BIOGRAPHIE DE  GREGOIRE  LEFEBVRE
 
 
Né le 19 novembre 1892 à Felce en Corse.
Fils de Léon Théodore ( gendarme à pied à Valle-d'Alesani) et de Felce Marie Xavière.
(Sa soeur Rose Cécile est née à Felce en 1890).
Employé de banque au Crédit Lyonnais
Décédé le 10 mars 1944 à Entremont. (Haute Savoie)
 
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Service Militaire :
- Incorporé en tant que conducteur de deuxième classe le 9 octobre 1913 dans un escadron du train des équipages militaires.
- Nommé Brigadier le 7 août 1914.
- Brigadier fourrier le 12 avril 1915 (chargé du registre de solde).
- Blessé il est évacué le 19 janvier 1916 et sorti de l'hôpital - reintégré à la compagnie  le 4 avril 1916.
- Affecté au dépôt de l'escadron le 1er février 1917
 
- Passe au 121° R.A.L. régiment artillerie lourde le 23 février 1917.
- Maréchal des Logis Fourrier le 1 mai 1917.
- Passe au 101° RAL le 29 octobre 1917.
- Passe au 409° RAL  le 10 juillet 1918.
- Nommé Maréchal des Logis chef le le 23 septembre 1918.
            Ordre N° 10 du 409° RAL  le 7 décembre 1918 - une citation à l'ordre de l'armée sous le motif : « excellent sous-officier plein d'allant, courageux et très consciencieux, a fait preuve d'un grand dévouement le 21 octobre 1918, en portant secours à des canonniers blessés sous un violent bombardement. » Signé : Le Lt Colonel Maillard Commandant le régiment.
La Croix de guerre 1914-1918 lui est décernée.
- Passe au 19° escadron du train le 13 février 1919.
- Mis en congé de démobilisation du Train le 22 août 1919 - se retire à Bovelles (Somme)
- Promu sous lieutenant de réserve par décret du 23 janvier 1926
 
- Promu sous-lieutenant de réserve le juin 1921, il suit plusieurs périodes d'instruction qui lui ouvrent l'accès au grade de lieutenant le 20 janvier 1926, puis à celui de capitaine, le 25 décembre 1938.
- Rappelé aux armées et affecté au QG de la 2° armée le 2 septembre 1939.
- Affecté au groupe Hippo le 2 octobre 1939.
- Hospitalisé du 9 janvier 1940 au 11 mars 1940.
- Passe à la compagnie auto le 21 mai 1940.
Cité à l'ordre de la division N° 15 du 25-06-1940 de la 14°DI
(Source : livret Militaire de Grégoire Lefebvre -Archives départementale de la Somme)

   Rappelé à l'activité en pré-mobilisation le 23 août 1939, et affecté à l'état-major du groupe hippomobile de la 2e Armée le 2 octobre suivant, il reçoit le commandement d'une compagnie de transport, à la 14e division d'infanterie du général de Lattre de Tassigny.

   Le 25 juin 1940, celui-ci le cite à l'ordre de sa division pour son comportement courageux face à l'ennemi lors de la campagne de France : «Ordre Général n° 15 du 25 juin 1940 — Officier d'un calme et d'un sang froid remarquables. A personnellement dirigé et assuré sous un violent bombardement aérien avec les voitures restant à sa Compagnie l'évacuation d'un Hôpital Militaire, réussissant à sauver 150 blessés et infirmières. S'est mis ensuite spontanément à la disposition du Général Commandant la Division d'Infanterie, et a assuré dans des conditions difficiles des transports importants de troupes et de matériels qui ont pu ainsi échapper à l'ennemi. »

Ces citations lui valent l'attribution de la Croix de guerre 1939-­1945, avec étoile d'argent.
 
"En juin 1940, les bombardements essuyés dans la région de Reims par la compagnie 873/11 de la 14e D. I. qu'il commande atteignent durement la population civile. Le jeune Hercule Murreau, à peine âgé de 12 ans, en ressort orphelin et erre au milieu des décombres. Le commandant Lefèbvre présent sur le théâtre des opérations, le recueille et entreprend avec son épouse les démarches administratives de l'adoption. Elles n'auront pas le temps d'aboutir car, tombé gravement malade, l'enfant mourra en février 1944."
(Source  : Le livre d'Yves Mathieu "Policiers perdu")
 
                A l'armistice, le capitaine Grégoire Lefebvre est démobilisé et se retire provisoirement à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Comme beaucoup de cadres militaires, il saisit l'opportunité de poursuivre sa carrière dans la police qui est en quête d'officiers de l'armée en vue de former les cadres des futurs G.M.R.
 
Dispositions transitoires de recrutement des cadres (décret du 7 juillet 1941).
 
Service dans la police :
- Le 18 septembre 1941 les deux premiers "Groupe Mobile de Réserve "Auvergne et Bourbonnais" sont présentés à l'Amiral Darlan et à Pierre Pucheu. A cette date Grégoire Lefebvre est le premier commandant du GMR "Auvergne".
             Ce GMR était formé principalement par des gars du nord et des Alsaciens-Lorrains considérés comme déserteurs de l'armée allemande.
- Par Arrêté du 21 novembre 1941 il est affecté à Toulouse.

(Source : JO du 28/11/41 - Gallica/BNF)
 
- Le commandant Lefebvre sera déplacé à Toulouse le 10 décembre 1941 avec 80 de ses hommes en vue  de  partir au Maroc (Information communiquée par Jean Zimmermann,  ancien du GMR Auvergne et du GMR Aquitaine). Cette unité sera maintenue sur place à Toulouse en raison du débarquement des alliés en Afrique du nord en 1942, créant ainsi le GMR Aquitaine avec des effectifs venant de Bordeaux.
 
- Le 8 décembre 1941 l'officier Neyme (Affecté précédemment à Clermont-Ferrand et résistant de la première heure) le rejoint à Toulouse. Il déclare :
               "Muté à Toulouse au groupe « Aquitaine », je suis sous les ordres du commandant Lefebvre et du colonel Danglade, tous deux anciens auxiliaires du général Delattre de Tassigny. Celui-ci arrêté, est amené à Toulouse fin novembre. Ayant appris que les Allemands devaient venir le chercher dans sa prison, le commandant Lefebvre, le brigadier chef Dassonville et quelques gardiens, nous nous postons à proximité de la prison avec des aides pour enlever le général aux allemands. Ces ordres nous avaient été donnés par le colonel Danglade alors intendant de police à Toulouse.  (Cette action ne pourra être menée à son terme, le général sera transféré en décembre au fort Montluc puis à la prison de Riom où il parviendra à s'évader avec la complicité de GMR).
 
              Le 11 novembre, les Allemands franchissent la ligne de démarcation. Tous les véhicules du groupe servent au transport et au camouflage du matériel entreposé à l'intendance maritime et à l'arsenal. Nous cachons pour plusieurs millions de pièces automobiles, d'armement, de l'essence, de l'huile, du bronze, etc...
              Aussitôt s'organise le passage en Espagne des jeunes gens déjà partis du Nord et réfugiés dans la région. Par l'intermédiaire d'un tailleur, Mr Barusse  de Toulouse, je suis mis en rapport avec un ancien garde mobile habitant à proximité de Pau, qui fait passer lui-même la frontière à tous ceux que je lui envoie.
               Les Allemands étant maintenant dans toute la France, je demande ma mutation pour le Nord. "
(Source : Dossier de résistant de J. Neyme -Service Historique de la Défense)
              Le Commandant Lefebvre a toujours aidé ses subordonnés dans leur relations avec les différentes organisations de résistance dont certains de ses officiers faisait partie. (Neyme  -  Lanfant  -  Couret).
 
               "Robuste, d'un tempérament sanguin à l'humeur facilement explosive, le commandant Lefèbvre est apprécié de ses subordonnés grâce à la qualité des rapports qu'il noue avec eux, au large soutien qu'il leur accorde au quotidien, à sa forte implication et à son autorité naturelle. Si d'aucuns rappellent avec regret son penchant pour la boisson, on s'accorde à reconnaître le souci qu'il manifestait pour leur bien-être matériel et moral des hommes placés sous sa responsabilité." (Source  : Le livre d'Yves Mathieu "Policiers perdu")
 
               Jean Zimmermann ancien du GMR Auvergne et Aquitaine m'a déclaré que lors des mouvements de l'unité pour des services de maintien de l'ordre, sur les ordres du commandant Lefebvre et en toute discrétion, un fonctionnaire de confiance, désigné par lui ou son adjoint, partait en précurseur (souvent un motard en tenue civile) pour aviser quand c'était possible (connaissance d'un contact), les réseaux de résistants, des missions imparties à l'unité.
 
             Le commandant Lefebvre du GMR Aquitaine sera tué en Savoie dans la nuit du 9 au 10 mars 1944, après avoir lui-même abattu le lieutenant Morel.
 Son action qui sera officiellement valorisée par les autorités vichyssoises quelques jours plus tard : par arrêté du chef du Gouvernement, en date du 28 mars 1944, la médaille pour acte de courage et de dévouement lui a été accordée à titre posthume dans les termes suivants : « énergique, grand organisateur, a confirmé à la tête de son groupe de belles aptitudes au commandement au cours d'opérations en Haute-Savoie, où il a dû faire face à l'attaque d'une bande de terroristes supérieurs en nombre et en moyens. A été tué au cours de l'action. »
                Cette décoration à titre posthume lui sera retirée par décret du 2 janvier 1946, « portant révision des récompenses pour actes de courage et de dévouement, accordées par l'autorité de fait se disant gouvernement de l'État français. »  (Source  : Le livre d'Yves Mathieu "Policiers perdu")
 
(Voir les extraits des événements d'Entremont tirés du livre d'Yves Mathieu )