Les armoiries d'Haguenau se blasonnent: d'azur
à une rose d'argent boutonnée de gueules. Elles dérivent des sceaux de l'ancienne ville libre impériale de Haguenau au XIIIème siècle. Sur ceux-ci est représentée une quintefeuille sans les pointes du calice. Dans l'Elsasser Chronik, cette quintefeuille devient une rose. Il est aussi rapporté une "rose blanche à cinq feuilles à bouton de gueules, dans un champ d'azur", utilisée sur les pièces de monnaie et qui fut autorisée par Maximilien I en 1516. |
|
Blason de la ville d'Haguenau | ( Source : L'armorial des communes du Bas-Rhin, 1995) |
De gueules au lion d'or | |
Le Lion du Maine |
Prise d'armes du 14 juillet 1945 sur la Place d'armes à Haguenau
(Collection de Bernard Pacherie)
Déplacement vers la place d'armes depuis la caserne située rue de
la redoute.
Prise d'armes devant les personnalités d'Haguenau
Dépôt de gerbe au monument aux morts
La place d'armes (2015)
Certificat d'Aptitude Professionnelle
Récit de Monsieur LALANDE André
Au début de l'année 1945, le fameux serment de KOUFRA prononcé par
LECLERC a été tenu. Le drapeau tricolore flotte sur la cathédrale
de Strasbourg et l'Alsace toute entière donne libre cours à la
joie qu'elle éprouve d'être libérée du système nazi, système dont
elle a directement ressenti les effets depuis l'invasion en Mai
1940, non pas en tant que province occupée mais en tant que
province annexée. L'aspect le plus terrible de cette annexion a
été sans nul doute, l'enrôlement forcé dans l'armée allemande des
hommes restés sur place et en âge d'être mobilisés. Les deuils et
les déchirements familiaux auront été le plus souvent, la
conséquence de cette mobilisation. Ceux qui auront pu s'y
soustraire connaitront,
eux aussi,
bien des
vicissitudes et
leurs familles,
dont ils
auront été
si longtemps
séparés, devront subir les tracasseries du régime
hitlérien.
Mais les chagrins laissent la place à l'espoir que fait naitre le
retour à la paix et la liberté retrouvée. C'est l'allégresse qui
prédomine fort heureusement, les villes et les villages, dans leur
quasi-totalité, ont échappé à la destruction et mis à
part quelques
cas dramatiques,
tel celui
de Hatten,
village situé
au nord
est d'Haguenau
et totalement
détruit, l'ensemble du parc immobilier alsacien a peu
souffert. D'autre part grâce à une agriculture très riche, les
problèmes de
ravitaillement sont
moins aigus
ici qu'ailleurs
et ceci
n'est pas
négligeable à
une époque
où les
cartes d'alimentation
sont en
vigueur et
le resteront
de nombreuses
années encore.
Tout cela
facilite
largement le
retour progressif à des conditions normales de vie.
La paix retrouvée est célébrée partout par de nombreuses
cérémonies patriotiques, mais aussi par de grandes fêtes
populaires où le folklore, très vivace ici, reprend ses droits.
C'est dans ce contexte, qu'intervient, en Juin 1945, la mise en
place de la C.R.S. 102.
Pourquoi ce numéro ? Tout simplement parce qu'à l'époque les
départements du Bas et du Haut-Rhin constituaient la 10eme
Région, dont
le siège
était à
Strasbourg. Les
deux premiers
chiffres sont
donc ceux
de la
région, le
dernier identifiant chaque CRS au sein de cette région :
101 pour Strasbourg; 102 pour Haguenau ; 103 pour Mulhouse.
Sous-préfecture de 20000 habitants, située à 30 kms au Nord de
Strasbourg, Haguenau n'a pratiquement pas subi de dommages. Dans
cette ancienne ville de garnison se trouvent de nombreuses
casernes. C'est dans l'une de celles-ci, située rue de la Redoute,
que s'installe la CRS 102 où elle demeurera jusqu'en Mars 1948. La
rue de la Redoute est relativement calme bordée d'un côté par des
casernes, de l'autre essentiellement par des maisons d'habitation.
Seuls commerces deux cafés qui bien entendu, seront largement
fréquentés par le personnel, en particulier celui tenu par la
famille LACROIX où beaucoup, trouveront l'atmosphère familiale
dont ils ont besoin.
Cette rue
est à
la limite
de
l'agglomération
proprement dite,
au-delà il
y a
des villas
assez
clairsemées où
de nombreux
célibataires ont
pu louer
des chambres.
L'un d'eux,
le 14
Juillet 1945
; connaît
une aventure
peu banale.
Les propriétaires lui
ont demandé l'autorisation de placer
le drapeau
tricolore sur le
balcon de sa chambre donnant sur
la rue.
Bien entendu
il accepte,
mais
presqu'aussitôt
quelques dizaines
de personnes
s'attroupent
devant la maison,
n'admettant pas qu'elle soit pavoisée et expriment bruyamment,
leur hostilité. Surpris par ce tapage, le jeune locataire,
qui n'occupe
la chambre
que depuis
quelques jours,
s'informe et
apprend que
ses
propriétaires sont
d'origine allemande, d'où la colère du voisinage. Il lui suffit de
se montrer en tenue près du drapeau et d'indiquer qu'il a lui-même
demandé sa mise en place pour que cesse l'incident.
C'est ce même 14 Juillet 1945 que la CRS 102 participe aux
cérémonies patriotiques organisées place d'Armes. Bien préparée,
impeccable dans
sa tenue
et sa
présentation, la
Compagnie
produit une
excellente
impression sur
les habitants de Haguenau qui découvrent, ce jour là, pour
la première fois l'unité fraîchement implantée dans leur ville.
Moins favorisés
que les
célibataires,
les fonctionnaires
mariés ont
davantage de
difficultés à
trouver un
logement.
Voici donc, rapidement esquissé, le cadre de vie de ceux qui,
venant des horizons les plus divers, allaient constituer le
noyau initial
de cette
CRS 102
dont nul
ne pouvait
dire, à
ce moment
là, que
l'épisode
alsacien de
son histoire
serait aussi bref.
Mais qui était ces hommes et quelle était leur vie professionnelle
?
Ces questions amènent à tenter d'évoquer :
-
Les personnels,
-
La structure de la
compagnie,
-
Ses moyens matériels,
-
Son emploi du temps à
la résidence,
-
Ses déplacements de
1945 à 1948.
1 – LES PERSONNE
LS.
C'est au
Commandant LIPP
que revient
la tâche
de mettre
l'unité sur
pied et
de la
rendre
opérationnelle, en
lui insufflant
l'esprit de
corps sans
lequel rien
d'efficace ne
peut être
entrepris.
Mission ardue
car les
éléments placés,
progressivement, sous
ses ordres,
sont de
provenance très
diverses. En
effet, seront
successivement
affectés à
la CRS les
Officiers,
Gradés et
Gardiens
comptant quelques
années
d'ancienneté dans
la Police.
Selon
l'expression alsacienne, ils viennent de « l'Intérieur »,
c'est-à-dire d'au-delà des Vosges. A travers eux, toutes les
provinces sont représentées. Ils ont été affectés en Alsace sur
leur demande, par voie normale de mutation. Parmi eux se trouvent
quelques alsaciens qui ont quittés leur région en 1940 et la
retrouvent après un long exil. Beaucoup ont déjà exercé des taches
administratives et se voient confier les emplois hors-rang.
Puis viendront
les Officiers
et Gradés
issus de
l'armée qui
ont bénéficié
d'une
homologation de
grade lors
de leur
transfert d'un ministère à l'autre. De part leur formation, ils
s'emploieront à faire prévaloir en matière de discipline des
méthodes trop rigoureuses, s'appliquant à une unité relevant de
l'autorité civile. Leur influence sera renforcée du fait que
la dotation
en armement
et la
nature des
missions
assurées, à
l'époque,
n'auront pas
un caractère
réellement policier. Mais, surtout, ce sera l'apport massif
d'alsaciens qui viennent tout juste de quitter l'uniforme de la
Wehrmacht qu'ils avaient du endosser de force.
Leur affectation en compagnie a été précédée d'un court stage de
formation à la Montagne Verte, près de STRASBOURG.
Voilà donc rapidement énumérés les différentes composantes que le
Commandement devra rendre homogène. Dans les premiers temps, ce
n'est pas chose facile et quelques frictions ne peuvent être
évitées. Ceux de « l'Intérieur » ne se montrant pas toujours
suffisamment compréhensifs et tolérant, ils éprouvent quelques
difficultés à accepter comme collègues
ceux qui,
hier encore,
portaient
l'uniforme ennemi
quand bien
même c'était
contre leur
gré. Par
ailleurs quelques alsaciens, heureusement en très petit
nombre, manquent de réserve et vont jusqu'à évoquer, ouvertement,
leurs états de service dans la Wehrmacht.
Très rapidement, pourtant, ces obstacles sont aplanis et une
camaraderie, sincère et réelle, s'instaure bientôt
entre ces hommes aux origines disparates mais qui disposent
d'un puissant dénominateur commun : la jeunesse.
En effet,
s'agissant des
gardiens,
quelques uns
seulement ont
entre 25
et 30
ans. Pour
le plus
grand nombre,
la moyenne d'âge se situe entre 20 et 25 ans. En 1945/46
presque tous sont stagiaires, les uns n'ayant pas l'ancienneté
requise, notamment
la majeur
partie des
alsaciens
récemment recrutés,
les autres
comptant plus
d'un an
d'ancienneté car ils sont entrés dans la Police dès
l'âge de 18 ans,
mais qui doivent attendre leur majorité (21 ans) pour
être
titularisés. Autre
singularité:
quelques éléments
appartenant à
la classe
1946, première
classe à
être appelée
après une
interruption du
recrutement
remontant à
1940, devront
changer
d'uniforme pour
accomplir leur
service militaire à l'issue duquel ils seront réintégrés.
La moyenne
d'âge des
gradés est,
également, peu
élevée. Elle
doit se
situer autour
de la
trentaine. Par
contre, et
paradoxalement, les
deux officiers
qui secondent
le Commandant
sont plus
âgés, environ
40 ans,
soit quelques
années de plus que le Commandant lui-même.
En 1945, le Commandant LIPP est assisté par les Officiers de Paix
TONNOT et KLINGENMEYER, très différents l'un de l'autre par la
formation, le caractère et l'aspect physique. Le premier est mince
et svelte et « plutôt civil », le deuxième est puissant, massif,
sportif et plutôt militaire.
Par la suite, le Commandant LIPP sera remplacé par le Commandant
LIBERT, dont le bref passage laissera, surtout, le souvenir d'un
homme passionné par les explosifs et qui fait le vide autour de
lui, lorsque installé à l'établi de l'atelier auto
il procède
à l'autopsie
d'un obus
ou d'une
mine. Puis
ce sera
l'arrivée du
Commandant
BARLESI, assisté
des officiers de Paix GERARD et MARCHAND.
Sur une période assez courte, de nombreux changements
interviennent donc au niveau commandement. Par contre, l'effectif
des gradés et gardiens demeure relativement stable durant les
années 1945 à 1947.
Les gradés
sont les
Brigadiers Chef
SIMON -
HUSSON -
GRENIER (ce
dernier devait
trouver une
mort tragique
à LACALLE en
octobre 1954,
lors du
premier
déplacement de
la CRS
102 en
Algérie) ;
les brigadiers
AGOSTINI, BAUZANO,
BOEHM, FOUCHER,
FUCHS, GIRARD,
HEBRARD, KOLHER,
MALAUZEN,
MENARDI ;
les
Sous-brigadiers CARITEY, DIRSTHEIMJAOUENNE, LEONARD et SOUTHITRE.
A
cette
époque les
Sous-brigadiers
sont des
gradés, adjoints
aux chefs
de brigade.
Ils portent
les galons
de Brigadiers coupés de deux barrettes bleues.
L'unité est
placée sous
l'autorité du
Commandement
Régional de
Strasbourg, à
la tête
duquel se
trouvent les
Commandants FERE et BRENIERE qui, à certains égards, dépendent
eux-mêmes du Commissaire de la République, à l'époque Monsieur
BOLLAERT qui devait être nommé, par la suite, Haut Commissaire en
Indochine.
A
Strasbourg,
également, se
trouvent les
services
techniques désignés
par le
sigle M.L.T
(Matériel
-Logements -
Transports) ancêtres des C.A.T.I puis des S.G.A.P.
2 – LA STRUCTURE DE LA COMPA
GNIE.
La Compagnie comprend quatre sections et un élément hors rang : la
S.H.R qui de brigade allait devenir section.
Les différents
services
regroupés au
sein de
la S.H.R
sont :
le Service
Général -
le Secrétariat
- le
Matériel -
les Transports -
le Mess
- le
Foyer et
l'Infirmerie. A
noter, pour
une courte
période, la
présence à
l'unité d'un
médecin auxiliaire responsable de l'état sanitaire du
personnel. Figure également à la S.H.R le palefrenier qui a en
charge le cheval en dotation à la compagnie.
Il n'existe aucun moyen de liaison radio- électrique alors que,
dans le même temps, l'armée en est largement pourvue.
Absence également d'un élément motocycliste qui n'existera que
quelques années plus tard, par le rattachement des B.R.M aux C.R.
S.
3 – LA TE
NUE.
En 1945, la tenue comporte culotte, veste à col celluloïd fermé,
ceinturon, baudrier, chaussures montantes, leggins, képi
à galonnage
et trèfle
argent pour
les officiers
et brigadiers
chefs, or
pour les
brigadiers, à
liseré bleu
et rouge pour
les gardiens selon qu'ils sont titulaires ou stagiaires, manteau
de drap, casque modèle 1948, pas d'imperméable, la toile de tente
dont chacun est pourvu en tient lieu "le cas échéant. Les galons
sont portés sur les manches.
Par la suite, cette
tenue sera remplacée
par le «
battle-dress » en drap bleu assez grossier :
blouson à
col ouvert,
chemise bleue, cravate, pantalon, guêtres en toile grise lacées
sur le côté, bonnet de police, casque avec cimier métal blanc
et bourrelet
frontal noir.
Au cours
du service
à l'occasion
duquel cette
tenue est
inaugurée
(meeting aérien
à Strasbourg)
survient une
violente pluie
dont les
conséquences
sont assez
cocasses :
traitées avec
un produit
de mauvaise
qualité, les
coiffures
déteignent sur
le visage
des
fonctionnaires,
laissant des
sillons
bleuâtres guère
compatible avec le sérieux de la fonction.
Enfin, pour en terminer avec la tenue, le treillis porté à
l'intérieur du casernement provient des stocks saisis à l'armée
allemande, il est de teinte blanchâtre. Les difficultés
financières de l'époque expliquent cet expédiant.
4 - LES MOYENS MATERIE
LS.
41 - Transport
s
Le transport
du personnel
est assuré,
par brigade,
au moyen
de camionnettes
bâchées équipées
de banquettes
latérales, faites
de lattes
de bois,
les camionnettes
sont de
marque «
Citroën »
(U23) ou
« Renault
» (AH53).
Ces dernières
sont surélevées
car elles
ont été
conçues pour
être utilisées
dans le
désert Libyen
par l'Afrika
Korps de ROMMEL.
Elles passent
donc,
successivement, au
M.L.T pour
être ramenée
à une
hauteur
convenable. En
attendant, les
sensations dans
les virages
sont très
fortes. Le
Commandant
dispose d'une
V.L,
probablement une
Peugeot 402. Le parc autos comprend également quelques
camions, motocyclettes et side-cars. Il convient d'ajouter, à ces
différents moyens, une cuisinière roulante à bois et un véhicule
hippomobile à disposition du palefrenier, qui y attelle le cheval
dont l'unité est dotée, étant ainsi en mesure d'assurer quelques
charrois, à l'intérieur du casernement ou à proximité immédiate.
Il arrive parfois, que le cheval las de contempler le même décor,
des cours de la caserne, s'échappe
et va
directement vers
la gare,
toute proche,
devant laquelle
se trouvent
des pelouses
dont il
apprécie l'herbe tendre. 1 ou 2 gardiens, du poste de
garde, sont alors dépêchés pour ramener,
au bercail,
l'animal épris de liberté
.
42 - Armeme
nt
La dotation en armement est surprenante, s'appliquant à une Unité
relevant de l'Autorité Civile. Elle illustre bien le fait que la
vocation, spécifiquement policière des C.R.S, n'est pas encore
affirmée et quelles ont plutôt, à ce moment là, les
caractéristiques
de formations
paramilitaires.
L'armement individuel
est assez
conforme aux
normes qui
allaient être admises
par la
suite. Il
comprend le
pistolet «
Walter P
38 »
allemand et
le fusil
M.A.S. 36.
Cet armement
individuel aurait donc été raisonnable si le fusil n'avait
comporté un accessoire, convenable sans doute en temps de guerre,
mais tout à fait choquant lorsqu'il figure dans la panoplie du
policier : il s'agit de la baïonnette quadrangulaire au maniement
de laquelle le personnel est entraîné, au moins en manière de
présentation. L'armement collectif, quant à lui, est tout
simplement effarant, exception faite du P.M on
y trouve, en effet, le mortier de 80 m/m, la mitrailleuse
Hotchkiss et le fusil mitrailleur. Par contre, les moyens mieux
adaptés au maintien de l'ordre font cruellement défaut : pas de
moyens lacrymogènes, pas de bâtons de défense, pas de bouclier
s.
43 – Autres matériel
s
A la résidence, le casernement est bien équipé compte tenu des
possibilités du moment. Chacun
y dispose d'un lit, d'une
armoire, de
lavabos et
de sanitaires.
Les douches
font défaut
et doivent
être prises
en ville
où existe
un établissement municipal. Les réfectoires et autres
parties communes sont bien tenus par un personnel civil nombreux
et dévoué.
C'est
appréciable car
les horaires
d'alors
absorbent la
moitié du
temps en
services
effectifs et
permanence.
Par contre,
il n'y
a pratiquement
pas de
matériel conçu
pour les
déplacements, à
part le
lit picot
qui vient
d'être attribué, sans le matelas pneumatique qui ne viendra
qu'un peu plus tard. Fort heureusement, les missions statiques,
assurées par
la Compagnie,
permettent une
installation
durable des
cantonnements
échelonnés sur
la frontière
au nord du
département. A
Strasbourg,
l'hébergement des
détachements à
la caserne
Barbade ne
pose pas
de problèmes, pas plus qu'à Kehl où un hôtel a été
réquisitionné.
Ce n'est que lorsque la « 102 » sera déplacée à Longwy, au cours
de l'hiver 1947 - 48,
que l'absence de matériels adaptés
se fera
cruellement
sentir et
chacun devra
se débrouiller,
notamment au
moment des
repas, avec
les quelques ustensiles dont il dispose : gamelle (marque
illisible) et le trop fameux bidon de 2 litres.
5 - EMPLOI A LA RESIDENCE.
Par semaine, le temps global de service est d'environ 70 heures.
Il y a 4 rassemblements
par jour : 08H00 -11H30 - 13H30
- 17H30.
Le matin,
la cérémonie
des couleurs
a lieu
devant la
Compagnie au
complet. La
garde du
casernement est assurée par une brigade. Les fonctionnaires sont
casqués et portent le fusil, baïonnette au canon. La relève des
fonctionnaires donne
lieu à un cérémonial
commandé par le chef de
poste ou son adjoint. A
l'issue d'un service de 24 heures, la brigade de garde ne dispose
plus que d'une demi-journée de repos. Cette rigueur provoque un
jour, un mouvement d'humeur de la part du personnel d'une brigade
au grand complet qui, usant du droit de grève alors reconnu et qui
disparaîtra en 1948, s'abstient de se présenter, comme elle devait
le faire, au rassemblement de 13H30.
Mais les
modalités
légales n'ont
pas été
respectées et
chacun des
grévistes écope
de quelques
jours de
consignes, soit
à l'intérieur
du casernement,
soit gardé
dans une
pièce prévue
à cet
effet, sans
préjudice de
la suppression totale, ou partielle, de la prime mensuelle
de 333 francs dont l'attribution est décidée par le Commandant en
fonction du rendement.
La formation du personnel porte essentiellement sur la pratique du
sport, l'armement, le tir, les missions de police et le
secourisme. La
formation
générale n'est
pas négligée.
Par contre,
l'aspect
judiciaire de
la fonction
est presque
totalement inconnu. Le sport est pratiqué de façon intensive et,
dans ce domaine, le Lieutenant KLINGENMEYER a pris très fermement
les choses en main. Il fait aménager un stade, avec piste et
portique, dans l'une des vastes cours de la caserne. Il veille à
ce que l'ardeur des équipes au travail, ne se relâchent pas et si
tel est le cas il n'hésite pas à employer
la méthode
forte. C'est
ainsi qu'on
le verra,
un jour,
poursuivre son
propre fils
dont il
est
manifestement mécontent
et lancer
sur lui,
heureusement
sans l'atteindre,
tout ce
qui lui
tombe sous
la main
: pelles
- pioches
- barres à mine et autres outils.
Au terme
de ce
travail
accompli, comme
on vient
de le
voir, dans
une ambiance
saine et
joyeuse, les
différentes disciplines sportives peuvent être pratiquées
dans de meilleures conditions. Le personnel dispose aussi d'une
salle de sport équipée,
entre autres,
d'un cheval
d'arçon. Lorsque
l'envoi de
cet accessoire
a été
annoncé, le
brigadier du
Service Général a fait préparer une litière, pensant que le cheval
déjà en dotation allait recevoir un compagnon. Bien entendu,
cette bévue
ne passera
pas inaperçue
et suscitera
des commentaires
bien peu
charitables.
Puisque ce brigadier
est sur la sellette, l'occasion ne peut être manquée d'évoquer une
autre de ses mésaventures à laquelle un animal est encore mêlé. Il
s'agit, cette fois, du mouton qui, sans figurer sur les rôles
officiels, appartenait pourtant à la Compagnie et évoluait très
librement à l'intérieur des cours.
D'humeur très fantasque, il fonçait parfois brusquement sur un
rassemblement dont il bousculait, quelques peu, le bel alignement.
Donc ce brigadier
qui soit dit en
passant avait conservé intact
le savoureux
accent de sa corse
natale, venait de percevoir le contingent mensuel de cigarettes et
tabac, destiné à être distribué au personnel. Ici il convient de
noter qu'en ce temps là l'administration avait des attentions qui
paraissent très condamnables; quarante ans plus tard, si l'on se
réfère aux statistiques relatives aux affections dont les fumeurs
sont atteints.
Est-ce son odorat, ou quelque mauvais plaisant qui avait guidé le
mouton vers la chambre du brigadier, situé au 3eme
étage, où était entreposé le stock de tabac?
Personne ne le
saura jamais. Toujours
est-il que
le représentant de la race
ovine,
particulièrement friand
de l'herbe
à Nicot,
en avait
avalé une
bonne partie
avant d'être
surpris et
redescendu vers la terre ferme.
Mais après
cette trop
longue
digression, il
est temps
de revenir
à d'autres
moutons,
c'est-à-dire au
programme d'emploi à la résidence.
Les programmes
sont largement
influencés par
les règlements
militaires
volontiers appliqués
par un
encadrement issu,
pour une
bonne partie,
de l'armée.
Les méthodes
apparaissent
dans de
nombreux,
domaines et
consistent, notamment, dans l'exécution fréquentes de
marches, les séances répétées d'instruction sur l'armement
(entretien des armes, démontage et remontage effectuées parfois
les yeux bandés), la discipline en général, les travaux
d'entretien et d'aménagement du casernement et, bien entendu, la
garde assurée comme cela a été évoqué ci-dessus, de façon très
militarisée. Les
marches se
font par
section, avec
l'armement au
complet et
portant sur
des distances
assez importantes, au minimum une
vingtaine de kilomètres. Au départ
et au retour le chant
est de rigueur (la
marche de l'armée d'Afrique connaît, alors, un grand
succès).
La discipline est rigoureuse et les revues détaillées des
équipements en dotation sont multipliées. Les lits doivent être
faits « au carré » et, pendant un temps, le raffinement sera
poussé jusqu'à cirer le plancher sous le lit dans les limites d'un
rectangle qui représente l'espace dont chacun dispose.
Les travaux
d'entretien et
d'aménagement du
casernement
prennent beaucoup
de temps.
De plus,
chaque matin
revient la rituelle « corvée de pluches » qui donne lieu à des
passes verbales parfois animées.
Il arrive aussi que certaines tâches doivent être exécutées à
l'extérieur. C'est ainsi que des équipes sont envoyées en forêt
pour y
procéder à
des coupes
de bois.
Le charbon
est contingenté
et les
précieux stères,
ainsi obtenus
avec bien
entendu l'accord
des responsables
forestiers,
fournissant un
complément de
combustible
apprécié non seulement
pour le chauffage de la caserne, mais aussi pour celui des
familles bénéficiaires d'une distribution.
Enfin, l'évocation
du service
à la
résidence ne
serait pas
complète s'il
n'était pas
fait mention
de la
participation, systématique, de l'unité aux cérémonies
officielles de toutes natures, organisées sur le plan local et qui
exigent une préparation qui se traduit par d'interminables séances
de « rangs serrés » et de maniement d'armes.
6 - DEPLACEMENTS.
Dès 1945,
2 sections
sont employées
l'une à
Strasbourg,
l'autre à
Kehl en
territoire
allemand. Là
sévit le
Lieutenant COLLIN
qui peut
donner libre
cours à
ces méthodes
expéditives de
commandement
car, à
cette époque,
les statuts
réglementant la
fonction et
précisant les
droits et
devoirs du
policier n'était
pas encore
parus. A
Kehl la mission
première du
détachement
était de
participer au
contrôle des
passages
transfrontières à
hauteur du
pont provisoire,
établi sur
le Rhin.
En plus
de la
Douane prenait
part, également,
à ce
contrôle des
représentants
des armées alliées. Parmi eux, les américains se distinguaient par
une désinvolture surprenante. Affalés sur des fauteuils, disposés
autour d'un brasero, ils assuraient leur service avec une
nonchalance inouïe, en fumant des cigares ou en mâchant un
inusable chewing-gum. Exemple déplorable aux yeux de ceux qui,
chez nous, tentaient de restaurer des pratiques militaires
dépassées.
Cette mission de contrôle transfrontière était compliquée par le
fait que, durant cette période, refluaient d'Allemagne des
ressortissants français qui, d'une façon ou d'une autre, s'étaient
compromis avec l'occupant. Pêle-mêle il y avait là des
collaborateurs acquis
à l'idéologie
nazie :
membres de
la L.V.T,
de la
gestapo,
miliciens, ou
encore de
trafiquants et,
enfin, de femmes souvent prostituées ou qui avaient été la
compagne d'officiers ou de personnages allemands de hauts rang.
Tous faisaient l'objet d'un premier tri à Kork, à une dizaine de
kilomètres à l'Est de Kehl, où était basée une brigade dépendant
du détachement
de Kehl.
Les personnes
étaient ensuite
dirigées sur
Strasbourg, en
un lieu
appelé le
« Wacken ».
De là,
après
présentation à
un magistrat,
elles étaient
transférées dans
leur ville
d'origine où
elles étaient
remises à l'administration pénitentiaire, en attendant d'être
jugées.
Cette situation allait amener la 102 à accomplir les missions
suivantes :
-
Garde des personnes
refoulées à Kork (1 brigade) Contrôle de la frontière au pont de
Kehl (1 section)
-
Garde des personnes
en provenance de Kork et maintenues dans les locaux de Walken,
présentation de ces personnes aux magistrats (1 section)
-
Transfert
par voie
ferrée de
ces personnes
dans toute
la France
(Effectif
variable selon
le nombre
de transférés.
L'un de ces transferts avait fourni à l'un des gardiens, qui
l'assurait, l'occasion de mettre en pratique ses connaissances en
matière de secourisme en procédant, en cours de trajet, à
l'accouchement d'une des femmes convoyées.
Indépendamment de ces premières missions, d'autres déplacements
eurent lieu à Strasbourg, le plus souvent à l'effectif d'une
section. Cantonnés à la caserne Barbade, au siège de la CRS 101,
ces personnels assuraient la sécurité publique en effectuant,
spécialement de nuit, des patrouilles à pied dans le quartier, si
pittoresque, de la Petite France et dans la grande rue où les
incidents se multipliaient en raison du nombre des établissements
« chauds », concentrés là.
Par ailleurs, l'Unité à effectif total, ou partiel, allait être
déplacée également à Sarre à l'occasion du plébiscite organisé
dans cette région qui doit choisir le pays auquel elle souhaite
être rattachée et qui optera pour l'Allemagne. Deux autres
déplacements eurent lieu, l'un à Mulhouse, l'autre à Dijon à
l'occasion d'une course automobile dont J.P WIMILLE, le « PROST »
de l'époque, était la vedette.
Mais de
fin 1945
à début
1948, la
mission à
laquelle va
se consacrer
principalement
la CRS
102, mobilisant
en permanence la
moitié de
la Compagnie,
est la
surveillance de
la frontière
franco-allemande,
au nord
de l'Alsace.
Sur plus de 50 kms, dans une région accidentée et couverte
de forêts, des postes sont mis en place de part et d'autre de
Wissembourg, P.C du dispositif. A l'ouest Lembach dont dépendent
Niedersteinbach et Climbach, à l'est Lauterbourg.
Wissembourg et Lauterbourg sont des points officiels de passage.
Ne doivent y transiter que les personnes munies des documents
nécessaires, ce qui suppose un contrôle permanent assuré par
plusieurs fonctionnaires. En dehors de ces points de passage, la
surveillance des zones intercalaires est réalisée au moyen de
patrouille à pied, composées de 2 gardiens
; les
distances à
parcourir sur
des layons
forestiers sont
ordinairement
d'une vingtaine
de kilomètres,
accomplies de
jour ou
de nuit
et en
toutes saisons.
La consigne
est
d'interpeller et
d'amener au
poste tout
individu tentant de franchir clandestinement la frontière.
Dans la majeure partie des cas, ceux qui tentent le passage sont
des prisonniers
allemands, évadés
des camps
où ils
étaient détenus
ou des
exploitations où
ils étaient
employés. Le
système de surveillance fonctionne assez bien et chaque mois une
quarantaine de fugitifs sont repris.
Il faut dire que le zèle de chacun est stimulé par l'octroi d'une
prime de 1500 francs. Centralisé, le produit de ces primes est
ensuite réparti entre tous les membres de l'unité, qu'ils aient ou
non été déplacés.
En dehors d'un épisode dramatique survenu à Climbach, au cours
duquel un prisonnier allemand est abattu pour n'avoir pas
obtempéré aux sommations, les captures sont généralement assez
faciles. La plupart du temps, elles concernent des ressortissants
de la Wehrmacht,
plutôt fatalistes,
qui n'opposent pas de résistance. Mais lorsqu'il s'agit
de S.S,
le risque est
évidemment plus
grand et
toutes les
précautions
doivent être
prises pour
éviter une
surprise
fâcheuse, notamment
lorsque le
trajet de
retour au
poste est
long de
plusieurs
kilomètres et
qu'il doit
être accompli,
de nuit,
en pleine forêt.
Les arrestations
prennent parfois
une allure
cocasse. Ainsi,
une nuit,
un gardien
qui dormait
tranquillement
dans la chambre qu'il
occupait dans une maison de village, entend frapper à sa fenêtre.
Il ouvre et se trouve en présence d'un prisonnier évadé qui lui
demande le chemin de la frontière. Notre gardien qui parle
allemand couramment, lui propose de le
guider lui-même,
ce que
l'autre accepte
sans méfiance.
Mais quand
le «
guide" sort
de la
maison, il
est en
tenue, pistolet au poing et n'a plus qu'à conduire au poste
le pauvre malheureux.
Une autre fois, en plein jour, un prisonnier se dirige vers la
frontière à terrain découvert. Le malheureux ignore, qu'il s'est
engagé sur
une zone
truffée de
mines (les
services de
déminages sont
à pied
d'œuvre, mais
leur travail
n'est pas
terminé partout).
Des appels
à la
voix et
au sifflet
lui font
dressés les
oreilles, sans
résultats. Pour
mieux attirer
son attention, des coups de feu sont tirés, toujours sans
succès. L'homme continu d'avancer imperturbablement, totalement
inconscient du
danger. Force
est donc
de le
laisser
progresser, le
pire étant
redouté à
chaque seconde.
Finalement intercepté à l'extrémité de la zone
dangereuse qu'il a traversé miraculeusement, il est aussitôt
questionné et c'est alors qu'il
apparaît que,
atteint de
surdité, il
na entendu
ni les
appels ni
les coups
de feu.
Informé de
l'exploit qu'il
vient de
réaliser, il ne mesure qu'après coup le danger auquel il vient
d'échapper.
Il n'est plus tout jeune et n'aspire qu'à revoir sa femme et ses
enfants dont il montrera les photos à plusieurs reprises. Il
restera au poste
au-delà du temps réglementaire et s'il n'avait tenu qu'à lui, il
serait bien resté plus longtemps encore avec ses « geôliers ».
Se rattachant à la même mission, une autre anecdote mérite d'être
rapportée. A Climbach il existe des présomptions sur l'existence
d'un itinéraire conduisant à la frontière, jalonné de maisons
hospitalières où les fugitifs trouvent le gîte et le couvert.
Pour vérifier
le bien fondé des renseignements recueillis,
trois gardiens
du poste connaissant
l'allemand sont transformés, pour une nuit, en prisonniers évadés.
Vêtus de façon appropriée, pas rasés depuis quelques jours, ils
sont tout à fait dans la peau de leur personnage et se mettent en
route lorsque la nuit est suffisamment avancée. Cependant, avant
de partir, ils choisissent de bien se restaurer dans l'incertitude
du sort qui leur sera réservé. C'était là, l'erreur qu'il ne
fallait pas commettre et qu'ils regretteront amèrement. En effet
l'accueil qu'il reçoive dans les maisons suspectes est tel
qu'ils se
voient
contraints d'ingurgiter
un deuxième,
puis un
troisième repas
et reviendrons,
dans la
nuit, l'estomac
lourd aux
prises avec
une digestion
difficile. Leur
expédition se
révélera payante
car, pour
quelques temps,
la surveillance accrue des habitations repérées permettra
de réaliser un nombre appréciable de prises.
La vie dans ses petits postes est appréciée car la discipline y
est moins rigoureuse qu'à Haguenau. De bons rapports s'établissent
avec la population et l'intégration s'opère d'autant mieux que
le couchage
est prévu
chez l'habitant,
sauf à Wissembourg où le personnel dispose de
chambres dans
les hôtels
de la
ville. Chacun
y trouve
son compte,
les uns recevant
de
l'administration une
indemnité
suffisamment
attrayante, les
autres
bénéficiant d'un
confort et
de petites
attentions qu'ils
n'auraient pas
connues
autrement. Les
cantonnements
sont très
dissemblables :
caserne à
Wissembourg, hôtel
désaffecté à
Lauterbourg,
baraquements dans
les autres
postes. En
plus du
service, chacun
participe aux tâches
quotidiennes : propreté du cantonnement
-préparation des repas
- approvisionnement en bois de chauffage.
Le cuisinier ou la cuisinière (il s'agit parfois d'une femme de
service) voit ainsi sa tâche allégée et dispose de temps pour
préparer des plats plus élaborés. Souvent les prisonniers, en
transit, sont « invités » à apporter leur contribution à ces
travaux et ils s'exécutent, sans rechigner, car le menu est le
même pour eux.
Les conditions d'existence, quasi familiales, contribuent
largement à développer un esprit de franche camaraderie. Les
frictions enregistrées précédemment entre les diverses composantes
de l'Unité, s'atténuent et disparaissent du fait que les unes et
les autres se
connaissent mieux. Ceux de
« l'Intérieur »
découvrent par
exemple que tel gardien
d'origine alsacienne a
d'abord fait son service militaire dans
l'armée française,
puis la
guerre survient
et il est enrôlé, de
force, dans la Wehrmacht, combattant sur le front russe, il est
fait prisonnier par l'armée soviétique, transféré
à travers tout le territoire
de l'URSS
jusqu'à Bakou,
il est
ensuite remis
à une
unité
britannique et
terminera la
guerre en
reprenant l'uniforme français, celui du début de son épopée
militaire, et en servant dans l'armée du Général JUIN
.
Le déplacement de Longw
y
Cette mission
de surveillance
de la
frontière, à
laquelle la
CRS 102
se consacrait
presque
exclusivement depuis
sa création,
allait se
trouver
brusquement interrompue
par les
mouvements de
grève, de
grande ampleur
qui, fin
1947 paralysent
les houillères,
les transports
ferroviaires et
le secteur
de la
métallurgie. Non
sans regrets,
il faudra
abandonner les petits postes où l'existence ne manquait pas
d'attraits, malgré l'important volume des heures de service à
assurer.
C'est à
Longwy où
les
métallurgistes occupent
leur usine
de la
Chiers, que
l'unité est
appelée. C'est
sa première
intervention en maintien de l'ordre à effectif complet. Elle n'est
ni préparée, ni équipée pour une mission de cette nature.
C'est ainsi que, pour ne parler que
de l'acheminement, certains véhicules mettront près de 24
heures pour couvrir les 300 kms
du trajet,
tant les pannes
sont nombreuses
et la circulation
difficile sur des
routes enneigées ou
verglacées.
Inutile de
préciser dans
quel pitoyable
état se
trouvent les
malheureux
passagers lorsque,
complètement
transis, ils descendent
de leurs camionnettes ouvertes à tous les vents.
Sitôt libérée
des ouvriers
qui
l'occupaient, l'usine
est investie
par la
compagnie qui
s'y installe,
en contrôle
les accès,
assure la
surveillance
intérieure aux
points
sensibles. Tous
les travailleurs
n'ont pas
cessé le
travail, les
activités essentielles sont maintenues et les
convertisseurs Bessemer crachent leurs gerbes d'étincelles, ce qui
est particulièrement spectaculaire la nuit.
L'installation
matérielle est
sommaire. Gradés
et gardiens
sont entassés
dans une
salle de
spectacles
située dans l'enceinte
de l'usine. Faute de matelas, le lit picot est garni de journaux
et les trois couvertures sont bien légères dans un local non
chauffé, les repas préparés à la roulante à bois, sont pris dans
les pires conditions puisqu'il n'y a ni tables, ni tabourets et
que chacun ne dispose que de couvert individuel. A la B.H.R. les
services tels que l'ordinaire, le garage, le foyer
bar, sont
confrontés à
d'énormes
difficultés dues
au manque
d'équipement et
aggravées par
le froid.
Il en
sera ainsi pendant les longues semaines que durera le
déplacement. Dans la journée des barrages sont mis en place chaque
fois que des défilés sont organisés par les grévistes. Souvent il
en résulte des face à face prolongés au cours desquels pleuvent
invectives et projectiles et qui dégénèrent, parfois, en
affrontements directs. Il arrive, ainsi, que des barrages
cèdent, tel
celui tenu
par le
Lieutenant
MARCHAND vers
lequel les
manifestants
avancent résolument.
Très courageusement
l'officier se
place en
avant, bras
et jambes
écartés, il
tente une
ultime manœuvre
d'intimidation
en criant «vous ne passerez pas ». A l'instant même, il est
bousculé, le barrage est disloqué et les grévistes déferlent. Il
n'y a pas de blessés, mais l'incident met en évidence
l'insuffisance des moyens adaptés. A moins de recourir à l'emploi
des armes, ce qui est heureusement exclu, le responsable du
dispositif est réduit à l'impuissance, submergé par le nombre.
Dans des
situations
analogues, la
police
parisienne n'est
pas aussi
démunie, la
pèlerine
convenablement pliée
et le bâton
blanc, qui ne sert pas qu'à régler la circulation, sont souvent
suffisamment dissuasifs.
Durant la même période, mais en d'autres lieux, l'inadaptation des
CRS aura des conséquences dramatiques. C'est ainsi qu'à Saint
Etienne les blessés graves se compteront par dizaine parmi les
policiers.
Pourtant, ces
journées
éprouvantes ne
sont pas
exemptes
d'intermèdes plus
souriants. C'est
ainsi qu'un
soir trois
ou quatre gardiens se trouvent entraînés en Belgique, à
bord d'une immense et luxueuse Cadillac, par un Procureur Royal,
son épouse
et des
amis. Ils
sont amenés
dans un
restaurant de
premier ordre
où ils
sont traités,
par leurs
hôtes, de façon
exceptionnelle.
Ils sont
en tenue
et l'ambiance
dans la
salle est
telle qu'à
un moment
donné tous
les convives
présents se
lèvent et,
en leur
honneur,
entonnent la
Marseillaise.
Ils répondent
par la
Brabançonne,
heureusement soutenus
par toute
l'assistance
car, s'ils
connaissent bien
l'air, ils
butent un
peu sur
les paroles.
L'émotion est
à son comble
et cet
épisode illustre
bien avec
quelle
spontanéité chacun
s'extériorisait
en cette
période
d'immédiat après
guerre. Dans la nuit, les protagonistes de cette sortie sont
ramenés au cantonnement où, par chance, le service n'a pas été
modifié.
Les épisodes malheureu
x
Plus simple, mais à coup sur moins objectif, aurait été de passer
sous silence les événements qui, de 1945 à 1948 ont, plus ou moins
gravement compromis le bon renom de l'unité. Les événements ont eu
lieu, il n'est pas agréable de les rappeler, mais vouloir les
escamoter serait donner à cette tranche d'existence, de la CRS
102, un éclairage complaisant.
C'est dès 1945 que survient une première affaire disciplinaire.
Elle met en cause une demi-douzaine de gardiens qui ont commis
des fautes
graves lors
de
l'accomplissement de
leur service
au Wacken
à Strasbourg.
Dans les
jours qui
suivent, leur
sort est
réglé dans
les formes
qui peuvent
surprendre à
présent. Devant
la Compagnie
rassemblée tout
entière dans la cour principale, ces gardiens sont appelés un par
un. Les faits qui leur sont reprochés sont énoncés et la sanction
tombe : mise à fin de stage immédiate.
La seconde
affaire aura
un tout
autre
retentissement
puisqu'elle aura
des
prolongements
judiciaires. Pour
un motif
passionnel, une querelle éclate entre un brigadier et un sous
brigadier. Après une altercation violente qui a pour cadre le café
LACROIX et
dont quelques
fonctionnaires
de l'unité,
présent à
ce moment
là, seront
témoins, les
deux hommes
sortent du café. Le sous brigadier qui est armé, poursuit le
brigadier dans la rue de la Redoute et tire sur lui avec son
pistolet, le touchant mortellement. Par la suite les témoins du
drame auront la pénible obligation de venir déposer à la barre,
lorsque le sous brigadier sera jugé en assises. Compte tenu de la
nature de cette affaire, le sous brigadier sera condamné à une
peine de quelques années d'emprisonnement, et bien entendu il a
été révoqué.
Bien dramatique
et plutôt
burlesque, sera
la mésaventure
du sous
brigadier D,
alors gérant
du mess,
que le
Commandant soupçonne de malversations. Après une course poursuite
qui se déroule de nuit dans le casernement, le sous brigadier est
« appréhendé » par le Commandant qui le fait enfermer dans la
pièce dite « salle de consigne » sous la surveillance de la
brigade de garde. Au bout d'un jour ou deux, le sous brigadier D
commence à s'ennuyer et trouve le moyen de sortir momentanément de
sa fâcheuse position en
demandant « ce jour là
est un dimanche
» l'autorisation d'entendre
la messe,
sauvegardant
ainsi le
salut de
son être
au nom
du respect
des convictions
religieuses,
cette autorisation lui est accordée, mais il doit se rendre à
l'église escorté par deux gardiens du poste. En quel endroit le
trio s'est il rendu pour sanctifié le seigneur? Probablement pas
seulement à l'église, à en juger par l'état où se trouvent le
prisonnier et ses deux geôliers lorsqu'ils regagnent le
casernement, deux ou trois heures plus tard. Chacun d'entre eux
aura besoin d'un jour de repos pour se remettre de cette équipée
mémorable.
Naturellement, seules ont été rappelées les affaires les plus
marquantes, aux quelles il convient d'ajouter celle qui a déjà été
évoquée, par ailleurs, concernant les graves irrégularités
relevées lors du contrôle, du stock de carburant, effectué au
début de 1948
.
Hors servic
e
Pour mieux connaître l'état d'esprit qui régnait à la CRS 102
durant les trois premières années de son existence, il n'est pas
sans intérêt d'évoquer, aussi, la manière dont était vécu le temps
libre, laquelle se différenciait très sensiblement de ce qui peut
être observé, aujourd'hui, dans ce domaine.
Cette différence s'explique essentiellement par le fait que la
moyenne d'âge, du personnel, était exceptionnellement peu élevée,
d'où un nombre important de célibataires et, par conséquent, des
comportements propres à cette condition. A leur groupe viennent se
joindre quelques mariés qui, pour diverses raisons, sont séparés
de leurs épouses. C'est-à-dire que bien peu nombreux sont ceux
qui, ayant un foyer, mènent une vie plus calme et rangée.
Pour le plus grand nombre, c'est le casernement qui est le point
d'attache. Presque tous ceux qui sont hors service s'y retrouvent
au moment des repas, au foyer bar et au mess. Certains n'ont pas
quitté l'uniforme car aussi surprenant que cela puisse paraître 40
ans plus tard, porter la tenue en dehors du service est une
pratique assez répandue. C'est un moyen de pallier les difficultés
qu'il faut surmonter pour se procurer un vêtement, encore
introuvable dans les magasins, même avec des points textiles. Pour
être habillé correctement reste la possibilité de s'adresse au
tailleur, mais à des prix exorbitants. C'est ce qui explique que
quelques uns de ceux qui se marieront, à cette époque, le feront
en uniforme, ce qui semble tout naturel.
Moins compréhensible
est l'habitude
prise par
quelques uns
de sortir,
non seulement
en tenue,
mais aussi
avec le
pistolet, ce qui entraine parfois des conséquences fâcheuses. Le
père MOUILLERON qui tient l'estaminet face à l'entrée du
casernement verra souvent derrière son comptoir, des scènes dignes
de figurer dans les meilleurs westerns et dont les protagonistes
ne sont pas nécessairement des stagiaires.
Sauf, lorsque
l'emploi du
temps revêtait
un caractère
vraiment
exceptionnel, le
casernement
était donc
quasiment incontournable les jours de repos. En dehors des
moments passés au mess et au foyer bar, les plus paisibles
pouvaient y trouver quelques distractions. Ils avaient notamment
la possibilité de pratiquer le pingpong dans une pièce réservée à
cet effet où était installée une table un peu gondolée. Il était
convenu que le prix d'achat de cette table serait amorti au moyen
d'une quote-part versée par chacun des joueurs. L'affaire était
correctement administrée quoiqu'en aient dit, sur le moment,
certains esprits particulièrement soupçonneux.
Il existait aussi une bibliothèque que des fonds, issus du foyer
bar, permettait de constituer progressivement. Parmi les ouvrages
qui y figuraient se trouvait le premier prix Concourt de l'après
guerre : « mon village à l'heure allemande » dont l'auteur J L
BORY, professeur à Haguenau, louait une chambre dans une villa où
deux gardiens de la 102, avaient eux-mêmes élus domicile. Cette
cohabitation suscitait les plus vives inquiétudes car
l'incertitude régnait quant à la nature des mœurs de l'écrivain.
Il y
avait aussi
« cloche
merle »
de Gabriel
CHEVALIER, qui
d'une façon
inattendue,
allait marquer
la vie
de la compagnie
car nombres
de gradés
et gardiens
portèrent
longtemps les
noms des
personnages de
ce roman.
Ils en avaient
été affublés
par un
brigadier dont
la marotte
était
d'appliquer un
surnom à
ses collègues,
spécialité où
il excellerait
plus encore
par la
suite, étant
affecté au
service général
où la
mise à
jour du
fichier d'alerte
était assez
surprenante.
Autre passe
temps et
non des
moindres :
les cartes.
Malheureusement
ce n'était
pas l'innocente
belote qui
était pratiquée, ni le tarot pas très répandu à cette
époque, mais des jeux autrement plus répréhensibles, tel le 21 et,
surtout, le poker où certains perdront en quelques heures le
traitement du mois.
Mais ces distractions, de bon aloi ou très discutables,
n'accaparent pas tout le temps libre consacré pour l'essentiel aux
sorties, soit à HAGUENAU, soit à Strasbourg où il faut se rendre
par le train. En effet personne, ou presque, ne dispose d'un
véhicule personnel.
Presque, car
il
y a
quand même
quelques
débrouillards qui
possèdent une
moto, acquise
Outre Rhin
pour quelques
milliers de marks que le change malheureusement inversé depuis,
permettait d'obtenir à des conditions inespérées. La difficulté
est de dénicher, dans la campagne allemande, la machine
soigneusement dissimulée durant toute la guerre au fond de quelque
remise et que
les sommes proposées en échange énormes mais vite
dévalorisées font sortir de
leur cachette.
Les sorties
sont coûteuses,
mais le
taux d'inflation
est si
vertigineux que
même les
plus sages
hésitent à
tenter d'épargner,
ne serait-ce
qu'une fraction
de leur
revenu mensuel,
très confortable
pour l'époque.
Aux 5000
francs de
traitement que perçoit le gardien de début de carrière, viennent
s'ajouter les primes : d'alsace-lorraine, à peu près 2000 francs
, de
rendement, 333
francs ,
de capture
des prisonniers
allemands.
Enfin, venant
grossir le
total, les
frais de
déplacement dont le rythme moyen est déjà de 6 mois sur 12. Toutes
ces sommes sont versées en numéraire par les soins du secrétariat
qui a en charge l'établissement mensuel des états de paiement, y
compris ceux du traitement. Avec les moyens dont il dispose c'est
une véritable performance que réalise, chaque mois, le jeune sous
brigadier comptable investi
de cette
tâche et
qui parviendra,
plus tard,
à l'un
des grades
les plus
élevés de
la hiérarchie.
Est-il besoin
d'ajouter que la conséquence immédiate de ce système de paiement
est une flambée des dépenses.
A quoi sont consacrées les sorties ? Il serait tout à fait exagéré
de dire qu'elles avaient pour objet la visite des musées et autres
monuments historiques. Elles visaient plutôt les cafés,
restaurants, cinémas et dancing où chacun, avec la paix retrouvée,
pouvait sans contrainte et avec beaucoup d'inconscience, donner
libre cours à sa fantaisie.
A Haguenau, l'un des restaurants les plus fréquentés était celui
de « l'homme sauvage » où l'accueil était chaleureux, la table
excellente et
les serveuses
accortes. A
Strasbourg le
Rohan est
réputé pour
ses choucroutes
pantagruéliques, mais
il y
a le
Piton et,
dans les
grandes
occasions, le
Kammerzell. Coté
spectacle ce
sont les
salles obscures
qui l'emportent.
Un film
qui a
pour titre
« les
enfants du
paradis »
est projeté
rue du
22 novembre.
Il est
éblouissant et
deviendra un grand classique du cinéma français.
Revenons à Haguenau où les organisateurs de bals associatifs sont
heureux de compter parmi les habitués les hôtes de la rue de la
Redoute, que ce soit à « la Ville de Paris » ou salle de la
Douane, les soirées sont endiablées.
Toutes ces distractions constituaient donc des moyens assez
efficaces pour se débarrasser très vite d'une monnaie qui se
dépréciait de
jour en
jour et
qu'il aurait
été de
la dernière
imprudence de
vouloir
épargner. A
ceux qui,
malgré de
louables efforts, auraient eu des difficultés à résorber un
excédent encombrant, s'offrait un dernier recours. En ces temps
lointains, les jeunes femmes vivaient encore dans un état
d'asservissement auquel elles ne pourront s'arracher que bien plus
tard, grâce notamment au M.L.F. Elles étaient donc contraintes
- ce qui est inconcevable à présent
- de laisser à leur
chevalier
servant l'égoïste
plaisir de
supporter seul
les frais
de restaurant,
spectacle et
hôtel lorsque
l'aventure prenait une tournure définitives.
Ainsi donc était occupé le temps libre, d'autant plus intensément
vécu qu'il était beaucoup plus limité qu'à présent et qu'il
faisait suite à des périodes de service souvent pénibles et
contraignants.
Les causes du dépar
t
Pour mieux comprendre le processus au terme duquel sera prononcé
le transfert de la CRS 102 d'Haguenau au
Mans, il convient
d'analyser sommairement la situation politique du
pays au moment où le
Commandant
BARLESI prend le
commandement de l'Unité
.
Le P.C. puissamment relayé par la C.G.T.
recueille les dividendes de sa participation à la Résistance. Son
influence es
t telle que le Gal de GAULLE doit faire entrer des ministres
communistes dans le gouvernement provisoire qu'il constitu
e au lendemain de la libération. Le plus en vue d'entre eux est
Maurice THOREZ, vice-président du conseil. L'idéologie
de
gauche,
recueille donc
une large
audience dans
le pays
et, très
vite, apparaît
que le
nouveau
commandant la
partage totalement
.
Des réunions
en salle,
de l'ensemble
du personnel,
sont organisées
au cours
desquelles les
doctrines, dont
l
e commandant s'inspire, sont développées. Dans la salle des
maximes sont affichées, rappelant notamment que la poli
ce est au service du
peuple. Cette
action psychologique suscite de
nombreuses
adhésions au P.C.
et un ralliement à la
C.G.T quasi unanime.
Cette situation se maintient jusqu'à l'arrivée à la présidence du
conseil de Paul RAMADIER qui
ne tardera pas à se
séparer des ministres communistes. Commence alors dans la Fonction
Publique une campagne
tendant à réduire
l'influence de la gauche, sous quelque forme qu'elle s'exerce.
C'est dans ce nouveau contexte que la
CRS est soumise à un
rigoureux contrôle qui fait apparaître une tromperie sur les
quantités d'essence présentées au
contrôle. Il n'en faudra
pas plus pour provoquer le départ du commandant BARLESI
.
Dans le
même temps,
au Mans,
des incidents
graves se
sont produits
à l'occasion
de
manifestations de
rues. Les
grilles de
la Préfecture
ont été
enfoncées et
les locaux
administratifs
envahis et
saccagés. Les
incidents
mettent en
relief
l'insuffisance
des effectifs
de police
sur le
plan local
compte tenu,
entre autres,
de
l'implantation des
usines
RENAULT où l'agitation est
chronique
.
Le conseil général de la Sarthe ayant mis à la disposition
du Ministère de
l'Intérieur la partie de l'asile départemental
donnant rue de Bellevue
aux Maillets, le transfert de la CRS 102, d'Haguenau au Mans est
ordonné. Le transfert à lieu
en mars 1948. Il exige un
énorme travail pour lequel tout le personnel est mobilisé. La
totalité des biens mobiliers de
l'unité
est embarquée
à bord
d'un train
spécial et
acheminée vers
la nouvelle
résidence.
Quelques jours
plutôt, ce
convoi spécial a été
précédé par un détachement précurseur commandé par l'officier de
paix GERARD
.
Peu avant le départ, les fonctionnaires mariés ont été invités à
exprimés leurs souhaits en matière de logement et, fort
inconsidérément, se sont
vu promettre 2-3-4 pièces, selon les desideratas formulés.
Quelques mutations à l'intérieur d
e la région sont accordées, mais en fin de compte une centaine
d'alsaciens, heureusement célibataires pour le plus grand
nombre, vont se trouver
éloignés de leur province de plus de 700 kms.
Pour pénible
qu'il soit,
le trajet
par train
n'est pas
exempt de
situation
cocasses. C'est
ainsi que
2 mécanos
ont cru
pouvoir
voyager
confortablement en
s'installant,
plus ou
moins
clandestinement, dans
un camion
bâché où
ils ont
aménagé leur couchage et
qui n'a pas été choisi au hasard, puisqu'il renferme le stock du
foyer bar. Ils ne goûteront
guère
le repos
escompté car
la bâche
du véhicule
qui n'a
pas été
correctement
passé au
gabarit, frôle
la voûte
de
s tunnels jalonnant le parcours et menace, à chaque fois, d'être
arrachée. Nos deux resquilleurs arriveront tout de même
à bon port après avoir
connu d'intenses émotion
s.
L'arrivée, au Mans, ne passe pas inaperçue. Il est en effet
nécessaire de traverser la ville pour transporter le matériel
, de la gare aux Maillets, en imposant aux véhicules et à leurs
équipages une noria incessante. L'opération se déroule
sous la houlette du
Commandant LECOINTRE qui prend l'unité en charge
.
Casernement dans l'ancienne Abbaye Saint-Vincent au 1 rue de Bellevue
Les locaux
et la
cour du
nouveau
casernement sont
terriblement
exigus et
cela pose
d'énormes
problèmes qui
ne
seront
résolus, que
plus tard,
grâce à
des travaux
de cloisonnement
qui seront
entrepris,
essentiellement, dans
le
s étages et,
grâce aussi,
à la
construction
dans la
cour d'un
baraquement
destiné à
abriter
l'atelier autos.
Les
fonctionnaires
mariés, revenus
des illusions
qui avaient
été imprudemment
entretenues à
leur égard
en matière
de
logement, doivent se
débrouillés par leurs propres moyens et se verront contraints de
s'installer à 10, 15 voire 20 kms
dans
la campagne
environnante,
car il
n'existe en
ville aucune
possibilité. Il
faut se
souvenir que
l'unique moyen
de
déplacement à l'époque est
la bicyclette, moyen personnel s'entend, et il est facile de se
rendre compte, par la même,
que l'entrainement sportif
ne se faisait pas exclusivement pendant les heures de service
.
Tant bien que mal, la compagnie devient rapidement opérationnelle
et commence alors, pour elle, la partie mancelle de
son existence. Mais il
s'agit d'une autre histoire qui, un jour peut-être, sera à son
tour racontée.
L'EPOPEE ALGERIENNE DE LA C.R.S. 102
Les Officiers nommés en 1945 :
OP-2 Lipp François et Klingenmeyer Louis
*********
OP-2 Tonnot Camille en septembre 1946
OP-1 Gérard Lucien en avril 1947
Liste des commandants de compagnie :
Du 20/03/1948 au 30/11/1951 | CDT LECOINTRE Roger |
Du 01/12/1951 au 15/10/1958 | CDT LEGUYADER Roger |
Du 16/10/1958 au 30/06/1963 | CDT LAPLACE Jean-Baptiste |
Du 01/07/1963 au 30/12/1965 | CDT MARCOMBE Jean |