Brigades Franches (ou Corps Francs)
 

             Un corps franc,est un groupe de combattants civils ou militaires rattachés ou non à une armée régulière et dont la tactique de combat est celle du harcèlement ou du coup de main. Il peut également s’agir d’unités paramilitaires organisées par un État, ou d’unités formées spontanément par des civils.Parfois improvisés et sous-équipés, les corps francs sont généralement dotés d’un encadrement autonome.(Wikipédia)

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              " La lourdeur de mise en route d'un GMR, son manque de discrétion dans la progression, les délais trop longs entre le moment où l'action était programmée et son déroulement effectif : l'incapacité de contrôler chaque exécutant, autant avant que pendant l'action, montraient bien que ce type de formation était inadapté à la lutte contre les maquis. Cette faiblesse structurelle, à laquelle il fallait ajouter une part de mauvaise volonté d'une partie des personnels, avait le don d'exaspérer les activistes du régime qui, eux, rêvaient de tableaux de chasse plus conséquents .

                 L'autonomie et la mixité des brigades franches, composées à la fois de policiers en civil et en tenue, la griserie du combat, leur impossibilité de communiquer avec l'extérieur, le cloisonnement qui interdisait à d'autres policiers de connaître à l'avance leurs objectifs, et leur grande mobilité, furent autant d'éléments qui permirent de contourner les lourdeurs structurelles des GMR.
                 Chaque brigade franche fonctionnera comme une véritable "unité(s) de campagne", vivant de façon autonome, pourvoyant à ses besoins en cantonnement et alimentation. Ce principe fut probablement à l'origine des pratiques de pillage déjà constatées. D'autant que cette "entière liberté d'action" leur est formellement reconnue par l'administration, puisque les responsables de ces groupes, affranchis de tout contrôle juridique et hiérarchique, étaient porteurs d'une réquisition préfectorale permanente. Ainsi organisés, ils devaient travailler de façon autonome, au rythme de campagnes de trois semaines, à raison de six opérations nocturnes par semaine. La quatrième semaine, ils interrompraient leurs activités pour se reposer.
                 Au plan tactique, ces brigades intervenaient par "barrages-embuscades". Leur mission de "réduction des groupes adverses" s'opérait à partir de renseignements permettant de localiser leurs refuges. A l'issue de chaque attaque, il serait procédé "à l'exploitation rationnelle des renseignements, résultant de l'interrogatoire des individus arrêtés". Il s'agissait donc, dans un premier temps, de tuer, puis de s'emparer des survivants pour les faire parler, avec des méthodes que l'on peut deviner. Ces derniers, n'ayant d'intérêt que par les renseignements susceptibles de leur être arrachés.
                 Ces éléments se distinguaient en portant sur l'épaulette un insigne à tête de mort, symbole du passage en brigade franche."  (source "une police de Vichy d'Alain Pinel)
 
              
 

Extrait du bulletin n°15 de novembre 2005 de l’ARORY (Association pour la Recherche sur l’Occupation et la Résistance dans l’Yonne.)

 "Grégoire, chef du « corps franc de lutte contre le terrorisme »

 

                Les corps francs sont des unités de lutte contre la Résistance créées le 28 février 1944 par l'intendant régional de police à Dijon. Cette initiative s'inscrit dans le contexte de la radicalisation policière du régime de Vichy et de sa soumission croissante à l'Occupant. Huit corps francs sont constitués dans la région de Dijon et placés dans les départements sous l'autorité d'un officier de police ou de gendarmerie. Ils ont pour mission la lutte armée contre le « terrorisme ». Ils doivent « rechercher le contact, violent ou pas, provoquer le choc qui réduit et démoralise ».

                Mobiles, ils doivent pratiquer « la guerre d'embuscade », « chercher à frapper les terroristes aux heures et aux points où ils s'y attendent le moins ». Chaque corps franc, dirigé par un officier des Groupes mobiles de réserve (GMR), un officier de gendarmerie ou un commissaire de police, comprend une trentaine d'hommes qui sont originaires de trois corps distincts : un peloton spécialisé de gendarmes, un peloton de la police de sûreté, une section de GMR. La Franc-garde de la Milice peut participer à leurs actions, soit sur la demande de l'intendant de police, soit à l'initiative du chef régional de la Milice.

                Pour assurer sa mobilité, le corps franc dispose d'un car ou de deux camionnettes, et de deux motocyclettes. Outre leur pistolet individuel, les hommes disposent de quatre mitraillettes, douze à quinze mousquetons ou fusils de guerre, six à dix grenades et des munitions. Les moyens d'action sont l'embuscade, le barrage routier (ils disposent de herses métalliques), la « réduction d'un groupe adverse sur renseignements », « l'exploitation rationnelle et immédiate de renseignements résultant de l'interrogatoire  des individus arrêtés ». Les corps francs se déplacent dans les départements, ne cantonnant jamais plus d'un mois dans un même endroit.

                En mai 1944, l'intendant régional de police nomme le commissaire Grégoire à la tête du corps franc du département de  l'Yonne. Il est alors composé d'un peloton de gendarmerie et d'une section du GMR Bourgogne. Par la suite, le service de police de sûreté, commandé par l'inspecteur Bussat, est rattaché au corps franc et le GMR Guyenne participe aussi aux opérations. Grégoire est chargé de diriger les opérations qui s'inscrivent dans le cadre du maintien de l'ordre. Il doit informer la Gestapo des actions qu'il mène.

               Grégoire a donc la responsabilité des actions de répression menées contre la Résistance. De mars à juillet 1944, l'activité du corps franc se caractérise par l'installation de barrages routiers, souvent nocturnes, le ratissage de terrain (fouille de fermes isolées, de hameaux, de bois), des opérations de police au cours desquelles sont fouillés des hôtels ou meublés, sont encerclés des villages (Saint-Martin-des-Champs le 15 mai 1944), sont arrêtés des résistants (un groupe FTP à Cheny et Laroche les 6 et 10 mai 1944), enfin la lutte armée contre les maquis.

                Un important travail de renseignement est mené sur les activités des groupes de maquisards. Il s'effectue avec le support actif de certains membres de la gendarmerie (des documents le prouvent pour les brigades de Vézelay, de Villeneuve-sur-Yonne et de Seignelay). Les responsables du corps franc sont ainsi parfaitement au courant de la composition et des lieux d'implantation du maquis FTP Bourgogne, du maquis Garnier dans l'Avallonnais, du maquis Victoire et Liberté, de la présence du maquis Gaulois quand il arrive sur la rive gauche de l'Yonne. Ils sont aussi informés des évènements qui surviennent à Guerchy, Branches, Brion et Bussy-en-Othe au moment où les FTP y déclenchent « l'insurrection nationale » en juin 1944.

                  Ce sont les unités constitutives du corps franc dont Grégoire est responsable (10) qui attaquent le maquis Garnier à la ferme du Carrelet le 27 mars 1944 ; c'est le corps franc qui participe avec les Allemands à l'attaque du maquis Victoire et Liberté à Paroy-en-Othe le 13 mai et c'est encore lui qui encercle les quelques rescapés de cette attaque à Héry le 3 juin 1944, tuant un maquisard.

Le corps franc mène donc dans le département de l'Yonne une réelle activité de lutte contre la Résistance et est responsable de plusieurs dizaines d'arrestations. Une liste de 104 noms de personnes arrêtées fut saisie dans les services du commissaire Grégoire et utilisée par l'accusation au cours de son procès. Grégoire affirme pour sa défense qu'il a toujours donné l'ordre d'éviter le contact avec la « vraie résistance » et de combattre les pillards qui agissaient en son nom. Il affirme aussi avoir gonflé dans ses rapports la réalité de l'action répressive de ses hommes en incorporant, avec l'accord du commandant de gendarmerie, les arrestations faites par les gendarmes pour vols, incendies et autres délits. L'activité réelle du corps franc aurait donc été bien plus faible que ne le disent les statistiques. Il fait également valoir que, s'il était hiérarchiquement responsable des actions du corps franc, dans la réalité les opérations étaient du ressort de l'inspecteur Bussat, chef de la police de sûreté rattachée au corps-franc.

Ce bilan statistique pesa cependant lourdement dans la condamnation de Grégoire, ainsi qu'un télégramme du préfet régional félicitant personnellement Grégoire pour la détermination et l'efficacité de son combat contre le « terrorisme ». Par contre l'inspecteur Bussat put prouver que l'arrestation d'un groupe de jeunes FTP de Guerchy, qui avaient désobéi aux ordres de leur organisation, leur avait évité d'être livrés aux Allemands. Le commandant « Yvon », responsable départemental des FTP puis des FFI, affirma n'avoir rien à lui reprocher. Bussat fut réintégré dans ses fonctions mais mourut peu après."

 
 
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" Les Canadiennes"
 
                 Les policiers de la SPAC (Section de la Police Anti-Communiste) sont surnommés par la population population « les canadiennes », en raison des manteaux du même nom dont ils sont équipés.
                 Le 10 janvier 1944, 9 de ces policiers sont enlevés par un commando FTP alors qu’ils se trouvaient dans un hôtel de Bonneville.
 
"Les Canadiennes"


 
 
             En janvier1944, un groupe de « Canadiennes » appartenant à la police de vichy débarque à la Roche sur Foron ayant pour but de procéder à une reconnaissance des points de résistance de la région.
            Ce groupe d'une douzaine de personnes séjourne à l'hôtel MINO.
 
 
Le 14 janvier, les maquisards bien renseignés par un "indic" sur ce séjour, organisent un raid  armé dans cet hôtel, s'empare de l'ensemble de ce groupe, surpris par cette intrusion non prévue, et l'emmène en qualité de prisonnier dans le chalet du "Plan".
Là ces prisonniers sont bien traités pendant environ un mois. On occupe les soirées à jouer à la belote, et le jour à "glandouiller" autour du chalet, toujours sous la surveillance de plusieurs hommes armés.
Un jour un ordre arrive de les fusiller, ordre qui est exécuté !
Les cadavres sont enterrés dans une fosse commune à proximité du chalet
Quelques temps après la milice de Vichy, elle aussi bien renseignée sur ce lieu, dépêche un commando venu d'Annecy qui monte au "Plan" fortement armé avec des chiens policiers.
Les chiens policiers découvrent très vite l'emplacement de la fosse commune, les miliciens détruisent complètement le chalet avec des bombes incendiaires, et repartent "sagement" en emportant seulement les dépouilles des policiers.