Historique du Château de Pomponne
(service central des C.R.S.)
Le Château au
XVII° siècle
(Studio Michel)
Le nom de Pomponne, d'origine celtique, est difficilement
explicable. Le toponyme Novion, situé sur la commune. rappelle un
« Noviomagos » gaulois.
La seigneurie bien placée
sur la rive droite de la Marne fut très importante. Un château y
est construit, possession de la famille
de Chevreuse, dès le début du XII siècle. Les bâtisseurs,
Guy le Rouge et son fils Hugues ler également seigneurs
de Gournay-sur-Marne, entendent ainsi barrer au roi de France, la
route de la Brie et de la Champagne. Querelleur et sans scrupules,
Hugues 1er ne tarde pas à entrer en conflit ouvert avec
le roi Philippe 1er. La situation s'aggrave en 1108,
lorsque Louis VI monte sur le trône, car le nouveau souverain
entend faire cesser cette révolte. Il assiège le château de
Gournay, s'en empare et le rase. Quelques années plus tard, Louis
VI est devant Pomponne, sauvé par la renonciation d'Hugues à tous
ses biens. Entré comme religieux à Clunny en 1118, il y
finit ses jours en 1147.
En 1130, Renaud 1er est seigneur de Pomponne. Son frère
Renaud II qui lui succède, meurt en 1192. Le fils de ce dernier,
Jean II épouse Marie
de Garlande, fille du seigneur de Livry. Leurs enfants, Renaud III
et Hugues II possèdent successivement Pomponne, jusqu'en 1235. Par
la suite, en raison d'héritages répétés, le domaine est morcelé et
diminué. Pierre II seigneur de Pacy, de Pomponne et d'Ostel,
décède vers 1280. Son fils Philippe 1er, son petit-fils
Philippe II tiennent la terre que Jean de Chatillon vend en 1378 à
Guillaume de Dormans, évêque de Meaux. En 1387, celui-ci l'échange
avec Jean Le Mercier qui la transmet à son gendre, François,
Cassinel. L'aîné de ses fils, Guillaume, en hérite en 1415, avant
de la laisser à son gendre Antoine de Bohant, en 1456. En 1474,
Louis de Bohant succède
à son père. A sa mort, en 1479, les deux filles, Marguerite et
Jeanne, se partagent Pomponne, et le revendent, deux ans plus
tard, à Bertrand de Saint-Julien.
Martin Courtin reçoit, en 1489, le domaine où il réalise de
nombreuses acquisitions. Après sa mort, en 1517, ses fils Louis et
Jean possèdent Pomponne. Marie, fille de Jean, épouse Pierre
Grassien qui devient ainsi seigneur de Pomponne, en 1558. C'est
ensuite Claude et Pierre de Hacqueville, ce dernier resté seul en
1580. Son fils Nicolas laisse la terre, en 1613, à Catherine de la
Boderie, sa sœur utérine, épouse de Robert Arnauld d'Andillv
(1588-1674), frère du grand Arnauld, et de la mère Angélique de
Port-Royal. C'est lui qui, vers le milieu du XVII siècle,
entreprend la construction du château actuel, avec fossés, pièces
d'eau et jardins dessiné par Le Nôtre. L'ancien château se serait
élevé plus près de la mairie.
En 1674, son fils Simon Arnauld (1618-1699) lui succède. Epoux de
Catherine Ladvocat, il a effectué une longue carrière diplomatique
et politique au service de Louis XIV. Ami du surintendant
Foucquet, il partage, pour un
temps sa disgrâce. Rentré dans les
faveurs du roi, il devient en 1665, ambassadeur extraordinaire en
Suède. En 1669, il est envoyé à la Haye, puis en 1671, retourne à
Stockholm. Ministre des Affaires étrangères la même année,
il conclut la paix de Nimègue en 1678,
avant d'être encore disgracié sur les menées jalouses
de Colbert et de Louvois. Rappelé au Conseil comme ministre d'Etat
en 1691, il obtient la surintendance des Postes en 1697. Sa fille
Catherine Félicité avait épousé Jean-Baptiste Colbert, marquis de
Torcy (1665-1746). Aimant sa terre de Pomponne, Simon Arnauld y
entreprend de grands embellissements, au dépens des maisons du
voisinage. En 1682, le roi Louis XIV érige le domaine en
marquisat. C'est là que se rend bien souvent la marquise de
Sévigné, dont les lettres gardent le souvenir enthousiaste des
lieux. C'est également à Pomponne que décède, le 4 janvier 1684 le
grand janséniste (Le Maistre de Sacy), traducteur de la Bible. Le
marquis de Pomponne, lui, meurt à Fontainebleau, le 26 septembre
1699. Seul son cœur est enterré près du maitre-autel de l'église
de Pomponne. Ses Mémoires ont été publiés en 1860-1861.
Le nouveau marquis de Pomponne, fils du précédent, Nicolas Simon
Arnauld (1663-1737), n'a pas la célébrité de son père. Après une
carrière militaire, il devient lieutenant-général au gouvernement
de l'lle-de-France. Sa fille, Catherine Constance Emilie, en
épousant Jean Joachim Rouhault de Cayeux, marquis de Gamaches, lui
transmet Pomponne. En 1759, la terre est vendue à Antoine Joseph
Paul Feydeau, marquis de Brou, mort en 1763. Ses deux filles,
épouses du vicomte de Tavannes et du marquis de Maupeou, héritent
le domaine vendu en 1782 à François-Joseph Huvelin de Baviller,
ancien aide-major au régiment des Cent-Suisses. Le château est
alors en triste état. Le nouveau propriétaire commence à peine les
travaux nécessaires, qu'il meurt en 1785. Une fois de plus,
Pomponne est vendu, à Louis Mathieu Lebas de Courmont (1742-1794),
fermier général, qui effectue les réparations indispensables, mais
est guillotiné à Paris, avec vingt-sept de ses collègues.
Sa veuve garde .le château jusqu'à la vente, en 1821 à un notaire,
parisien Louis Dreux. Celui-ci, et son fils Edouard à partir de
1868 rendent' le
château habitable. au détriment des installations anciennes. Mais,
c'est au gendre d'Edouard Dreux, Albert Dumez qu'il appartient de
poursuivre la restauration
complète des bâtiments, et des jardins, avec une cascade copiée
sur celle de Saint-Cloud. L'architecte Hottot-Saint-Ange
s'aide de deux précieuses
gravures qui montrent l'ensemble du domaine vers la fin du XVII
siècle.
Après la mort de
son mari, en 1905, madame Dumez continue l'entreprise,
et la mène à bien. Transformé en « Dépôt d'Eclopés » pendant la
guerre de 1914-1918, le château de Pomponne abrite également en
1918 les entretiens entre Georges Clemenceau et les chefs
militaires français et alliés. Une plaque de marbre blanc, due à
la piété de madame Dumez rappelait jadis ces moments de l'histoire
nationale, à la veille de la seconde bataille de la Marne : « Dans
cette antique demeure, le 2 juin 1918, le général Pétain appelé
plus tard au maréchalat, donna l'ordre aux troupes alliées
d'arrêter la marche de
l'ennemi, alors à Chateau-Thierry. Et ce fut le signal de la
Victoire ». La plaque devait disparaître en 1940 lors de
l'occupation du château par les troupes allemandes.
Madame Dumez décède en 1942. Après la Libération
le château est acheté par
le ministère de l'Intérieur qui y a établi, une caserne de C.R.S.
et des installations du service d'Interpol. Le bâtiment qui ne, se
visite pas est bien défiguré à l'intérieur. Le parc, en partie
détruit et à l'abandon mériterait un meilleur sort. Le château a
été inscrit à l'Inventaire des Sites le 5 juillet 1943. Dans le
campanile de la cour d'honneur, la cloche date du XVII siècle. Un
mécanisme provenant de la même horloge réparé en 1794 est conservé
au musée municipal de Lagny.
A l'extérieur du château, le long du mur bordé par la R.N. 34, il
subsiste une borne routière en grès, des années 1780. Ornée de la
fleur de lis royale, elle porte le nombre 14, et indique environ
27 km depuis Paris. Toujours en bordure de la R.N. 34, mais dans
le parc du château on voit derrière une grille, une croix en
pierre, érigée en 1913, en souvenir de la mission prêchée à
Pomponne en octobre-novembre 1912.
Près du château, l'église Saint-Pierre de Pomponne conserve
quelques restes de la fin du XII siècle. Ruinée après la
Révolution réunie pour le culte à Thorigny, elle est partiellement
vendue en 1842 (clocher, chœur et chapelle). Le clocher et les
deux chapelles sont détruits, alors que le chœur est converti en
habitation et en grange. Autrefois, le chœur conservait un vitrail
du XIII siècle, et la chapelle Sainte-Véronique, des peintures sur
verre du XVII siècle. Les ressources obtenues permettent de
construire le clocheton et de réparer la nef, bénie le 23 février
1843. Eugène Dubarle, conseiller à la Cour de Paris, rachète la
partie aliénée, en 1861, la restaure ainsi que le chœur, réédifie
les deux chapelles et la sacristie. L'ensemble est rétrocédé à la
commune, et l'église rendue au culte le
18 avril 1870 lors des obsèques d'Eugène Dubarle.