BIOGRAPHIE D'ADOLPHE LEON JOSEPH HERRY | ||||||||
Né le 4 mars 1907 à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) | ||||||||
Fils de Adolphe Léon Joseph et de Mélanie Marie Victorine Duwicquet | ||||||||
Marié le 20 décembre 1928 avec Simone Irène Marie Lejeune. | ||||||||
Décédé à Lomme le 25 septembre 1946. | ||||||||
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Sources : | ||||||||
- Le livre d'Yves Mathieu "Policiers Perdus - Les GMR dans le seconde Guerre mondiale" | ||||||||
- Le livre de Danielle Lheureux "Les oubliés de la resistance" | ||||||||
- Le Service Historique de la Défense. Dossiers individuels de résistants cote GR 16 P 292134) | ||||||||
Enseignant originaire du Pas-de-Calais, il est âgé de 32 ans au déclenchement des hostilités et mobilisé au 51e Bataillon de Mitrailleurs Motorisés avec le grade de capitaine de réserve. | ||||||||
Le 20 juin 1940, il est fait
prisonnier et interné au camp militaire de Dinan (Côtes-du-Nord) Il s'en
évade deux mois plus tard et réussit à rejoindre sa famille à Audinghen
(Pas-de-Calais). |
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La liberté recouvrée, il renoue avec d'anciens camarades officiers de
réserve. De façon tout à fait informelle, le petit groupe cherche à se
manifester au détriment de l'ennemi : pour sa part, Adolphe Herry
commence son engagement de patriote par le sabotage réussi des lignes
télégraphiques ennemies au cap Gris-nez sur le territoire de Tardinghem.
La commune sera menacée d’une amende de 20.000 Frs. |
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Parallèlement, mettant à profit son emploi temporaire de secrétaire de
mairie, il fournit de fausses cartes d'identité à des prisonniers évadés
en errance dans le Boulonnais, et organise le passage de jeunes désireux
de gagner l’Angleterre. |
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En octobre 1940, il est surpris par une patrouille allemande alors qu'il
cherche à établir les plans des fortifications côtières de l'ennemi du
Gris-Nez. Arrêté au lieu dit « Waterzelle » commune d’Audinghem, il est
emmené au château de la Madeleine à Boulogne-sur-Mer, siège de la
Gestapo. Il sera confronté pour la première fois à la brutalité des
interrogatoires par des officiers se relayant. Il est accusé
d'espionnage. Trois jours plus tard, Après avoir été battu, les
doublures de ses vêtements décousues, il est libéré faute d'éléments
probants. |
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Une perquisition est faite chez lui en novembre 1941. Il n’a eu que le
temps de cacher dans son jardin armes et poste TSF pendant que sa femme
s’occupait des allemands. |
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L’action dans la région est difficile, le recrutement pour former des
groupes est impossible et les hommes pressentis se dérobent. |
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Début 1942, il est réintégré dans son cadre d'origine, et obtient un poste d'instituteur à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). | ||||||||
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Quelques mois
plus tard, il apprend que des possibilités de commandement sont offertes
aux officiers de l'armée d'armistice dans des unités de maintien de
l'ordre en cours d'installation en zone occupée :
«Je n'ai nullement la
vocation d'un policier. Cependant, d'après les renseignements
obtenus sur les G.M.R., je pense pouvoir faire du très bon
travail dans une de ces unités à formation militaire... et préparer
ainsi la Libération ». |
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Après six mois de stage à l'école de police d'Aincourt (Seine-et-Oise),
il est nommé commandant du G.M.R. "Flandre" à Lille (Nord). |
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En août
1943, par l’intermédiaire d’Albert Deschamps, inspecteur de Police, il
réussit à entrer en contact avec Michel Trotabas alias capitaine Michel,
officier britannique des Forces spéciales du S.O.E (Special Operations
Executive) : Direction des Opérations Spéciales Britanniques).
L'intéressé a été parachuté dans le nord de la France avec mission de
créer un réseau franco-anglais spécialisé dans le sabotage, les filières
d'évasion et le renseignement. |
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La double vie
commence pour le commandant Adolphe Herry. Il est bien conscient que
chaque acte au profit du W.O., mérite du fait de sa situation dans la
police, la peine de mort. |
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Les deux hommes
sympathisent et pour faciliter les contacts de l'agent secret, le
commandant Herry le dote d'un uniforme de G.M.R. ; surtout, il met à sa
disposition sa propre voiture de fonction avec le chauffeur. C'est ainsi
que le capitaine Michel pourra sans encombre, non seulement établir des
liaisons avec les postes du S.O.E. implantés dans le Nord et le
Pas-de-Calais, mais également approvisionner ces structures en matériels
et armes. |
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Malheureusement,
le 27 novembre 1943, le capitaine Michel est abattu à Lille de deux
balles en pleine poitrine, alors qu'il tentait d'échapper à la Gestapo
venue l'arrêter. (On sait aujourd'hui que l'officier britannique a été
trahi par un des membres du réseau d'action et de renseignement qu'il
s'efforçait de constituer sous le nom de réseau Sylvestre). Cette fin
tragique est lourde de conséquences car au moment des faits, le
capitaine Michel est porteur de l'uniforme des G.M.R. |
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En toute
logique, la Gestapo investit rapidement le cantonnement du G.M.R.
Flandre. Le commandant Herry se trouve en très mauvaise posture, mais
aucun élément susceptible de le compromettre n'est mis à jour par les
enquêteurs. |
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L'affaire ne prendra pas les proportions qu'on pouvait craindre, mais la
disparition du chef du réseau Sylvestre est un coup dur. Pour le
commandant Herry, c'est un avertissement très sérieux. Il ne doute pas
que sa hiérarchie vichyssoise va
suivre de près son activité et que la moindre erreur pourra lui être
fatale. |
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Bien que
décapité, le tout jeune réseau Sylvestre ne tarde pas à se redresser
sous la férule d'un chef nouveau, Pierre Séailles (Alias Gaston), auquel
le commandant Herry, fidèle à
son engagement précédent, apportera son aide. |
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Les
véhicules du GMR « Flandres » sont constamment à la disposition du W.O..
Des transports d’armes sont effectués, un dépôt est créé au Garage, 80
boulevard Montebello. |
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Le noyautage du groupe commencé sous les ordres de Michel est presque
terminé et a donné des résultats dépassant toutes les espérances. Il
faut dire que beaucoup de recrues, si ce n’est toutes, sont des jeunes
gens entrés dans la police pour échapper au STO, c’est-à-dire d'hommes
peu enclins à accepter le joug allemand. L’aide aux réfractaires et aux
prisonniers évadés fait que le groupe doit faire face en janvier 1944 à
un déficit de tickets de pain de plus de 700 kgs. |
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Avec Les motocyclistes du GMR , Herry effectuent des liaisons entre
Bethune et Paris, transportant des paniers renfermant tous les
renseignements recueillis sur l’activité
Allemande dans la région et les comptes-rendus |
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Le Groupe
« Artois » s’installe à Bethune (Pas-de-Calais), Herry réussis à faire
placer à sa tête le capitaine Neyme, engagé de longue date auprès du
commandant Herry au sein du réseau Sylvestre. Il va assurer la liaison
et mettre lui aussi ses véhicules à disposition de la résistance. |
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Herry continue à
fournir également tous les renseignements sur les patrouilles et les
barrages effectués par les GMR. Ceux-ci ayant reçu l’ordre de ne pas
arrêter les patriotes armés, les cas douteux devant lui être soumis. |
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Dans ce
contexte, la contribution des G.M.R. du Nord sera particulièrement
précieuse pour les services anglais ou les résistants. Usant de son
commandement et des facilités de déplacement que sa fonction autorisait,
le commandant Herry mettait régulièrement à la disposition du réseau
Sylvestre et des groupes action qui en dépendaient, des véhicules des
GMR pour couvrir des transports d'armes, d'explosifs, de munitions, de
postes émetteurs provenant de parachutages. |
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Les
nombreuses liaisons entre les différents groupes « action » du réseau
Sylvestre dans le Nord, le Pas-de-Calais, l'Aisne et même Paris,
s'effectuaient à bord des véhicules de dotation, ce qui permettait, en
trompant la vigilance ennemie, de transporter des parachutistes
britanniques sur les lieux qui leur étaient assignés. Ces missions
étaient également mises à profit pour remettre des pièces d'identité
officielles à nombre de clandestins. Enfin, le commandant Herry
fournissait au réseau Sylvestre des tenues de G.M.R. ce qui facilitait
le travail de certains agents, chargés en particulier de se renseigner
sur l'activité des Allemands ou leurs positions stratégiques. |
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Il convient d'observer ici que ce travail d'intense collaboration avec
les résistants n'a pu être réalisé que grâce à l'adhésion des policiers
eux-mêmes. A cet égard, il ne semble pas qu'il y ait eu des
dénonciations ou des trahisons de leur part, son ascendant sur les
hommes était indéniable.
Les témoignages de ceux qui ont connu le commandant Herry concordent à
affirmer qu'il s'attachait à insuffler à ses troupes une ardeur
combative les préparant à participer activement, le moment venu, à la
libération du territoire. |
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En cours
d'une reconnaissance à PERENCHIES pour étudier les possibilités
d'attaque d'un poste
d'écoute allemand, il ramène à Lille, dans son Side-car, un parachutiste
américain. Le lendemain, les personnes qui hébergeaient ce parachutiste
sont arrêtées et donnent son signalement. |
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En
compagnie de sympathisants qu'il recrute, il s'investira dans le
sabotage d'écluses ainsi que dans l'attaque de convois ennemis. Il
participera personnellement, le 18 juillet 1944, à la destruction des
locaux du S.T.O. de Lille. Sa voiture est reconnue et il est longuement
interrogé par la police. Ses chefs le surveillent et il apprend par
l’inspecteur de police Thellier, qu’il avait été pressenti pour entrer
dans le groupe comme mouchard. |
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Le bel agencement
du commandant Herry n'allait pas tarder à être mis à mal, alors que
l'avance alliée était engagée et que l'espoir revigorait chaque jour un
peu plus le moral de ceux qui, depuis de longs mois, avaient combattu
l'ennemi et le gouvernement de Vichy. |
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Dans la deuxième
quinzaine de juillet 1944, en pleine nuit, le commandant Herry envoie en
mission faussement officielle, deux gardiens de la paix (Weppe et
Renaud) porteurs de pièces d'identité contrefaites à remettre à des
résistants dans le secteur de Béthune. Les deux hommes sont victimes
d'un grave accident de la circulation. L'un d'eux (Weppe) est
mortellement blessé. Aussitôt le commandant Herry se rend sur place pour
récupérer les documents compromettants. Il a l'agréable surprise de
constater que le capitaine Neyme a été plus prompt que lui, et s'est
chargé de faire le nécessaire. Le lendemain, le commandant Herry est
convoqué par l'intendant de police qu'il ne parviendra pas à
véritablement convaincre sur le caractère officiel de la mission en
cause. |
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Il a fait
la connaissance de Gotland (alias Charpin) délégué du NAP, du docteur
Lafargue (Alias Deschamps) et de Legrad tous trois délégués FFI pour le
nord. Il les met en relation avec Gaston et plusieurs fois il les
conduit à Douai et Arras pour prendre liaison avec le chef du bureau
Militaire FFI. |
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Ce même
mois de juillet 1944, il recrute le
commandant Vitrant de l’Ecole de
police, qui mettra à sa disposition au moment de la libération un groupe
important. |
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Herry assume le
commandement des GMR mais aussi celui
des gardes communications qui
exécutent quelques sabotages dont celui de Saint André (ligne
Lille-Ypres). L’effectif à sa disposition à ce moment est d’environ 800
à 900 hommes. |
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Mais, un grave
événement survient à Lille : le délégué du N.A.P. - Noyautage des
Administrations Publiques - pour le Nord est arrêté avec plusieurs de
ses camarades membres
des F.F.I. |
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Après avoir subi
cinq fois le supplice de la baignoire, épuisé et à moitié inconscient,
il parle et fournit à la Gestapo le nom du commandant Herry.
L'arrestation de celui-ci devient inévitable. |
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Il l'a relatée en ces termes
: |
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« Je donne à mon personnel des
instructions formelles pour que les personnes désirant me voir soient
triées et introduites avec beaucoup de précautions. |
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Le 9 août
1944, à 11 h 30, je me trouve dans le foyer des gardiens, 24, rue
Turenne à Lille, dirigeant les travaux de la commission du mess. |
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Un gardien vient
me prévenir que deux hommes me demandent. J'envoie le lieutenant
Maillard aux renseignements. Il revient aussitôt et me dit : « ce sont
deux étrangers, ils ne m'inspirent pas confiance ». Pendant qu'il me dit
cela, les deux hommes sont entrés sur ses talons. Je les reconnais pour
deux agents de la Gestapo. Je me retourne pour fuir vers la porte qui
est derrière moi, mais la poignée a été enlevée par les gardiens de
service pour éviter qu'on me dérange. |
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J'attends
ces deux hommes et les conduis à mon bureau de façon à permettre à mes
gardiens de se préparer à les capturer. |
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Dans mon
bureau, la conversation suivante s'engage : |
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- Vous devinez le but de notre visite ? |
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- Non | ||||||||
- Nous avons reçu de nos chefs l'ordre de vous arrêter. |
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- Pourquoi ? |
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Vous
vous figurez peut-être que nous sommes venus bêtement nous jeter dans la
gueule du loup, mais détrompez-vous. Nos précautions sont prises. S'il
nous survient la moindre des choses, cent de vos gardiens seront
fusillés et les autres déportés. |
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Devant
cette menace, que faire... |
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Mon groupement
pouvait vivre sans moi, mon remplaçant était désigné. Je résolus de me
rendre et c'est la rage au cœur que je passai devant mes hommes surpris.
Cependant avant de sortir, je réussis à donner au gardien Vankelst les
papiers compromettants que je portais sur moi. » |
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Immédiatement conduit à la Madeleine, à l’ancien Café de la rotonde,
siège de la police secrète allemande. Le commandant Herry est
inlassablement interrogé sur ses relations avec les agents du War
Office, les réseaux de renseignements et d'action franco-britanniques et
les organisations de Résistance. |
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Il l'a relatée en ces termes
: |
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« L’interrogatoire
commence,
on me demande
se je connais CHARPIN et GASTON.
Puis
d'une façon
impérieuse
JACKY, Georges RENAUD,
Jean
PORAT
du Garage,
MARCEL
Jules et d'autres noms dont je ne me souviens pas. Naturellement je nie
éperdument. On me donne le signalement de GASTON. Je demande à voir des
photos, ils n'en ont pas. |
||||||||
Vers cinq heures,
la
porte s'ouvre et je suis mis en présence de CHARPIN qui, aux questions
posées par les Allemands répond d'une manière irréfutable,
établissant nos rapports d'une façon
très
nette. |
||||||||
J'apprends également qu'il
n’a
avoué qu'après
avoir subi cinq fois le supplice de la Baignoire. |
||||||||
Dés lors je reconnais effectivement que j'appartiens au W.O.et
que je connais
CHARPIN
et
GASTON. |
||||||||
On veut me faire
préciser l'action du W.O. et le lieu ou se cache GASTON. Devant mon
mutisme, l'un des Inspecteurs (ils sont 4 maintenant) me dit
: Vous allez apprendre à vos dépens
que
nous avons repris avec profit les méthodes
moyenâgeuses
". |
||||||||
Et je suis conduit dans une pièce du sous-sol,
ou il y a
simplement 2 fauteuils, une petite table, une armoire et un tabouret. |
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Ces Messieurs allument des cigares, se versent un verre de cognac, et
deux hommes de la S.D.,
en
civil, me couchent sur le tabouret
« Avec
des menottes on m'attache les chevilles et les poignets aux
pieds du tabouret et c'est dans cette position qui se
révèle
très
vite
cruellement incommode,
que se poursuit l'interrogatoire. |
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L'un des Inspecteurs, un grand brun frisé, me demande où
j'ai caché le Parachutiste, ramené par moi de PERENCHIES. Je nie, il
certifie alors aux autres qu'il me reconnaît, que j'avais des galons en
V.
tenue
actuelle ornée de galons de l'Armée,
je joue
sur cette différence et l'interrogatoire passe à un autre sujet. |
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L'Inspecteur Chef demande quels étaient les moyens employés pour
correspondre avec Gaston, puis les lieux où se cachaient les principaux
membres du W.O. je réponds toujours de
manière négative indiquant
que je ne connais pas
ces lieux,
n'ayant
pas d'action vraiment effective dans le W.O. |
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La séance
s’arrête,
les 2 hommes me relèvent car il
me
serait impossible de le faire moi-même. |
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Ils me font
revêtir
un imperméable,
me donnent des
lunettes noires et je suis
emmené
à
la
Prison Vandamme. |
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Le lendemain, ne vois personne avant 15 heures. On m'emmène
à nouveau dans le même appareil à
la
Rotonde.
Les mêmes questions me sont posées, et c'est toujours sur ce qui
intéressé le plus
particulièrement
la Gestapo, c'est à dire l'activité du Groupement, les lieux où sont
cachés les armes, les lieux de refuge des membres du Mouvement. On
m'interroge également sur l'activité
du Groupe
"ARTOIS"
et
celle du Groupe "FAIDHERBE". |
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Devant mon mutisme
persistant,
on me met une sorte de casque ou couronne de fer sur la tête, que l'on
peut serrer au moyen d'une vis. |
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Après
un temps qui me
parait
long, on me
ramène à
Vandamme. |
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D'après
ce que
je peux comprendre, on commence
à douter de mon
activité. |
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Le
lendemain Samedi, les Inspecteurs arrivent vers 10 heures du matin, l'un
des Inspecteurs m'informe que ma Femme et mon
Fils sont là et pris
comme otages. Mes deux Filles, 3 et 5 ans,
sont
restées à Valincourt (Nord). Ils répondront de ma franchise. |
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D'ailleurs on me dit que ma Femme a avoué. |
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On m'emmène
à nouveau à
la Rotonde, on
me fait entrer dansa la petite salle du tabouret, on me fait déchausser.
On me recouche à nouveau sur ce tabouret. Voyant que je ne parle pas
l'un des inspecteurs, un grand maigre,
vêtu
d'un costume gris foncé, s'approche de moi et armé d'un scalpel
me fait une
incision profonde allant jusqu'à l'os, dans laquelle au moyen d'un
vaporisateur, un autre inspecteur
injecte un liquide brûlant, sorte d'acide, et les questions, toujours
les mêmes me sont posées.
Je
ne
réponds
pas. On me
ramène
à la
caserne
Vandamme. |
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Le
Lundi, j'ai la visite d'un Inspecteur, qui me demande
si je
suis décidé a parler et m'offre la collaboration avec la Police Allemande
si je livre les Chefs du W.O. Je refuse, cet
inspecteur
s'en va. |
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Le
soir un Feldwebel
vient me chercher, me fait prendre les quelques
objets personnels que l'on m'a laissés, mes couvre-pieds, un bol,
une cuillère et m'emmène
dans une autre partie de la Prison. |
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Cette fois, je sens que le régime va changer. Sur le lit il n'y a plus de paillasse. La cellule est sombre, un vrai cachot. | ||||||||
Le lendemain, mes nouveaux Gardiens, 1 Sous-Officier et 1 Ubergefrater
sont des
cerbères
intraitables. |
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Le matin à
5 heures,
on me donne un bol de café et on me fait lever.
Vers 11
heures j'ai une louche de soupe et l'après-midi
vers 4
heures un autre bol de café. Je demande de l'eau pour me laver, on
m'apporte un broc et dorénavant je n'aurai plus que ce broc d'eau pour
boire et me laver une fois tous les cinq jours. Le seau n'est vidé
également qu'une fois tous les cinq jours. A toutes les
questions
que je peux poser on ne répond pas. C'est le grand secret. |
||||||||
Je ne suis plus interrogé jusqu'au samedi 19 Août. |
||||||||
Le 19 août, deux Inspecteurs réapparaissent et m'emmène à la Rotonde. |
||||||||
J'arrive à la Rotonde pas lavé depuis 10 jours, pas rasé, une culotte
déchirée, les pieds enveloppés de pansements. Les Femmes de Ménage m'ont
d'ailleurs vu passer au Poste de Police, mais il m'a été impossible de
communiquer avec elles. |
||||||||
Cette fois on n'a aucun ménagement. Immédiatement, les questions
commencent.
On me met le casque et ce n'est que lorsque je tombe évanoui que
l'interrogatoire s'arrêté. Je n’ai toujours rien avoué. |
||||||||
On me reconduit à la prison et je ne verrai plus personne jusqu'au
samedi 1er septembre, date de l'évacuation des Prisonniers
vers la Belgique et
l'Allemagne. |
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Vers midi,
un Feldwebel vient dans ma cellule, me fait sortir rapidement et
rejoindre les Prisonniers déjà groupés dans la cour. Ces Prisonniers
d'ailleurs sont tous des Allemands condamnés à mort. |
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On m'attache avec des menottes à un autre Allemand, auquel je resterai
attaché jusqu'au Samedi
soir 2 Septembre, qui marque notre arrivée à Bruxelles. |
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Dans le milieu de l'après-midi on nous embarque dans des camionnettes
qui se dirigent à toute allure vers Tourcoing. En route un prisonnier
s'évade. Nous arrivons
à
la Gare de Tourcoing, le
train venait de partir (train dans lequel se trouvaient les Prisonniers
venant de Loos), furieux nos Gardiens nous ramènent à Lille à la Caserne
Vandamme. |
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Là, il y a effervescence on ne sait que faire de nous. Finalement on
nous juche sur des camions de marchandises et nous commençons la
retraite avec les Allemands en direction de Bruxelles. |
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A Baisieux et un peu après Baisieux, notre convoi est survolé par 9
Mosquitos qui attaquent au canon les camions du convoi, 2 camions
brulent. Nous passons, mais à Tournai, les Allemands jugent
prudent de se garer et nous attendons la nuit. Aussitôt la nuit venue,
nous repartons mais les partisans Belges ont commencé leur action et
dans Tournai on entend tirer, une maison brule cernée par des Allemands.
Nous faisons plusieurs fois le tour de Tournai avant de pouvoir en
sortir. |
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Finalement au petit jour nous réussissons à quitter la ville nous nous
dirigeons vers Bruxelles. |
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A la sortie d'Enghein, notre camion tombe en panne. On nous fait
descendre et à pied nous regagnons Bruxelles. |
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A une dizaine de kilomètres, après les vains essais pour arrêter des
voitures, les chefs du convoi réussissent à nous faire monter dans un
camion et nous arrivons à Bruxelles au début de l'après-midi. |
||||||||
A la Prison ST Gilles, ou un Feldwebel devait prendre les instructions,
il n'y a plus personne. Il faut prendre de nouveaux
ordres à
« l'Oberfeldkommandantur ».
Là, en désespoir de cause on nous invite à monter dans un train de
détenus politiques Belges, qui en gare depuis le matin, et qui n'est pas
encore parti, les sabotages ayant commencé à jouer, sabotages qui nous
suivrons jusqu'à Malines. Nous sommes 86 dans notre wagon, avec un seau
d’eau pour tout le monde. Nous arrivons à Malines (environ 20kms) au
petit jour. De là, nous sommes dirigés vers Lezennes. |
||||||||
Nous n’irons pas plus loin. Les voies sont coupées par l’armée Blanche
belge….» |
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Les voies,
sabotées, ne permettent pas au convoi de poursuivre. Retour le 6
septembre à Bruxelles où, finalement, sur intervention du président de
la Croix-Rouge du pays (Monsieur Vandoren), les Allemands accepteront de
libérer les prisonniers en échange du rapatriement de mille des leurs,
blessés, et placés sous contrôle des Alliés. |
||||||||
Le
commandant Herry rentre à Lille le mardi 6 septembre, après avoir été
hébergé pendant deux jours par monsieur Oussart, un camarade de wagon,
qui était prisonnier des allemands depuis 1 an et avait été torturé 17
fois. Il apprend avec joie que son groupement s’est distingué de façon
particulière dans les combats de la libération de Lille et des environs.
Cela fut pour lui la meilleure des récompenses. |
||||||||
Au
lendemain de la Libération, le commandant Adolphe Herry
sera intégré sans la moindre difficulté dans les C.R.S. et nommé
commandant de groupement du Nord et du Pas-de-Calais. |
||||||||
Adolphe
Herry a été nommé chevalier de la légion d'honneur par décret du 25
septembre 1946, parution au journal officiel du 03 novembre 1946, sur
proposition du ministère de la Défense, armée de terre active, en tant
que lieutenant-colonel. |
||||||||
Il reçoit la légion d'honneur, par anticipation, le 21 septembre 1946
devant la préfecture de Lille (voir photo ci-dessous) , à sa droite le
colonel Gentien (directeur des CRS) et derrière lui se tient le
commandant de la 11ème CRS qui a mission de le soutenir
en cas de malaise, il a tenu à rester debout durant le défilé de
ses hommes. Il décédera le 25 septembre 1946 des séquelles des tortures
qui lui ont été infligées et desquelles il ne s'était jamais rétabli. Il
avait trente-neuf ans. |
||||||||
Il fut titulaire de La Croix de guerre avec palme et de la médaille de la Résistance. | ||||||||
Il a été fait officier de l'Ordre de l'Empire britannique. |
||||||||
Le premier film réalisé par les CRS en 1953 : "Les Soldats de
l'ordre" - lui a été dédié. |
||||||||
Photo tirée du livre "Les oubliés de la resistance" de Danielle Lheureux | ||||||||
Panégyrique | ||||||||
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S.O.E =
(Special Operations Executive) : Direction des Opérations
Spéciales Britanniques). |
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O.F.A.C.M. = Organisation Franco Anglaise du Capitaine Michel |
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W.O. =
War Office (département de la guerre anglais) |
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N.A.P. =
Noyautage des Administrations
Publiques |
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FeldWebel =
équivalent à un adjudant dans l’armée française. |
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Obergefreiter = équivalent de 1ère
classe |
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Oberfeldkommandantur =
Poste de commandement. |
||||||||
Carte du garde d'un GMR du groupe "Artois" (Collection Bernard Pacherie) | ||||||||