers, dont quinze hors cadres et 5 820 hommes de troupe. Le personnel en excédent de cet effectif était versé dans la gendarmerie départementale. Les régions militaires de la zone libre furent
réorganisées par décret du 26 juin 1940, et remplacées par deux
groupes de huit divisions militaires. Le premier ayant son siège à
Avignon, le second à Clermont-Ferrand ce qui entraîna de facto la
réorganisation des légions de la garde républicaine mobile. Ce fut
l'objet de la circulaire ministérielle n° 10 216 T/OG du 1er
novembre 1940 qui transforma en six légions, les trois légions
existantes par dédoublement. La légion du Centre forma les deux
légions de Clermont-Ferrand et de Limoges ; la légion de l'est,
celles de Lyon et de Marseille et la légion du Sud, les deux légions
de Toulouse et de Montpellier. Chaque légion était formée de deux
groupes de quatre escadrons chacun dont un escadron à cheval, un
escadron motocycliste et deux escadrons portés. L'escadron était à
l'effectif de 122 officiers et sous-officiers. Chaque groupe avait
un État-major (un chef d'escadron, un lieutenant adjoint). Le 10 juillet 1940, l'Assemblée nationale siégeant
à Vichy donna les pouvoirs constituants à Philippe Pétain. Les obligations dictées par la convention d'armistice ne s'appliquant pas à la gendarmerie, la garde républicaine mobile ne pouvait demeurer partie intégrante de l'arme. C'est ainsi qu'elle fut séparée de la gendarmerie par décret du 17 novembre 1940 et rattachée à la Direction de la Cavalerie et du Train par arrêté ministériel du 25 novembre 1940. Cette nouvelle direction prit le nom de «Direction de la cavalerie, du train et de la garde républicaine mobile». La garde républicaine mobile fut représentée par une sous-direction. |
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LA GARDE
17 novembre 1940 au 9 octobre 1944
CRÉATION DES RÉGIMENTS DE LA GARDEAprès avoir été séparée de la gendarmerie
départementale et reconstituée en deux groupes de 3 légions, une
décision ministérielle du 31 janvier 1941(1)
transformait les « légions de garde républicaine mobile » en
« légions de Garde ». Les gardes étaient choisis parmi les
militaires et anciens militaires ayant accompli au moins deux ans de
service actif. Ils devaient mesurer plus de 1,66 mètre, être âgés de
moins de trente-cinq ans, justifier de bonnes mœurs, d’excellents
états de service, d’une santé et d’une instruction générale
satisfaisantes. Constituant l'arme d'élite, l'ensemble des hommes de
troupe, à l'exception des élèves-gardes, furent assimilés aux
sous-officiers des autres armes. Chacune des six légions reçut un
étendard. Il ne restait plus qu'à organiser cette nouvelle troupe.
Ce fut l'objet du décret du 9 février 1941 qui précisait que ses
officiers comme ceux des autres armes, pouvaient passer dans la
gendarmerie. Il en était de même pour ses gradés qui conservaient
leur grade (sauf les adjudants-chefs qui reprenaient le grade
d'adjudant) et les hommes de troupe à condition pour ces derniers de
totaliser quinze années de service. Par décret du 12 septembre 1942(2), les « légions de garde » furent remplacées dès le 16 octobre 1942 par des « régiments de la garde ». Ils conservaient leur situation géographique. Chaque régiment possédait 2 groupes de 4 escadrons (1 motocycliste, 1 à cheval et 2 portés). Les escadrons étaient à l'effectif de 122 officiers et sous-officiers. Le commandement de ces régiments fut progressivement confiés à des officiers extérieurs à l'arme (à proportion de 5 officiers sur 6). L'école de formation des gardes installée à Guéret (Creuse) venait compléter la structure générale de la Garde.
Le 8 novembre 1942 l'opération Torch fut déclenchée. Les Alliés débarquèrent dans les territoires français d'Afrique du Nord (Protectorat du Maroc et Algérie française). En représailles les forces allemandes et italiennes déclenchèrent l'opération Attila et envahirent la zone libre qui fut appelée zone sud. La démobilisation de l'armée française décidée par le chancelier Hitler et exécutée le 27 novembre 1942 ne concerna pas les légions de la garde qui furent maintenues en activité pour assurer le maintien de l'ordre. La descente aux enfers allait se poursuivre avec la loi du 24 mars 1943 qui rattachait les régiments de la Garde aux forces de maintien de l'ordre du Département de l'Intérieur, afin que ce dernier puisse contrôler pleinement toutes les institutions ayant vocation à maintenir l'ordre. Cette loi créa une direction générale de la Garde composée de chef de cabinet, adjoint, chargés de mission, chefs de bureaux... placée sous les ordres d'un directeur : le général Jean PERRÉ nommé par décret du 7 avril 1944. Cet officier général, rallié à Pétain, présidait jusqu’en 1942 le tribunal militaire de la 13e Région (Clermont-Ferrand) y manifestant un grand rigorisme pour lequel il reçut de Pétain la francisque. Le 28 mai 1943, un décret-loi précisait que les pouvoirs confiés au secrétaire d’État à la Guerre à propos du personnel de la Garde étaient transférés au secrétaire d’État à l’Intérieur. La Garde se retrouvait désormais accolée aux groupes mobiles de réserve (G.M.R) formation de police civile, portant l'uniforme de celle-ci et organisée par la loi du 23 avril 1941. Mais ces forces de maintien de l'ordre comprenaient également la milice, recrutée en partie parmi les services d'ordre légionnaire suivant la loi du 28 août 1940 et par des volontaires suivant la loi du 30 janvier 1943 créant la milice. L'ensemble de ces formations étant placées dans le secrétariat général de la police dirigé par René Bousquet. Cette mesure, qui prit effet le 1er avril 1943, conservait aux formations de la garde leur structure régimentaire. La Garde dans la guerreDéracinée, réduite à l'extrême, amalgamée malgré elle à des formations favorables au gouvernement de Vichy, soumise aux directives de la « révolution nationale » collaboratrice, imposée par l'erb Feind, mutilée dans sa forme, la Garde allait être soumise dès 1943 à sa plus rude épreuve, la lutte contre les « terroristes ». Prise dans le terrible piège de la soumission aux lois sous peine de mort et son idéal républicain, démocratique et humaniste, la garde allait devoir faire face à d'effroyables situations. Combattre les maquis alors qu'elle leur était favorable aux côtés de la GMR et de la milice était tout simplement insupportable. De nombreux gardes furent tués au cours de ces actions commandées par l'armée ennemie. Réfugiés en des lieux stratégiques et difficiles d'accès, la lutte contre les maquis obligea le gouvernement de Vichy à former des groupements tactiques concentrés à l'extrême dès la mi 1943. Ainsi, sur un total de 48 escadrons, la Corrèze absorba 17 escadrons (repliés sur Limoges en 1944), la Haute-Savoie devait en monopoliser 13 et 8 escadrons étaient destinés au triangle Vichy-Lyon-Clermont. Les 10 escadrons restants étaient affectés à la garde des lignes haute tension. Cette stratégie permit aux campagnes de la zone sud de n'être plus sillonnée que par les seuls mouvements intermittents des forces de la Wermacht stationnées dans les villes. Elle devint progressivement le domaine du maquis qui s'organisait à l'aide des réfractaires du S.T.O. sous la complicité bienveillante des gendarmes départementaux. Ce cauchemar se poursuivit jusqu'au 6 juin 1944.
Dès le débarquement naquirent un nouvel espoir et avec lui la force
et la détermination. Trop longtemps brimée, la garde brisa les
chaînes auxquelles les forces d'occupation et le gouvernement de
Vichy l'avaient attachée. L'école de Gardes de Guéret qui avait
ouvert ses portes le 24 novembre 1943(3) à la
caserne des Augustines, passa au maquis de la Creuse, 3 escadrons de
Limoges rejoignirent les FTPF(4) de Guingouin, 2
escadrons de Savoie, 1 escadron de l'Ardèche se mirent aux ordres du
Général Tamisier et du colonel Descours. D'autres rejoignirent le
général Pfister, le colonel Colliou, le colonel Chêne etc, etc...
Peu à peu les autres escadrons s'émiettèrent. Au total, sous
l'occupation, plus de 12 000 militaires de l'Arme étaient passés à
la Résistance. Ceux qui demeuraient à leur poste opposèrent la force
d'inertie condamnée et traquée par les allemands et la milice. Cette
attitude, facilité par la concentration excessive des unités voulues
par les autorités du gouvernement de Vichy, permettait aux partisans
éparpillés sur le territoire d'œuvrer avec une plus grande quiétude.
Ce comportement essentiellement défensif, laissait aux francs
tireurs le champ libre dans les campagnes et les opérations de force
dans le vide furent très durement combattues et réprimées par
l'envahisseur. Dès que commença la retraite de l'envahisseur, la Garde participa à la traque des colonnes en retraite, mais aussi à de nombreux combats dont ceux des Vosges, de Strasbourg (Sélestat 5 janvier 1945) puis à l'avance foudroyante au-delà du Rhin.
La Libération reconstitue la Garde en subdivision de l'ArmeDans son
Ordonnance du 5 juillet 1944 portant organisation de la
gendarmerie et de la garde, le gouvernement
Le commandement général de la gendarmerie fut
confié au général Ferdinand Taillardat. Par décret du 23 août 1944
les «régiments de Garde» prenaient la dénomination de
«régiments de Garde républicaine». Le 14 janvier 1945, un
nouveau décret fusionnait les personnels de la gendarmerie et de la
garde républicaine en une seule et même arme : la gendarmerie
nationale. Par décision ministérielle du 9 février 1945(2) les unités perdaient leur dénomination de régiment pour reprendre l'appellation de «légions de Garde républicaines». Peu après la fin de la guerre, les effectifs de la garde furent portés de 6 000 hommes à 10 000(3). La reconstruction du pays imposant des compressions budgétaires, ce chiffre fut ramené l'année suivante à 7 000 hommes(4), mais la mobilisation antiKominform de fin 1947 devait conduire le gouvernement à les regonfler d'abord à 11 000(5) puis à 12 000 hommes en 1950(6).
(1) circulaire n° 37408 T./ 10G. du 22 novembre 1935. |
Voir aussi :
Le 1er escadron de la 2e légion de la Garde, stationné à Marseille (Bouches-du-Rhône).
Peloton motocycliste du 2e escadron de la 4e légion de la Garde.
Portrait de l'équipage d'un side-car du 2e escadron de la 4e légion de la Garde.
Portrait d'un motocycliste et d'un cavalier du 2e escadron de la 4e légion de la Garde.
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La gestion de l'ordre public dans la gendarmerie Nationale. (2020)