En 1889, le château dit Leroy porte le nom de son propriétaire,
Louis Isidore Leroy, fondateur des usines de papiers peints Leroy,
rue Lafayette à Paris. Ces usines furent transférées en 1912 à
Ponthierry et furent un véritable moteur économique pour cette
ville.
Le château est construit sur une partie de l’ancien domaine de la
Fontaine Sept grains (ou Segrain) d’après les plans de
l’architecte L. Oudiou.
Ce terrain avait été légué à Aline Brion, épouse de Charles
Isidore Leroy, par ses parents. Aline est la petite-fille de Louis
Victor Lehodey, maire de Quincy en 1871-1881. Elle ne
profite guère de cette superbe demeure puisqu’elle décède en 1892,
à Paris, à l’âge de 35 ans. Si le père, Louis, avait le
génie industriel, le fils Charles (né en 1846) quant à lui, fut un
collaborateur hors pair qui sut donner un grand développement à
l’entreprise.
Présente à chaque exposition universelle où elle est remporte un
vif succès, elle obtient quinze prix entre 1880 et 1909. Charles
Isidore Leroy connut lui-même les honneurs en étant médaillé
Chevalier de la Légion d’Honneur.
Tel était le propriétaire du château de Quincy où il passait
au moins six mois par an.
Ce sont sur des terrain appartenant en partie à la famille de
Madame Leroy que fut érigé le château, terres augmentées
d’acquisitions faites de Monseur Leroy. Par des acquisitions
successives, il agrandit le domaine jusqu’aux confins de
Combs-la-ville (à l’actuelle rue Cherbuliez).
Tout comme l’usine de Ponthierry intégrait des techniques de
pointes, le château comportait tous les éléments d’un confort
notoire pour l’époque : chauffage central, douches, cuisines au
sous-sol communiquant par un monte-plats avec l’office attenant à
la salle à manger du rez-de-chaussée.
Les pièces offraient aux yeux des décors variés : fleurs peintes,
instruments de musiques peints, poutres à la française, boiseries
aux initiales « IL », angelots dorés, plafonds en mosaïque de
cuivre, plafonds en caisson, escalier monumental en bois sculpté,
etc…
L’ancienne ferme seigneuriale est démolie en 1912 afin de
construire un pavillon de jardinier, des communs et des écuries.
Monsieur Leroy, décédé en 1921, est inhumé au cimetière de
Quincy.
Le château
Plusieurs entrées permettaient l’accès à la propriété avant son
lotissement en 1924.
L’entrée d’honneur, peu utilisée, se trouvait route de
Combs-la-ville.
Sur son côté droit, existait une orangerie transformée par
la suite en maison d’habitation. A gauche, une petite porte
donnait accès à la propriété. Un petit pavillon (sis au N°1 de
l’actuelle rue du Parc) accueillait les visiteurs ; il était
habité par l‘un des trois jardiniers du domaine.
Une allée sablée conduisait au château, tandis que d’autres
menaient au superbe parc. Ce dernier était grossièrement agrémenté
de fleurs, d’arbustes, de rosiers, de pelouses et de nombreux
arbres.
En contrebas, en direction de l’Yerres, par des escaliers creusés
dans le sol, on arrivait à une porte qui permettait l’accès au
chemin longeant la rivière.
Un petit bois dominait un amas de grosses pierres donnant
l’illusion qu’on se trouvait en forêt de Fontainebleau.
Les trois enfants des Leroy mettent en vente la propriété au décès
de leur père. Elle est achetée par la SCI de Quincy en 1924 et
entièrement lotie sous le nom de « lotissement du Parc ». Le
château ne conserve alors que quelques mètres carrés de terrain.
En 1929, il trouve acquéreur en la personne du comte Hubert
Conquéré de Monbrison. Il achète le bâtiment et quelques hectares
au profit de l’école de jeunes filles russes initialement installé
à Brunoy.
Le pensionnat de jeunes filles russes
Fonée à Brunoy en 1929 par la princesse Irène Paley, les locaux de
l’école de jeunes filles russes deviennet trop exigus. Aussi la
mise à disposition du château de Quincy par le Comte de Monbrison
fut-elle une aubaine pour cette école de jeunes filles d’émigrés
russes blancs.
Hommes d’affaires, artiste peintre, Croix de guerre et grand
admirateur de Buffalo Bill (il gardait d’ailleurs toujours
sur lui un lasso et un chapeau de cow-bow), Hubert Conquéré de
Monbrison (1892-1981) aspire à protéger l’opprimé, toutes
nationalités et toutes religions confondues.
Féru de photographie, il filma des scènes de la vie quotidienne de
l’école de jeunes filles russes.
Sous la présidence d’Irène Paley, fondatrice de l’Institution, et
la direction d’Olga Golovine, l’école fonctionne de 1929 à 1939,
année où la guerre met fin à ses activités quincéennes. La
princesse Irène Paley (1903-1990) est la fille du Grand duc Paul
Alexandrovitch (fils d’Alexandre II) et d’Olga Valérianovna, et
l’épouse du prince Théodore Alexandrovitch de Russie. Plus tard,
en 1950, elle épousera l’ancien secrétaire général du pensionnat
de Quincy, le comte de Monbrison.
Les élèves les plus jeunes fréquentent l’école communale de Quincy
afin de préparer leur certificat d’études tandis que les aînées se
rendent chaque jour, en prenant le train à la gare de
combs-la-ville , au cours complémentaire de Bunoy. Au château,
seules les cadettes travaillent dans les pièces transformées en
salles de classe et d’études. Dans les étages, les chambres sont
devenues des dortoirs. On y trouve également une chapelle
orthodoxe. Quant au parc, il est remplacé par un terrain de sport.
Signalons que la belle-sœur d’Henri Troyat a été l’une des
pensionnaires de l’Ecole de jeunes filles russes de Quincy.
On retrouve d’ailleurs le château, sous le nom de « Château
de Queroy », dans l’un des romans de ce remarquable écrivain : le
défi d’Olga.
Une des pensionnaires, Olga Efimovsky a même regroupé par écrit
certains de ses souvenirs « Il était une fois… Brunoy, Quincy ».
Son livre plein de fraîcheur retraçait, photos à l’appui, la vie
scolaire de ces jeunes filles.
Les pupilles du comité Israélite pour les enfants et l’occupation
allemande
En juin 1939, les jeunes filles russes partent en vacances. Le
comte de Monbrison accueille alors une quarantaine de jeunes
garçons, juifs allemands, fuyant les persécutions nazies en
Allemagne et en Europe centrale. Mais surviennent la « Drôle
de guerre » et l’invasion allemande. Les troupes de la Wehrmacht
réquisitionnent le château.
Au mois de septembre 1940, les enfants sont dispersés et, pour la
plupart, conduits au château de Chabannes.
Le château est ensuite occupé par des éléments de la Luftwaffe et
des travailleurs allemands de l’organisation TODT.
L’école Nationale d’Education Féminine
Après la guerre en 1946, le ministère de l’Education Nationale
loue le château afin d’y installer l’Ecole Nationale Physique
Féminine.
A cette occasion, on construit dans le parc un vaste gymnase en
bois avec verrières et fermetures métalliques. L’équipement reste
cependant insuffisant, les activités de cette école nécessitant un
véritable stade. La ville de Quincy en est dépourvue, les
sportives déménagent.
En 1951, le château est mis en vente. La municipalité pense
l’acquérir pour ses besoins administratifs et scolaires, mais elle
recule devant le prix.
CRS n° 3
C’est finalement le ministère de l’intérieur qui achète la
propriété le 25 octobre 1951. La compagnie Républicaine de
Sécurité N°3 prend possession du château dès novembre 1951. Les
bâtiments furent donc affectés essentiellement à usage de bureaux,
le rez-de –chaussée regroupant les réfectoires.
Si le personnel comprend quelques effectifs (3 agents
administratifs, 3 cuisiniers, 1é agents de services et techniques
en 1997) tout le reste du personnel est constitué de policiers,
fonctionnaires relevant du Ministère de l’Intérieur (environ 170
en 1997).
Depuis la prise de possession des locaux, ce sont des policiers
qui ont assuré, en majeure partie, l’entretien de la propriété,
terrains et bâtiments.
Les gros travaux, quant à eux pris par l’état :
- 1992 : réfection de la toiture par des ouvriers très qualifiés
puisque Compagnons du Tour de France
- réfection de l’escalier
- travaux intérieurs
- en 1994, les premiers coups de pelleteuse sont donnés pour
démolir le mur de combs-la-ville ; en effet, à l’initiative de la
municipalité, le mur d’enclos, rue de combs est abattu et remplacé
par un demi-mur avec grille, afin d’améliorer l’aspect esthétique
extérieur et permettre la création de places de parking.