Insigne des
Commandos de Provence
( Tous les textes qui suivent sont tirés du livre de Maurice AGULHON et Fernand BARRAT " CRS à MARSEILLE 1944-1947" et ne sont qu'un aperçu des nombreux documents qui figurent dans cet ouvrage.)
Il semble que ce soit le souci d'assurer un salaire aux différents mouvements officiellement reconnus de la Résistance et le désir de créer une force de maintien de l'ordre suppléant aux carences des Polices Urbaines et de la Gendarmerie qui a motivé le Commissaire Régional de la République de MARSEILLE dans son intention de créer, à titre provisoire au début, les "Forces Républicaines de sécurité". Arrêté N° 2 du 22 Août I944).
Cependant, dès Octobre I944, les F.R.S. devenaient des unités spéciales encasernées.
La répartition prévue était la suivante :
BOUCHES DU RHÔNE :
Insigne figurant sur le cahier de rapport journalier de la 1ère compagnie FRS - "Servir"
MARSEILLE 1/2 Brigade à 2 bataillons et une compagnie Hors rang ; (voir Bataillon Marseille)
AIX, 1 bataillon type B.
A compter du 11septembre 1944 l'hôtel de la Mule noire est réquisitionné en partie pour les FRS à Aix.
ARLES, 1 compagnie mobile.
ALPES MARITIMES :
NICE, 1 bataillon type A (à 4 compagnies).
Archives de Nice : cote
1065W 0020 :
Ravitaillement et réquisitions
Réquisitions
françaises (pour les besoins des administrations) :
Hôtel
Impérial 8 bd Carabacel à Nice au profit des Forces
républicaines de sécurité (1945)
VAR :
TOULON, 1 bataillon type B (à 2 compagnies).
Archives de Toulon : cote 1 W 98
Comité de libération italien, 1944-1946.
Comités de libération : organisation, fonctionnement, locaux,
1944-1946. Forces républicaines de sécurité
1944-1946. Mouvement de libération nationale, 1944-1946. Etats
généraux de la renaissance française, juin-juillet 1945. Activités
des partis, 1945-1949.
VAUCLUSE :
AVIGNON, 1 bataillon type B (à 2 compagnies) ( Document FRS du Vaucluse par Alain Crosnier)
Château "La Simone" - Pertuis.
L'explosion de La Simone par Michèle BITTON
Voir également la page du "Pertuisien"
HAUTES ALPES :
GAP, 1 compagnie mobile.
BASSES ALPES:
DIGNE, 1 compagnie mobile.
Toutes ces forces étaient à la disposition du Commissaire Régional de la République pour coopérer à la sécurité et lutter contre "l'ennemi de l'intérieur".
Les missions étaient essentiellement des missions de police :
Lutte contre le marché noir, garde des quais des dépôts d'approvisionnement et convoyage des transports de denrées. Services d'ordre, de contrôle de surveillance des grands services publics, des camps, des pipe-line, des prisons. Recherches identifications et arrestations des collaborateurs, patrouilles urbaines.
Toutes ces forces étaient placées sous le commandement du Général GUILLOT qui les appelaient "La Vraie police du peuple".
Celui-ci était en liaison avec l'E.M. du département de la guerre, l'E.M. des F.F.I., le secrétaire Général pour la Police et dépendait directement du Commissaire de la République.
Ci-joint, les documents traitant de la constitution, des Statuts, du fonctionnement des F.R.S. et de la création des C.R.S. dans la région de MARSEILLE.
Saint-Tropez, le 23 août 1944
ORGANISATION DES FORCES RÉPUBLICAINES DE SÉCURITÉ
Il est créé près des services de police et des brigades de gendarmerie, un corps de Police supplémentaire désigné sous le nom de Forces Républicaines de sécurité (F.R.S.)
Ses effectifs seront puisés parmi les membres des F.F.I. dans les conditions fixées ci-après ; cette organisation aura pour but d'aider la police dans l'exercice des tâches qui lui sont normalement imposées et spécialement en ce qui concerne la répression des faits de collaboration et de marché noir.
Le Préfet demandera aux comités locaux de Libération, de désigner un chef F.F.I. et un nombre précis de ses membres pour être affectés au service de police ou de gendarmerie, de son ressort.
L'importance du personnel F.R.S. sera calculée sur les bases suivantes :
Chaque F.R.S. devra produire en l'absence d'un casier judiciaire une déclaration sur l'honneur visée par le président du comité local de Libération, certifiant qu'il n'a jamais fait l'objet de condamnation de droit commun. Il devra également fournir une attestation du président C.L.L. certifiant qu'il possède une instruction au moins égale à celle du certificat d'études primaires.
Les F.R.S. porteront le brassard F.F.I. surchargé du cachet de la force de police à laquelle ils sont affectés. Dans l'exercice de ses fonctions ordinaires, le membre F.R.S. sera porteur du pistolet automatique. L'armement complémentaire que peut posséder chaque F.R.S. sera déposé au commissariat de Police ou à la brigade de gendarmerie dont il dépend, de manière à pouvoir être utilisé le cas échéant.
Des moyens de transport seront donnés à chaque groupe de F.R.S. de réquisition. Les F.R.S. encadrés par leurs chefs, sont placés sous les ordres directs soit du commissaire de police, soit du chef de brigade en gendarmerie. Il ne devra exercer ses fonctions qu'accompagné par un fonctionnaire des cadres réguliers de police ou de gendarmerie.
Dans les villes où existent des services de renseignements généraux de police judiciaire et de sécurité publique dans les groupes de F.R.S. seront affectés chacun de ces services dans les conditions d'effectif fixés précédemment (sic).
Le commissaire divisionnaire
COMMISSARIAT RÉGIONAL DE LA RÉPUBLIQUE A MARSEILLE.
( ARRÊTE N° 2 ) Relatif à la constitution des Forces Républicaines de Sécurité
Le Commissaire Régional de la République à Marseille
VU l'ordonnance du 10 janvier 1944 portant division du territoire de la métropole en commissariats régionaux de la République et création de commissariats régionaux de la République.
ARRÊTE :
ARTICLE 1.- Il est organisé, à titre provisoire, des "Forces républicaines de sécurité (F.R.S.), chargées, conjointement avec les forces de police et les forces militaires, du maintien de l'ordre et de la sécurité publique dans les territoires libérés.
Ces formations seront utilisées notamment pour :
a) la recherche et l'arrestation des individus ayant collaboré avec l'ennemi ou l'usurpateur ;
b) la surveillance de toutes opérations afférentes au ravitaillement de la population civile et la lutte contre le marché noir.
ARTICLE 2.- Les F.R.S. créées par arrêté préfectoral, seront recrutées notamment parmi les membres des Forces françaises de l'intérieur (FFI).
Chaque formation sera dirigée par un membre des Forces françaises de l'intérieur et placée sous les ordres d'une autorité régulière de police.
Les soldes des membres des F.R.S. seront provisoirement fixées par arrêtés préfectoraux.
Les membres des F.R.S. bénéficieront des dispositions de la loi du 31 mars 1919 modifiée par les textes subséquents.
ARTICLE 3.- Les F.R.S. seront en principe, utilisées dans les limites du département où elles ont été recrutées.
Elles pourront, cependant, par décision du commissaire régional, être mises pour une ou plusieurs opérations déterminées à la disposition de tout autre préfet de la région. Dans ce cas, une indemnité de séparation, dont le montant sera fixé par un arrêté ultérieur, sera allouée aux membres des F.R.S. mariés ou ayant des charges de famille.
ARTICLE 4.- Les préfets de la région de Marseille sont chargés de l'exécution du présent arrêté qui sera publié dans "Le bulletin des actes administratifs" et affiché dans chaque commune.
Saint-Tropez, le 22 août 1944
Subdivision militaire,
Commandement départemental
Etat-major
N° 116/C
NOTE DE SERVICE
1.- La note du 23 août 1944 qui nous a été notifiée le 26 prévoit l'organisation d'une force mobile de sécurité (F.R.S.) dont les effectifs doivent être puisés parmi les membres des F.F.I. Cette organisation a pour but d'aider la police et la gendarmerie dans l'exercice des tâches qui lui sont normalement imposées et spécialement en ce qui concerne la répression des faits de collaboration et de marché noir.
En ce qui concerne la gendarmerie, les forces de F.R.S. affectées à chaque brigade doivent avoir un effectif égal à celui de la brigade.
2.- Par application des dispositions ci-dessus, le chef d'escadron, commandant la compagnie départementale de gendarmerie du Var voudra bien, dès maintenant, procéder à la constitution auprès de chaque brigade du département d'une brigade auxiliaire F.R.S. locale à laquelle il pourra être fait appel le cas échéant pour la répression des faits indiqués ci-dessus.
Ces brigades auxiliaires seront recrutées dans la localité parmi les membres des organisations F.F.I. (Milices patriotiques comprises) présentant toutes les garanties exigées par la note du 23 août. Leur chef et les hommes seront désignés par les comités locaux de libération.
Le chef de brigade de gendarmerie aura le commandement de sa brigade et de la brigade auxiliaire F.R.S.
3.- Le chef d'escadron commandant la gendarmerie départementale du Var rendra compte de l'organisation de ces brigades auxiliaires au fur et à mesure de leur constitution.
4.- Des précisions ont été demandées en ce qui touche le statut des F.R.S. Elles seront communiquées dès réception.
Toulon, le 8 Septembre 1944
Le lieutenant-colonel LELAQUET
Commandant la subdivision militaire et
Chef Départemental des F.F.I. du Var.
Destinataires .
Commandant d'arrondissement F.F.I. de TOULON
Commandant d'arrondissement F.F.I. de DRAGUIGNAN
Général de la XV° Région - à titre de C.R.
Préfet à titre d'information
Sous-préfet de Toulon à titre d'information.
M. BARRAT, chef départemental des Milices patriotiques
Archives.
FORCES RÉPUBLICAINES DE SÉCURITÉ
Principes fondamentaux.
1.- Les Forces Républicaines de Sécurité constituent des forces supplétives de l'Intérieur qui sont à la disposition du commissaire régional de la république et des Préfets pour coopérer à la sécurité du gouvernement de la République en luttant contre l'ennemi de l'Intérieur.
2.- Les éléments constituant les Forces Républicaines de Sécurité doivent être pris dans tous les mouvements officiellement reconnus de la Résistance et former, par une répartition judicieuse, des unités comprenant un personnel venu de ces différentes formations.
3.- Les documents de base pour l'organisation, l'administration et le fonctionnement des F.R.S. sont :
-A ces documents sont jointes des annexes.
-Des instructions particulières complèteront les documents de base.
STATUTS
Titre I : Recrutement.
Article 1 : Conditions d'admission.
1. Être Français. Les Français par naturalisation depuis juillet I49O ne sont pas admis .
2. Conditions d'âge de 18 à 45 ans.
3. Être apte physiquement.
4. Avoir un casier judiciaire vierge des condamnations de droit commun.
En l'absence d'un extrait de casier judiciaire vierge, une déclaration sur l'honneur visée par le président du comité départemental de Libération certifiant que l'intéressé n'a jamais fait l'objet d'une condamnation de droit commun.
5. Être possesseur d'une carte F.F.I. et d'une attestation du Comité départemental de libération, comme quoi l'intéressé a participé effectivement à la libération de la France.
6. Posséder l'instruction correspondant au certificat d'études primaires.
RÈGLEMENT SUR L'ORGANISATION ET LE FONCTIONNEMENT
Titre I : Constitution, répartition, composition.
Article 1 : Les Forces républicaines de sécurité constituent des forces supplétives de l'Intérieur qui sont à la disposition du commissaire régional de la République et des Préfets.
Article 2 : Éléments constitutifs.
Les Forces républicaines de sécurité comprennent :
Une inspection régionale des F.R.S.
Une demi-brigade de deux bataillons à Marseille.
Un bataillon ou une compagnie mobile dans les départements et dans certains arrondissements.
Article 3. La hiérarchie du personnel non officier des formations F.R.S. se compose des grades ci-après :
Garde,
Sergent (chef d'escouade),
Sergent-chef (chef de groupe ou chef comptable),
Aspirant (chef de détachement).
Le personnel officier comprend les grades normaux de l'armée.
Article 4. Les F.R.S. sont organisées en bataillon ou en compagnies mobiles formant corps.
De plus, la demi-brigade de MARSEILLE dispose d'une compagnie hors rang.
Article 5. Répartition et composition des Forces Républicaines de sécurité :
1. Répartition.
Bouches du Rhône : Marseille, 1/2 brigade à 2 bataillons type A et une compagnie hors rang : Aix, 1 bataillon type B : Arles, 1 compagnie mobile.
Alpes-Maritimes : Nice, 1 bataillon type A (à 4 compagnies).
Var : Toulon, 1 bataillon type B (à 2 compagnies).
Vaucluse : Avignon, 1 bataillon type B (à 2 compagnies).
Hautes-Alpes : Gap, 1 compagnie mobile.
Basses-alpes : Digne, 1 compagnie mobile.
2. Composition des unités : voir en annexe les tableaux d'effectifs.
Titre II : COMMANDEMENT
Inspection régionale des F.R.S.
Article 6. Le général inspecteur régional des F.R.S. est le chef de ces forces.
Cet officier général dépend directement du commissaire de la République. Il se tient en liaison étroite avec l'E.M. des F.F.I. et avec le secrétaire général pour la police. Il doit en outre assurer de fréquents contacts avec l'E.M. du département de la guerre.
Titre III : MISSIONS DES F.R.S.
Chapitre 1er.
Article 8 : Définition des missions.
Les Forces républicaines de sécurité ont pour mission :
1. De coopérer à la sécurité du gouvernement de la République en luttant contre l'ennemi de l'intérieur.
2. De lutter contre le marché noir et contre tout ce qui peut nuire au redressement économique.
3. De participer aux divers services d'ordre, de contrôle et de surveillance sous les réserves fixées ci-après :
Chapitre 2 : Exécution des missions
Article 10 : Lutte contre l'ennemi de l'intérieur.
1. Par la recherche, l'identification et l'arrestation des individus incontestablement connus pour avoir collaboré avec l'ennemi et avoir nui ou pouvant nuire encore à la sécurité des patriotes (milicien P.P.F., collaborateurs notoires).
2. Par la recherche et l'identification des éléments douteux français ou étrangers, suspectés de collaboration avec l'ennemi ou d'avoir gêné l'action de la Résistance.
3. Par la constitution des dossiers des intéressés et de leurs transmissions aux services de police habilités à cet effet.
4. Par leur coopération avec la police dans la poursuite de ces éléments.
Article 11. Lutte contre tout ce qui peut nuire au redressement économique.
Cette lutte doit s'exercer contre tout ce qui peut gêner ce redressement, sauf en ce qui concerne les différends éventuels entre les patrons et les ouvriers.
Elle doit consister :
1. A rechercher les trafiquants de toute sorte.
2. A déceler et à arrêter les individus pris en flagrant délit de marché noir.
3. A coordonner dans certains cas la poursuite avec les services de la police économique en vue de la répression des infractions de cet ordre.
- - -
Titre V : DISCIPLINE GÉNÉRALE.
Chapitre 1er
Article 17 : De la discipline.
Du plus pur esprit F.F.I. doivent découler normalement les règles élémentaires d'une discipline indispensable pour mener à bien la lutte entreprise.
Camarades de combat, les chefs et les gardes doivent être pénétrés d'une confiance réciproque.
Cette discipline s'obtient d'autant plus facilement que le chef, par ses qualités morales et par son esprit de lutte, prend plus d'ascendant sur les camarades qu'il commande. Elle doit être d'autant plus facile à appliquer qu'elle s'adresse à des hommes venus volontairement pour continuer le combat.
Le chef fait appel à l'intelligence et au cœur des combattants qu'il dirige. Quand il juge utile et sans que cela puisse nuire à son autorité, il n'hésite pas à expliquer à ceux-ci la raison de décisions prises, de difficultés rencontrées, les efforts faits pour les vaincre.
Il les intéresse à la vie publique.
Il s'attache également à développer la culture générale et technique des cadres et des gardes. Il s'efforce d'en faire des hommes meilleurs et des combattants résolus et compréhensifs dont toutes les qualités doivent être mises au service de la Nation qui se libère.
La discipline se manifeste extérieurement par l'observation des règles individuelles relatives à la tenue et à la conduite.
Elle s'impose à tous les cadres et gardes des Forces Républicaines de Sécurité.
Ces règles précisent les devoirs de chacun envers ses chefs, envers le public, envers ses camarades et envers soi-même.
Dans le service, tout officier, gradé ou garde doit le salut à ses supérieurs hiérarchiques.
Ceux-ci ont le devoir de rendre le salut.
Les cadres et gardes doivent également le salut aux différentes autorités avec lesquelles ils sont en relation de service. Ils sont toutefois dispensés du salut lorsqu'ils sont empêchés par la mission qu'ils accomplissent (service d'ordre, intervention sur la voie publique, etc.)
Officiers gradés ou gardes des Forces Républicaines de Sécurité doivent constamment tendre leurs efforts pour gagner et conserver la confiance de tous les patriotes qu'ils protègent contre l'ennemi de l'intérieur.
Si dans leur rapport de service avec le public, ils doivent souvent faire preuve d'énergie et de fermeté, ils doivent aussi assurer l'exécution de la mission sans tracasserie inutile et en se montrant toujours corrects, la fermeté n'exclut pas la politesse.
R A P P O R Tsur le fonctionnement et le rendement des Forces Républicaines de Sécurité à la date du 31 Décembre 1944. |
A. PRÉAMBULE
FONCTIONNEMENT.
Le fonctionnement des F.R.S. s'est heurté dès le début à des difficultés d'ordre matériel, non encore complètement résolues actuellement (vêtements, armement, couchage, casernement, etc.) et à des errements inhérents à toute création nouvelle, mais en particulier au manque d'instruction technique du personnel .
Malgré ces difficultés, et grâce à la volonté de chacun et à la foi manifestée par le personnel dans l'accomplissement des missions qui lui étaient confiées, le rendement obtenu par les Forces Républicaines de sécurité ne peut être contesté, et les résultats acquis sont souvent remarquables.
L'étude impartiale des chiffres fournis sur l'activité des F.R.S. fournit la base de cette assertion.
B. ACTIVITÉ DES FORCES RÉPUBLICAINES DE SÉCURITÉ
(à la date du 31 décembre 1944)
I.) GARDES JOURNALIERS
1. Département des Bouches du Rhône
Marseille - Caserne Audéoud
Effectif total | 1.300 (officiers compris) |
Effectif moyen réel | 1.200 environ |
Compagnie hors rang | 143 (à déduire du service de garde) |
Indisponibles pour repos normal, congé exceptionnel et maladies | 300 environ |
Effectif disponible pour le service | 769 environ |
LIEU | HORAIRE | OBJET | EFFECTIF | OBSERVATIONS |
Préfecture | jour et nuit | Garde de la préfecture | 45 | 15 gardes de jour, 30 gardes de nuit, ramenés à 15 - Service de 24h à compter du 6 janvier I945 |
Etat-Major (rue Armény) | permanent | Garde de l'E.M.- F.R.S. | 10 | |
Cour de justice (rue Fortia) | jour | service d'ordre | 11 | |
Juges d'instruction (rue Grignan) | jour | Garde et service | 08 | |
Commission centrale de sécurité | jour et nuit | Garde | 11 | |
Commission de sécurité (bd du Muy ) | jour et nuit | Garde | 15 | supprimé le 4 janvier I945 |
Commission (Bd Rabatau) | jour et nuit | Garde | 05 | Effectif ramené à 2 hommes le 3 janvier I945 |
Commission (rue de Crimée) | jour et nuit | Garde | 11 | Supprimé le 4 janvier 1945 |
Commission (rue Nègre) | jour et nuit | Garde | 05 | Supprimé le 4 janvier 1945 |
Les Présentines | jour et nuit | Garde | 11 | Supprimé le 4 janvier 1945 |
Dépôt pharmaceutique | jour et nuit | Garde | 06 | |
Dépôt Pont de Vivaux | jour et nuit | Garde | 05 | |
Hôpital F.F.I | jour et nuit | Garde | 22 | Supprimé le 6 janvier 1945 |
Dépôts d'ap- provisionnement (population civile) | jour et nuit | Garde | 30 | |
Huilerie S.I.G.G. | nuit | Garde | 05 | |
Prison St Pierre | jour et nuit | Garde des détenus | 30 | |
D.G.E.R. (rue F. Mistral) | jour et nuit | Garde | 12 | |
Subdivision aérienne (275 Corniche) | nuit | Garde | 15 | |
Croix-Rouge (rue Dieudé) | nuit | Garde | 03 | |
Infirmerie des Catalans | jour et nuit | Garde | 02 | |
En ville patrouille. | jour | Service d'ordre et surveillance | 22 | |
Barrages Blancarde Plan de Cuques Mazargues Valentine Oddo |
Jour heures variables 2 heures en principe d'affilée |
contrôle circulation | 11 | |
jusqu'au 31 Décembre 1944 il a été fourni en plus 160 gardes par jour pour la garde des quais et les convoyages des transports de denrées. | ||||
Garde à la Caserne Audéoud | jour | Garde | 66 | |
Renfort de nuit de cette garde |
nuit | Garde | 34 |
Total des gardes en service normal journalier : 395.
Il reste donc disponible : 760 - 395 = 365 gardes, desquels il faut défalquer le personnel mis à la disposition de la Commission de sécurité F.R.S. de la caserne Audéoud (100 environ) ; lesquels font de l'instruction technique police et procèdent aux arrestations en accompagnant les inspecteurs de la sûreté nationale.
Les autres grades font de l'instruction militaire et une partie constitue les détachements d'alerte pour les opérations éventuelles.
b) Aix en Provence :
Effectif total | 291 gardes (officiers compris) |
Indisponibles | 70 environ |
Effectif moyen disponible | 220 |
LIEU | HORAIRE | OBJET | EFFECTIF | OBSERVATIONS |
St Mitre | Permanent | Garde du camp | 25 | Les effectifs absorbés sont tels que l'instruction ne peut être que fragmentaire. |
St Jérôme | Permanent | Sécurité | 20 | |
Palais de justice d'Aix | Jour | 20 | ||
Gardanne | Permanent | Surveillance du bassin minier et prisonniers allemands. | 25 | |
St Chamas | Permanent | Surveillance du camp des prisonniers allemands | 30 | |
Port de Bouc | Permanent | Surveillance du pipe-line et des quais | 30 | |
Salon | Permanent | Gardes diverses | 30 | |
Martigues | Permanent | Garde des quais de Police | 20 |
Total des gardes en service normal journalier : 200
II.) LUTTE CONTRE L'ENNEMI DE L'INTÉRIEUR.
Grâce à l'activité de la commission de sécurité F.R.S. de la caserne Audéoud à Marseille, et à l'activité des différentes formations F.R.S. des départements, la situation du 31 décembre 1944 était la suivante :
1.Arrestations opérées par la demi-brigade F.R.S. de MARSEILLE :
900 arrestations environ, lesquelles peuvent être réparties ainsi, 614 politique, 94 droit commun, 84 marché noir, 108 divers (rafles, mœurs, détentions d'armes).
Il est à signaler qu'un fichier très précis est en voie de formation et que près d'un millier de dossiers sont à l'étude.
2. Arrestations effectuées par les F.R.S. d'AIX : environ 100.
3. Arrestations effectuées par les F.R.S. d'ARLES : environ 300.
4. Arrestations opérées par les F.R.S. du Var : environ 140 arrestations, dont 90 arrestations entre le Ier septembre et le 30 novembre pouvant se répartir ainsi, 72 politique, 13 marché noir, 4 divers.
Actuellement, 73 dossiers sont à l'étude.
5. Les renseignements recueillis près des formations des autres départements (Alpes-Maritimes, Basses-Alpes, Hautes-Alpes et Vaucluse) sont fort incomplets, mais présentent un total de 300 arrestations).
Pour la région, le total des arrestations faites par les F.R.S. s'élève au minimum à : 1740.
III.) LUTTE CONTRE LE MARCHE NOIR.
Arrestations opérées au titre du marché noir. Au 31 décembre, les arrestations opérées par les F.R.S. au titre marché noir se présentaient sensiblement comme suit :
Marseille -Audéoud | 84 |
Var | 13 |
Arles | 27 |
Aix | 12 |
Hautes-Alpes | 10 |
Basses-Alpes | 06 |
Vaucluse | 15 |
Total | 167 |
(sans tenir compte du département des Alpes-Maritimes dont les renseignements ne sont pas parvenus).
Des tonnes de marchandises diverses ont été remises au ravitaillement général ou aux hôpitaux.
Exemple d'activité.
a) Au cours du mois de décembre, les affaires du marché noir soulevées par les F.R.S. du Var sont les suivantes :
1-12, affaires P., découverte de trafic d'essence ; dossier transmis.
1-12, affaire P., démarcheur pour marché noir essence et denrées contingentées.
5-12, enquête d'information sur le groupement d'achat de viande du Var.
5-12, affaire J., boucher, marchandises saisies ; dossier transmis au ravitaillement général.
6-12, affaire T., Pignans ; dossier transmis à la préfecture ; fermeture de l'épicerie pour trois mois.
8-12, vérification effectuée à Pignans, saisie de diverses marchandises frauduleuses transmises à la mairie de Pignans.
1O-12, enquête faite au sujet d'une lettre au syndicat des bouches de la Seyne sur manque de poids sur les marchandises reçues par ces bouchers. Résultat, dissolution du groupement d'achat et répartition de viande en accord avec le C.D.L., soumis au Préfet du Var.
11-12, affaire O., plainte déposée contre un tailleur pris en flagrant délit de marché noir, hausse illicite ; dossier transmis au service économique.
17-12, affaire G., plainte déposée contre ce restaurant, hausse illicite.
27-12, saisie de matériel et de vivres à La Londe et remise à la délégation spéciale de La Londe.
29-12, nuit du 29 au 30, opération au service de la ville de Cuers.
Diverses marchandises saisies sont remises à la sous-préfecture.
b) Dans le Vaucluse, le 30 décembre I944, les F.R.S. d'Avignon, arrêtaient plusieurs trafiquants et saisissaient à Rognonas : 150 Kg de farine, 1O kg de café vert, 2O cartouches de cigarettes.
Les F.R.S. de Carpentras avaient saisi, le 28, une quantité importante de viande. Toutefois, ces denrées étaient remises au ravitaillement général.
c) Dans le département des Hautes-Alpes, le contrôle F.R.S. s'applique, en particulier, au transport du bois. La quantité moyenne de bois contrôlée par semaine varie de 120 000 Kgs à 150 000 Kgs
IV. AFFAIRES PARTICULIEREMENT IMPORTANTES ET OPÉRATIONS D'ENVERGURE.
En dehors des missions courantes, confiées aux F.R.S. gardes journalières seules ou en coopération avec la gendarmerie et la police, lutte contre l'ennemi de l'intérieur, action incessante pour le redressement économique de la France, les F.R.S. ont eu à soulever des enquêtes importantes dont certaines échappent au cadre régional et à exécuter certaines opérations d'envergure.
Les principales affaires ont été les suivantes :
-Affaire des sociétés secrètes, transmises à la Sûreté nationale.
-Affaire de la fausse sécurité militaire de La Ciotat transmise au Parquet.
-Affaire du "Groupe collaboration" plus de 155 arrestations opérées en moins de 36 heures après la détention des documents d'origine.
-Affaire des " fascio ", actuellement transmise à M. le Préfet des Bouches du Rhône.
L'opération d'envergure type a été celle de La Ciotat, où une compagnie de F.R.S. de MARSEILLE réussissant à encercler rapidement la villa "Les Tours", a pu se saisir de tout le personnel procédant aux arrestations arbitraires, aux rançonnements, aux tortures et au matériel utilisé à ces fins.
C.
LES F.R.S.
DEVANT LES HAUTES AUTORITÉS INTÉRESSÉES ET LES POUVOIRS PUBLICS
En présence de ce bilan, il est intéressant de fixer les sentiments que professent, à l'égard des F.R.S., les hautes autorités intéressées, en l'occurrence MM. les Préfets et les pouvoirs publics.
Toutefois, avant d'en appeler aux autorités civiles, il est bon, pour être impartial, de se référer aussi au commandement militaire .
Certains officiers supérieurs de l'armée régulière qui n'ont pas encore compris ce qu'était la Résistance, et qui n'en ont pas saisi l'esprit, ont vu, dès le début et a priori, d'un mauvais œil, les F.R.S. nées de cette Résistance.
Trahie par leur manque d'instruction technique, la bonne volonté de certains gradés a créé parfois quelques incidents, notamment en ce qui concerne l'organisation des barrages. Ces incidents ont été mis parfois en vedette, créant ainsi un certain malaise entre le commandement militaire et le commandement F.R.S. Certains officiers se sont crus humiliés parce qu'ils étaient arrêtés à des barrages dont le but était exclusivement de rechercher les agents de la cinquième colonne.
Il en est résulté une décision du général commandant la XV° région militaire interdisant aux F.R.S. d'organiser des barrages sans la présence de gendarmes ou d'agents accrédités de la force publique normale. Une note plus récente interdit même aux autorités militaires d'alerter les F.R.S. ou de faire appel à leur concours en cas d'évènements anormaux.
Par une fâcheuse coïncidence, ces notes ont été transmises à l'époque où justement l'activité ennemie s'avérait plus intense" (parachutage, fusées, etc. ..dernières semaines de décembre).
Par contre, malgré ces ordres, le colonel commandant les subdivisions du secteur Bas-alpin, s'appuyant sur les droits et prérogatives que lui confiait l'état de siège, a réquisitionné le bataillon complet des F.R.S. des Alpes-Maritimes pour assurer la surveillance et la protection d'ouvrages importants ou de points sensibles (19 postes sont ainsi tenus par les F.R.S. avec le concours du reste de la gendarmerie.
Il est certain qu'avec plus d'indulgence et de compréhension de la part des autorités militaires, les F.R.S. auraient pu rendre et peuvent rendre plus de services encore dans leur lutte contre les agents ennemis de la cinquième colonne .
Les forces de police étant nettement insuffisantes dans la plupart des départements par rapport aux besoins actuels qu'il y aurait nécessité de satisfaire. MM. les préfets ont vu avec intérêt la création des forces supplétives mises à leur disposition. Ils en ont compris l'importance, et l'emploi des F.R.S. soit qu'elles soient mises à la disposition de la police, soit qu'elles soient chargées de missions autonomes, est rentré dans le cadre normal d'utilisation.
Non seulement MM. les préfets leur expriment leur confiance en les employant au maximum, mais il est indéniable que dans la période actuelle ces hauts fonctionnaires ne peuvent se passer des F.R.S.
Ils l'ont tellement bien compris que tous demandent des augmentations d'effectifs.
A l'échelon régional, le commandement des F.R.S. a toujours fonctionné en étroite collaboration avec Monsieur le Secrétaire général pour la police et avec le colonel commandant la XV° légion de gendarmerie.
Il en a été de même dans les départements, soit que les F.R.S. aient été placées dès le début sous les ordres du directeur départemental de la Police (Alpes-Maritimes), soit que le personnel F.R.S. ait été mis plus ou moins à la disposition des services de police.
Dans les localités rurales, le contact entre les détachements F.R.S. et les chefs de brigade de gendarmerie est constant.
Trop nombreux sont les articles de presse qui rendent hommage au F.R.S. pour les citer tous. Les journaux régionaux sont d'accord pour reconnaître les services qu'ils rendent.
Les derniers articles parus dans la presse régionale concernant en particulier les F.R.S. d'Arles sous le titre "L'armée populaire de demain". "Forces républicaines de sécurité - Leur action - Pour tous nos petits merci".
En résumé, les F.R.S. constituent des forces essentielles, indispensables à la sécurité de la région.
Quand le personnel sera habillé d'une façon uniforme et convenable, qu'il sera armé en fonction des missions qui lui incombent, et que son instruction militaire et technique sera davantage développée, les formations F.R.S. deviendront rapidement des unités d'élite.
Animés par l'esprit de résistance dont ils entretiennent la flamme, les membres des F.R.S. se sont voués à leur tâche avec toutes leurs forces et tout leur courage.
Les dissoudre purement et simplement serait une erreur et un blasphème.
Les reconnaître sur le plan national, ou les intégrer dans les Compagnies républicaines de sécurité avec la place qui leur est due serait de bonne politique et constituerait un acte d'élémentaire justice.
Marseille, le 15 janvier 1945
Le Général GUILLOT
Inspecteur régional F.R.S.
Signé :GUILLOT
En fait, la plupart des gardes des Forces Républicaines de Sécurité quittèrent ces unités en février 1944 pour regagner ensuite les Compagnies Républicaines de Sécurité en cours de création. (voir pièce F1 et F3)
Il faut noter cependant un fait qui n'est pas mentionné dans ce livre et qui m'a été signalé par plusieurs anciens FRS. L'avancement dans ces formations était conditionné par l'adhésion au parti communiste......et ne nombreuses caches d'armes était approvisionnées en toute discrétion pour une utilisation future.......
Les FRS participaient aussi à la formation aux maniement des armes des "Gardes Civiques Républicaines" (organisation paramilitaire communiste).
Ce livre ne parle pas non plus de la participation des FRS aux nombreux intérrogatoires musclés et pelotons d'exécutions de cette fin d'année 1944..........